Déréliction

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"Sois une bonne fille, écoutes bien ton papa, ne me suis pas. Si tu es sage, maman reviendra, (t/p)."

Quand tu repenses à ta mère, celle qui t'a abandonnée, tu ne trouves pas beaucoup de bons souvenirs... on dit que peu importe à quel point un repas était bon, si le dessert est infect, tu ne te souviendras que de ça, tu en viendras à détester ce repas.

En grandissant, tu n'oubliais pas ta mère, tu t'habituais à son absence, comme si elle était morte. Tu ne te blâmais pas spécialement de son départ, du moins tu essayais, parce que c'est comme ça...

Au collège, tu rencontrais un chaton au parc. Tous les jours, tu le croisais. Tous les jours, tu t'attachais à lui, de plus en plus. Tous les jours, tu le nourrissais, le caressais... il était un peu comme ton jardin secret, le seul envers qui tu pouvais te tourner, car c'est connu : les animaux sont plus fiables que les humains, les animaux ne te jugent pas, ne te trahissent pas, ne te quittent pas.

Pourtant, tu compris que ce qui est connu n'est pas forcément vrai : il disparut, du jour au lendemain, lui aussi t'abandonna.

Tu te lançais à la poursuite du bicolore. Essayant de te faufiler parmi les invités, tu faillis tomber, mais aussitôt, relevant les bords de ta robe, tu courais à nouveau.

"-Shoto, attends !"

(t/p), s'il disparaît comme les autres, il n'y a plus aucun doute, tu le sais : ça ne peut qu'être toi le problème.

"-Shoto !"

Oubliant la réception, oubliant tes parents et tous ceux qui te fixaient... rien en cet instant ne t'importait plus.

Et bien que tu voyais enfin sa silhouette...

Quelqu'un attrapa ton bras, tu es stoppée. Tu reconnais la poigne de ton père.

Lectrice, cette peur a-t-elle toujours été en toi ? Quand ta mère est partie, tu lui as couru après. Quand le chaton a disparu, tu l'as cherché jour et nuit. Toi aussi, tu as peur de l'abandon...

"-À quoi joues-tu face à nos invités ?!"

Tu jetais des regards autour de toi, Todoroki Shoto n'est plus là.

Ton père te serrait le bras un peu plus fort, attirant ton attention. Tu le fixais dans les yeux. Son regard était dur, rien à voir avec celui d'un père face à sa fille.

Est-ce parce que tu as ouvert les yeux dernièrement ? C'est comme si ton monde s'était agrandi... maintenant tu as une véritable idée de ce qu'est un père. Le tien ne colle pas à cette idée... Plus tu remontes dans tes souvenirs et moins tu trouves de tendresse dans ses actions. Ton père ne t'a jamais pris dans ses bras, il ne t'a jamais souri sincèrement, il n'a jamais dit t'apprécier non plus.

(t/p), tu as fait un choix, tu viens de faire un choix : les obstacles n'importent plus.

"-Père, pourquoi m'avoir fait naître ?"

Tu vis alors ses yeux s'affuter, montrant tout le mépris du monde.

"-Pourquoi vous me regardez constamment comme ça ? Je vous ai toujours écouté. J'ai toujours été sage. J'ai tout fait pour tous vous satisfaire. Alors qu'ai-je mal fait ?

-Ce n'est pas le moment."

Il te tourne le dos.

"-Papa, je te le demande. Pourquoi ne m'aimes-tu pas ?"

AVRILOù les histoires vivent. Découvrez maintenant