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Je n'arrive pas à me regarder

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Je n'arrive pas à me regarder. C'est plus fort que moi. J'ai peur de ce que mon reflet pourrait me dire.

En me réveillant ce matin, j'ai voulu attacher mes cheveux par réflexe. Je n'ai jamais eu les cheveux court alors j'ai peur de ce que ça pourrait donner. Je crains de voir mon visage amaigri ou des cernes indélébiles. Je crains de voir ma peau usée par les années passées. Je crains d'être un adulte. Un vrai. Je devais rester un enfant pour l'éternité.

En voyant ma tête dépitée, Chifuyu m'a proposé de m'acheter une perruque. J'ai bien évidemment refusé. Je ne suis peut-être plus un adolescent, mais je reste trop jeune pour ce genre d'artifice. Puis, il m'a proposé un truc. S'il trouve une perruque noire il se déteindra les cheveux pour qu'on ait la même tête qu'au collège.

L'idée m'avait plu et je n'ai pas pu refuser. Il était parti en trombe de l'appartement avant que je ne change d'avis, me faisant promettre de l'appeler en cas de problème. Il peut revenir dans une heure ou d'une minute à l'autre. Et moi, je suis assis devant ce foutu miroir, les yeux clos comme un enfant qui craint de se retrouver nez à nez avec un monstre. Ils doivent se dire : si je ne le vois pas, c'est comme s'il n'existait pas. Je crois qu'au fond, je pense la même chose.

Tant que je ne me vois pas, je reste le Baji que j'étais la dernière fois que je me suis vu dans une glace.

Le claquement de la porte d'entrée me fait sursauter. J'ouvre les yeux par réflexe. Quel con, j'ai tout gâché. Je ne peux plus bouger. Je ne saurai décrire ce que je vois. J'ai l'air d'un vieux con épuisé. Les cheveux courts ne me vont pas. Heureusement que mes canines sont toujours là. Je reconnais certains traits familiers, mais certaines choses semblent nouvelles, notamment quelques cicatrices. Ce n'est pas si terrible finalement.

Le brun ouvre la porte de la salle de bain triomphant. Il ne fit pas de remarque sur ma contemplation, mais me jeta la perruque au visage. J'avais terriblement envie de l'essayer, mais je n'en fis rien.

— Je ne porterai pas ce truc tant que tu as les cheveux noirs.

Il regarde rapidement l'heure sur son téléphone.

— Alors, ils seront blonds avant que l'on quitte cet appartement.

J'étais inquiet à l'idée de sortir à Tokyo. La ville a dû changer. J'étais trop dans les vapes en arrivant pour la voir. Mais j'allais voir Kazutora et avoir les réponses à mes questions. Certes, il ne pourra sûrement pas me dire en détail ce qu'il s'est passé ces treize dernières années, mais je crois que je peux oublier ce passage. Il m'importait peu. Tout ce qui compte à mes yeux sont le Toman et ses membres. Enfin, ses anciens membres.

Chifuyu me fabriqua un siège de fortune à côté de lui et ouvrit grand la fenêtre pour faire sa décoloration.

— Je te préviens, ça pue les produits chimiques.

Je ne réponds pas, le laissant faire. C'était plutôt amusant de le voir concentrer à étaler le produit sur son crâne. La couleur lavande s'estompait au contact de ses cheveux sombres. Il s'appliquait, me demandant parfois s'il en avait suffisamment à un endroit. Il vaut mieux éviter de se retrouver avec des mèches de toutes les couleurs.

𝐔𝐍𝐃𝐄𝐀𝐃Où les histoires vivent. Découvrez maintenant