𝐔𝐍𝐃𝐄𝐀𝐃

𝟠

Il fait encore nuit lorsque nous arrivons. Je m'appuie sur le mur tandis que Chifuyu ouvre la porte de l'arrière-boutique. Il hume l'odeur provenant de l'intérieur et grimace

— Je crois qu'il ne sait pas changer de litières correctement.

Il me laisse entrer à sa suite, je constate aussi l'odeur nauséabonde. Après une quinzaine de jours sans aller à l'animalerie, j'ai fini par lui proposer de venir avec lui. Déjà que je lui coute cher, je ne voulais pas l'empêcher de travailler. Je serais bien resté seul chez lui, mais il a refusé de façon catégorique.

— Tu vas t'installer dans la salle de repos, c'est là que vont les animaux blessés ou malades.

Je ne peux réprimer un sourire, c'est l'ironie du sort.

— C'est vrai que c'est ma place, j'ai un air félin non ?

Il soupire désespéré, il n'a pas de chance, plus je reprends des forces, plus je parle. Bientôt je vais me rebeller, ça ne saurait tarder. Pour l'instant, je n'ai toujours pas de papier alors, j'imagine que ce n'est même pas la peine.

— Essaye de bien te faire voir par ta seule compagnie, je ne serai pas là pour te taper la discute.

Il ouvre la porte de la pièce dans laquelle je vais m'installer pour la journée. Il y a une sorte de lit, un peu comme dans les infirmeries, et de quoi soigner les animaux des maux les plus courants. Un meuble divisé en quatre cages est posé au-dessus d'un petit placard. Une seule est occupée par un chat, qui bouge l'oreille en nous entendant arriver. Je crois qu'on le dérangeait pendant sa sieste.

— Il s'est fait mal à la patte arrière droite, alors on doit l'immobiliser quelque temps. Tu veux que je te montre le reste, ou tu veux t'installer ?

— Je ne vais pas m'écrouler après être resté débout cinq petites minutes, laisse-moi voir le reste.

Il soupire, je l'entends presque penser : ce n'est pas ce que tu disais il y a quelques jours. Peu-importe, il y a quelques jours, ce n'est plus maintenant. Le côté gauche de l'arrière-boutique est découpé en deux parties, la salle de pause et l'infirmerie. Du côté droit, il n'y a qu'un grand placard et une chatterie.

— Je pensais que les chats étaient toujours en vitrine.

— Je sais bien que c'est une boutique, mais ça reste des animaux, c'est trop petit pour eux, ils n'y restent pas trop longtemps.

Je suis impressionné par l'implication de Chifuyu. Sa place est vraiment ici. Je me demande où est la mienne. L'avant ressemble à une boutique conventionnelle avec quelques rongeurs et oiseaux. Il n'y a pas de chien, j'imagine qu'ils ne seraient pas à leur aise dans un endroit aussi étroit.

— Je vais nettoyer tout ça et préparer l'ouverture, rien de bien intéressant, on se retrouve à midi, sauf si tu as besoin de quelque chose d'ici là.