⚠️ Spoil épisode 21 / Chapitre 62 (T8) ⚠️
TW : Mort, saleté
Dans l'idéal, je devais être mort.
Mais ce n'était définitivement pas le cas, j'étais bien trop vivant pour ne pas sentir les ressorts de ce foutu matelas dans les côtes et l'odeur de crass...
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Je suis étonné d'avoir réussi à marcher de l'appartement de Chifuyu jusqu'au café sans m'écrouler. Mes jambes tremblaient et il devait parfois me soutenir pour que j'évite de tomber à la renverse. Les rues de Tokyo me sont à la fois étrangères et familières.
De grandes enseignes lumineuses décorent chaque coin de rue et des magasins modernes ont pris la place des petites épiceries. Les rues sont remplies, sûrement parce que nous sommes au centre-ville, mais j'ai tout de même l'impression qu'il y a plus de monde qu'avant.
Et dire que le Tokyo Manjikai n'existe plus. J'ai l'impression que c'est ce qui me rattachait à cet endroit. Je ne sais pas si c'est chez moi ici. Je ne devrais pas être là. Peut-être que toute ma vie jusque-là n'était qu'un rêve. Peut-être que tout commence maintenant.
Au lieu de me dire que j'aurais dû être mort, je devrais plutôt me dire que je commence une deuxième vie. Je veux y retrouver ceux qui me manquaient quand j'étais dans un coin perdu du Japon. J'ai du mal à me souvenir de ce que je ressentais à ce moment-là, parce que je n'ai pas l'impression de l'avoir réellement vécu.
Je sais pourtant immédiatement avec qui je veux être. Si je ne peux plus me battre, puisque je ne suis plus un enfant, alors je veux faire le tour du monde avec ces enfoirés. Je veux qu'on se retrouve dans des situations improbables tous ensemble sans que personne crève. À l'époque, j'aurais tué pour rester ici, mais à présent, ce n'est plus mon territoire, je n'en vois plus l'intérêt.
— Tu penses que je devrais aller voir mes parents ?
Chifuyu m'avait observé en silence, il ne m'avait pas demandé une seule fois ce à quoi je pensais en redécouvrant la ville. Il m'avait laissé reprendre mes marques. C'est la première chose que j'ai demandée depuis que l'on a quitté son immeuble.
— Ils savent que tu es en vie, apparemment, ils l'ont toujours su.
Pourquoi eux et pas lui ? Je suis certain qu'il s'est déjà posé la question. Je suis tout de même soulagé, ils n'en ont peut-être rien à faire de moi, mais je ne souhaite pas qu'ils aient un enfant mort sur la conscience pour autant. Je n'irai pas les voir.
— Alors, j'imagine que ce n'est pas la peine.
Je m'allonge sur la table, la tête dans mes bras. Le patron du café nous dévisage parce que l'on n'a rien commandé. Chifuyu lui fait signe que l'on attend quelqu'un. J'avais presque oublié que Kazutora devait venir.
Je stresse un peu, mais je suis curieux de voir ce qu'il est devenu et de comprendre ce qu'il s'est passé cette nuit-là. Je suis rassuré de savoir qu'il n'est pas mort ou en prison et qu'il cherche un emploi. Je me demande ce qu'il pense de cette rencontre. Savait-il que j'étais toujours en vie ou lui aussi pensait que je n'étais plus de ce monde ?
Je suis pris d'une quinte de toux, j'ai oublié mes médicaments ce matin. Je n'en ai pas besoin, je suis déjà nourri et logé. Chifuyu fronce les sourcils en silence, il sait ce que je pense. Je ne peux m'empêcher de sourire en voyant son roux raté. Il me fait un doigt d'honneur.