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Le silence est religieux

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Le silence est religieux. J'imagine que c'est le cas de le dire, puisque nous sommes au milieu d'une église et que le prête vient de sortir son fameux "Si quelqu'un s'oppose à cette union, qu'il le dise maintenant ou qu'il se taise à jamais". J'aurais bien fait une objection du genre "Fais gaffe quand même, tu vas devoir supporter un pleurnichard toute ta vie".

Depuis une semaine maintenant, j'essaye d'oublier ma mort. Enfin pas vraiment, je veux juste pouvoir avancer avec. J'ai la sensation de ressasser constamment les évènements. Mais à présent que je suis vivant, j'ai compris que j'allais devoir faire avec sans penser que la vie n'est qu'illusoire et que tout cela est irréel. Bref, j'essaye de me relever. Et aussi de passer outre l'ambiance bizarre qui règne à l'appartement depuis que Chifuyu a essayé de m'embrasser.

Peut-être que j'aurais dû lui rouler une pelle pour qu'on en finisse. Mais c'est lui qui m'a ramené, c'est lui qui a vécu sans moi, et c'est lui qui semble enfin accepter ses sentiments. J'imagine que je vais devoir le laisser faire. Et puis, l'ambiance n'est pas forcément propice à ce genre d'évènements, je n'aime pas le fait de vivre à ses dépens et il le ressent.

Je me sens con, parce que je le savais déjà à l'époque, mais j'étais incapable de l'exprimer. Une histoire de fierté et de problèmes de communications, après tout, je ne suis bon qu'à frapper et à bruler des voitures. Manger des croquettes à mes heures perdues aussi. Ou crever pour mes amis. C'est une petite fierté personnelle. Ça y est, je recommence, ça devient redondant.

Quelques rangs plus loin, Draken fait la gueule parce que Mikey n'a pas daigné pointer le bout de son nez. Je m'en doutais un peu, je ne le vois pas mettre un pied dans une église en dehors d'un combat de gang, je suppose qui s'il vient, ce sera plus tard. Je suis sûr qu'il en est arrivé à la même conclusion, mais qu'il avait tout de même espoir.

À l'instant le plus cliché de la scène, le fameux baiser symbolique qui conclut cette union, Takemichou fondit en larme. J'ai vraiment envie de vomir, je crois que je ne marierai jamais. J'abuse tout de même un peu, j'imagine qu'avec un peu moins de larme, on pourrait dire qu'ils sont mignons. Et j'ai beau être méchant à son égard, je sais qu'il est bienveillant et courageux, enfin, plus téméraire que courageux.

— Je ne me mettrais jamais dans cet état pour une fille.

Ma pensée fut si forte qu'elle franchit la barrière de mes lèvres. Heureusement, seul Chifuyu avait pu ouïr ma remarque.

— Et pour un garçon ?

Sa réponse me sidéra, son franc-parler survient au moment où on s'y attend le moins. Je le regarde, réfléchissant à ma réponse. Je peux voir ses joues rougir légèrement, mais rien qui ne dépasse l'entendement.

— C'est bien tenté, mais non plus.

Il prend quelques secondes à assimiler l'information, puis se tourne dans ma direction avec un sourire en coin.

𝐔𝐍𝐃𝐄𝐀𝐃Où les histoires vivent. Découvrez maintenant