Chapitre XII : Trahis par le ciel

540 44 7
                                    


Chapitre XII : Trahis par le ciel

Néron me détaille de la tête aux pieds. Je le laisse faire en silence, concentrant plutôt mon attention sur ses deux acolytes qui me toisent également. S'il y a attaque, elle viendra sans aucun doute d'eux. Je fais jouer mes doigts sur le manche de mon arme et l'un des pacificateurs se tend. Je retiens un rire méprisant. Eh oui, je ne serai pas si facile à tuer. Un grognement pensif me ramène à Crane. Je suis surprise par le sourire satisfait qu'il arbore.

- Tu as changé Blanche, ta nouvelle liberté t'aurait-elle rendu moins fragile ? Demande-t-il d'un ton narquois.

Je sais à quoi sa question fait référence. Il a probablement remarqué l'absence d'explosif autour de ma jambe, et le fait que je ne sois pas blessée est un sous-entendu suffisamment fort pour en déduire que mes mains sont tachées de sang. Il se doute que j'ai tué. Mais je ne le laisserai pas me déstabiliser.

- Toi aussi tu as changé, tu es mal coiffé, je lui réponds avec dédain en désignant du menton ses fins cheveux noirs que les dernières traces de gel ne retiennent plus que partiellement. Ça doit être dur à vivre non ?

Ma réplique cinglante le fait grimacer. Le jeune homme a trop d'ego pour supporter l'injure d'être désigné comme superficiel.

- Ne sois pas si désagréable, je ne fais que constater l'évidence. Et puis, tu n'es pas vraiment en mesure de faire ta maligne.

Sa menace à peine voilée fait monter d'un cran la tension qui règne dans le couloir exiguë. Je fronce les sourcils et prends une posture de défense, prête à encaisser le moindre assaut.

- C'est une menace Néron ? De la part d'un type qui est obligé de s'entourer de deux gros bras, ça sonne un tantinet grotesque. Que vas-tu faire ? Envoyer tes deux molosses sans cervelle me tuer vu que tu es trop faible pour le faire toi-même ? Je crache venimeuse.

Je sais que mes provocations ne m'aideront pas à m'en sortir mais je suis loin de le vouloir. Tout ce que je souhaite, c'est que cet immonde jeu s'arrête le plus vite possible. Mais tant qu'à faire, j'emmènerai le plus de monde avec moi et cette ordure de Néron semble tout indiqué. Seulement, ce n'est pas lui qui réagit le plus vite. L'ex-pacificateur à sa droite bondit et en deux enjambés m'atteint. Sa vitesse me prend de court et j'ai à peine le temps de placer mes bras devant moi pour éviter un coup dans le plexus. La violence de l'impact me projette contre la porte qui s'est refermée derrière moi et me coupe le souffle. Malgré tout, je n'ai pas lâché mon arme, son contact me permet de garder pied et de me concentrer sur ma respiration tout en fixant le jeune homme qui s'apprête déjà à surenchérir. Je me recule au dernier moment et son poing vient se fracasser contre le bois dur, lui arrachant un cri de douleur. J'en profite pour me décaler et lui assener un coup de coude dans les côtes faute d'avoir la place pour manœuvrer correctement le tisonnier. Mais le combattant est bien trop entraîné pour se laisser avoir aussi facilement et il me bloque le bras d'une main ferme. Incapable de me dégager de sa poigne, la peur pointe le bout de son nez quand je vois son bras libre se lever à nouveau la main fermée pointée vers mon visage.

- STOP ! Crie Néron en se saisissant du bras du Pacificateur. Il me regarde un instant avant d'ajouter :

- J'ai d'autres projets pour elle.

Mon assaillant le regarde surpris mais hausse les épaules d'un air dédaigneux avant de me relâcher.

- Je ne vois pas bien à quoi elle pourrait servir, marmonne-t-il en retournant près de son acolyte resté les bras croisés dans l'ombre du couloir.

Néron ne répond pas et se contente de me faire signe de le rejoindre dans la pièce éclairée. Je suis surprise par ce brusque changement de situation et reste à ma place, méfiante. J'ai du mal à saisir ses intentions et mon avis converge vers celui du pacificateur. Pourquoi Néron voudrait-il m'épargner ? Certainement pas par affection ou par pitié, il n'en a aucune. Il doit avoir un plan. Un plan bien pervers, bien à lui, un dont je fais partie.

Les Enfants du CapitoleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant