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Depuis que j'arrive à tenir en faisant juste une sieste de deux heures chaque jour, Chifuyu en a conclu que j'étais apte à faire une activité des plus déplaisantes

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Depuis que j'arrive à tenir en faisant juste une sieste de deux heures chaque jour, Chifuyu en a conclu que j'étais apte à faire une activité des plus déplaisantes. Des papiers, de l'administratif, bref un bordel sans nom. J'en ai déjà marre.

On marche silencieusement dans les rues de Tokyo, il n'y a même pas besoin de parler, la ville fait suffisamment de bruit pour oublier que nous n'avions pas prononcé un mot depuis l'instant où nous sommes partis. J'aurais pu y aller seul pour une fois, le roux raté ne m'a pas lâché depuis qu'il m'a retrouvé dans les bois.

Puis j'ai pris conscience que l'on s'apprêtait à faire l'activité la plus ennuyeuse existante et que je ne pouvais pas me passer de sa compagnie, même si ce n'était que pour lui lancer des regards désabusés. La vie était bien plus intéressante quand ma seule préoccupation était le Tokyo Manjikai et ses membres fondateurs. C'est toujours un peu le cas, mais apparemment, j'ai d'autres choses à gérer. Je soupire.

— C'est ça, être vivant ?

— Non, ça, c'est juste être un adulte.

— C'est du pareil au même.

— Tu es un peu déprimant, tu étais plus enjoué avant.

— Je suis mort entre temps, peut-être que ça rend vieux et con.

Il soupire à son tour, même moi, je me sens comme un vieux con à cet instant. D'habitude, quand quelque chose m'énerve, je règle la situation avec mes poings : ça me défoule et ça résout la plupart des problèmes, c'est d'une pierre deux coups. Malheureusement, je n'ai rien osé frappé depuis que je suis revenu ici. J'avoue craindre de constater que je n'ai plus aucune force.

— On n'a pas de photo de toi pour ta carte d'identité, il faut qu'on en fasse une.

Je soupire, encore un tiret en plus sur la liste des choses inintéressantes que l'on doit faire cet après-midi. Même un documentaire sur le mode de reproduction de la fougère me parait passionnant à côté. Sans compter que ça me rappelle que je ne suis plus un adolescent.

Il montre du doigt un photomaton à travers la vitrine d'un petit supermarché.

— On n'a qu'à aller ici, ce sera fait.

— Qu'on s'en débarrasse au plus vite, ça me va.

Je rentre en premier dans le magasin, le bruit des conversations résonne plus qu'à l'extérieur, j'aimerais retrouver les quartiers calmes de l'époque. Ceux où on régnait dans le silence de la nuit.

Par chance, la cabine du photomaton est vide, on ne va pas y passer dix ans. C'est plus moderne, mais assez similaire, alors je n'ai pas de difficultés à en comprendre le fonctionnement. Chifuyu me passe quelques pièces, cette situation est semblable à celle d'un enfant qui vient faire sa carte d'identité, accompagné de ses parents.

Je respecte les instructions de la machine, j'espère que ça ne pose pas de problèmes de porter une perruque parce que je n'ai aucune envie d'avoir une photo de mes cheveux courts. Je ne me reconnais pas sans ma longueur.

𝐔𝐍𝐃𝐄𝐀𝐃Où les histoires vivent. Découvrez maintenant