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Je crois que c'est la première fois que je sors sans Chifuyu

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Je crois que c'est la première fois que je sors sans Chifuyu. Après réflexion, on s'est dit qu'il était préférable que l'on aille au garage de Shinichiro juste Draken et moi. C'est plutôt étrange de le voir avec des cheveux de la même couleur que les miens et une natte qui lui tombe au milieu du dos. Le pire reste quand même le fait qu'il s'est séparé de sa chemise noire et blanche, quel sacrifice.

Il a insisté pour que l'on y aille à pied. C'est dommage, j'aurais bien aimé conduire une moto, je ne me souviens pas de la dernière fois que j'ai pu en toucher une, peut-être il y a quelques semaines, quelques mois ou quelques années. Je sais que c'est arrivé après le Toman, mais mes souvenirs manquent de chronologie.

Je crois que Draken craint que Mikey fuit en entendant le bruit de sa moto. Si ce petit con se cache depuis un moment, ça ne m'étonnerait pas plus que ça. On a hésité à venir hier soir, mais on s'est finalement décidé pour ce matin aux aurores. On ne s'est pas vraiment préparé à l'idée de son absence, même s'il semble parfois indéchiffrable, on le connaît bien, et ce serait complètement invraisemblable de ne pas le retrouver ici. À moins qu'il craigne la police.

Le quartier n'a pas tellement changé, la réminiscence est douloureuse. Je nous revois gosses, je revois Mikey nous regardant en essayant de comprendre la raison de notre arrestation. Je ne suis pas une pleureuse, mais j'ai fondu en larme. C'est notre faute. C'est nous qui avons essayé de voler cette moto et tué son frère. Je me demande si Kazutora sait pour la destruction du garage.

— T'es sûr que ça ira ?

Le calme du matin est entravé par la voix grave de Draken. Apparemment, on ne l'appelle plus trop comme ça, jamais je ne m'habituerais à le nommer par son prénom. Je crois que c'est passé inaperçu la dernière fois parce que les ex-membres du Toman ont tous tendances à s'appeler par leurs surnoms en privé.

— Tu ne vas pas me faire une Chifuyu ? Je n'ai jamais eu une mère aussi présente que lui en moins d'un mois.

Il laisse échapper un léger rire, certes, il a l'air de se moquer de moi, mais il n'ajoute rien, alors j'imagine que ma réponse était suffisamment claire. Je me concentre sur la buée sortant de ma bouche à chaque expiration comme un enfant. Je crois que la dernière fois que je me suis retrouvé dans une telle fraicheur, les conditions n'étaient pas très amusantes. En tout cas, encore moins que maintenant.

— Tu ne l'as pas vu depuis combien de temps ?

Je sens que ma question ne lui plaît pas, j'ai touché un point sensible.

— Suffisamment longtemps pour qu'il parte en vrille.

— Il n'y a pas besoin de beaucoup de temps pour ça, ça ne m'aide pas.

Je suis sûr que si l'on n'était pas arrivé devant le garage, il aurait ri comme tout à l'heure, je sais que le sujet semble grave et tabou, pourtant je ne peux m'empêcher de l'alléger. Peut-être parce que j'aimerais que l'on fasse de même pour ma situation, elle est tellement surréaliste que j'ai fini par passer au-dessus.

𝐔𝐍𝐃𝐄𝐀𝐃Où les histoires vivent. Découvrez maintenant