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J'ai mangé à peine quelques nouilles, et Chifuyu a fini toute la boite pendant que je m'endormais

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J'ai mangé à peine quelques nouilles, et Chifuyu a fini toute la boite pendant que je m'endormais. Ce n'est pas un moitié-moitié très équitable. Un poids sur mes jambes m'empêche de la bouger. J'ouvre les yeux doucement en voyant une tête brune endormie sur celles-ci. Ses cheveux sont presque noirs désormais. Il a l'air apaisé sans pour autant se forcer à avoir une expression rassurante.

La sonnette le réveille et je fais immédiatement semblant de dormir pour éviter de croiser son regard. J'ai honte de moi-même, si je n'ai aucune idée de comment j'en suis arrivé là, c'est que ce n'était pas vraiment moi qui avais le contrôle. J'aimerais comprendre ce qu'il s'est passé, j'ai l'impression que ces treize dernières années n'étaient qu'un rêve.

J'attends que Chifuyu ferme la porte de la chambre derrière lui. J'ouvre à nouveau les yeux, essayant de m'habituer à la lumière pour ne pas avoir l'air trop endormi lorsqu'il reviendra. Je me redresse avec difficulté. Je comprends pourquoi j'ai arrêté de bouger ces derniers temps. Je suis pris d'une quinte de toux. J'ai l'impression d'étouffer. Le moment est adéquat pour que Chifuyu arrive, suivit de la personne qui venait d'entrer dans l'appartement. Une sorte de médecin, il me dit quelque chose.

— Baji c'est vraiment toi ?

Il semble troublé. Je pense l'avoir déjà vu. Sûrement un ancien membre du Toman, je ne sais plus. Chifuyu le réprimande du regard et il reprend un air sérieux. J'avais cru entendre le brun prononcer le nom Takuya.

— Tu sais, t'es pas ma mère Chifuyu.

Je souris doucement, il ne peut s'empêcher de faire pareil. Je mentirais en disant qu'il ne m'a pas manqué, mais ça je ne lui dirais pas.

— Peut-être bien, mais tu n'arrives à rien sans moi.

Je soupire, le médecin-ancien-membre-du-toman s'approche pour m'ausculter.

— Tu... vous avez mal où et de quelle façon ? Avec la toux que vous avez, je soupçonne une bonne bronchite.

— Je ne sais pas, partout. Je suis juste fatigué.

Il lance un regard interrogateur à Chifuyu, comme s'il allait lui répondre à ma place. Je ne suis pas faible, j'ai survécu jusque-là, je vais m'en remettre. Je ne suis pas pour autant en position de laisser parler mon égo, mais je ne vais pas crever. Enfin plus maintenant.

— J'ai besoin de rien.

Le médecin de fortune est mal à l'aise. Chifuyu me lance un regard noir et se place devant la porte.

— Il ne partira pas tant que tu ne lui auras pas dit ce qui ne va pas. À moins que tu arrives à le virer de force.

C'est un coup bas. Je devrais me laisser faire et être redevable. Ça fait des semaines que je vis au fond d'une forêt et en moins de vingt-quatre heures, je commence déjà à être chiant. J'ai l'impression que rien de tout ça n'est réel. Que ce n'est qu'un rêve ou que je suis mort. Alors qu'importe. Je soupire.

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