Épilogue

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On dit souvent, comme pour se rassurer, que l'on est maître de son destin... que c'est nous, le personnage principal de notre vie. J'ai toujours trouvé ça drôle comme expression.

Les protagonistes sont spéciaux, moi je ne le suis pas. En fait, si l'on devait décrire ma vie, ce serait plutôt celle d'une figurante qui n'interagit avec personne et ne doit pas oser fixer la caméra...


Je marchais, les mains dans les poches, les écouteurs branchés, le reste du monde m'importait peu. Alors que je traversais la rue... une voiture roulant à toute vitesse me percuta.

C'était le 1er avril 20XX, ce jour-là, personne ne m'a sauvée.

"-(t/p), serrez-moi la main si vous m'entendez !"

J'ouvre les yeux, une lumière m'éblouit... dans l'agitation qui m'entoure, je finis par comprendre où je suis. "Tuez moi" furent mes premiers mots, presque inaudibles, mêlés à mes sanglots.


Dans un monde où 80% de la population est dotée de pouvoirs surnaturels, le métier de super-héros est né en réponse aux super-vilains qui en abusaient.

"-Comment ça elle n'a pas d'alter ?! C'est la fille du grand Magnéto, comment une fille de super-héros peut être aussi inutile ?!"

Quand j'avais 4 ans, ma mère est partie. Ce qui animait les disputes de mes parents depuis le début, c'était moi : je suis la fille d'un super héros connu dans le monde entier, pourtant cette femme n'a pas su donner naissance à une enfant digne d'un tel père. Je n'ai pas d'alter, pas de pouvoir.

J'ai grandi dans l'ombre de Magnéto, seule son existence comptait... c'est lui le personnage principal de ma vie, il la contrôle et lui donne de la valeur.


"-Je m'appelle (t/n) (t/p), j'ai 15 ans, j'entre en première année au lycée Shimizudani. Mon père s'app-

-Tu peux t'arrêter là (t/p), les résultats sont excellents sachant que tu étais dans le coma pendant un mois. Nous serons en mesure d'éviter la rééducation puisque tu as été guérie par l'alter du Dr...."

Je regarde par la fenêtre que l'infirmière a ouverte pour moi, les cerisiers sont en fleurs.

En pensant que même dans un rêve, les aspects misérables de ma vie resteraient les mêmes...

Une brise me caresse la peau alors que les pétales de l'arbre entrent dans ma chambre. Une certaine amertume me prend : mon cœur se serre, ma gorge se noue.

5cm par seconde. Si embarrassant.

Une voix grave me sort de mes pensées. Sans tourner la tête, je sais reconnaître mon père. Cela fait maintenant quelques jours que je suis réveillée, il daigne à peine arriver.

"-Je vais vous laisser seuls, sourit l'infirmière.

-Merci."

Je l'entends alors se rapprocher et s'asseoir à mon chevet.

"-Pourquoi venez-vous me voir ?"

Je me tourne vers lui, nos regards se croisent.

"-Faut-il une raison pour qu'un père vienne voir sa fille en convalescence ?

-Pour vous, oui... Vous savez, j'ai beaucoup réfléchi. Je me suis demandée qu'est-ce que chez vous a pu me faire si peur ? Qu'est-ce qui m'a intimidée et poussée à donner le meilleur de moi-même pour vous impressionner, lorsque même le meilleur de moi-même n'est jamais assez pour vous...

-(t/p), qu'es-

-J'ai décidé de lâcher prise, ce qui me fait peur à présent ce n'est ni votre déception ni votre indifférence à mon égard. Ça ce n'est rien."

Je lui souris.

"-J'ai peur de mourir, papa. J'ai vraiment peur de mourir par ta faute."

Le silence règne. Je le vois flancher, se reprendre et m'analyser du regard, les yeux tremblants... sans dire un mot, il se lève puis quitte la salle.

J'ai bien fait... j'ai bien fait, n'est-ce pas ?

Constatant que je suis à nouveau seule dans cette chambre d'hôpital, je souffle et me recroqueville. Des larmes parcourent mon visage, ça ne veut pas s'arrêter.

Shoto me manque. Atrocement.

Le lendemain, je parcourais les couloirs de l'hôpital. J'arrive au rez-de-chaussée où plusieurs patients étaient assis, regardant la télévision.

"-Chers téléspectateurs, vous regardez le tournoi des élèves du lycée U.A. !! Nous sommes à la deuxième épreuve : la bataille des cavaliers !"

Je m'arrête un instant.

"-L'équipe Todoroki attaque !"

... puis continue ma balade.

Shoto Todoroki, pour moi, il correspond à un livre entier recouvrant tout un mois, retraçant le passé et imaginant l'avenir... mais pour lui, je ne suis même pas une simple phrase.

Ainsi, la vie continua : je suis rentrée à la maison et suis retournée au lycée. Je décidais d'oublier Avril, autant que je le pouvais.

Par moments, j'entendais parler des exploits de la 2de A du lycée U.A., d'All Might, d'Endeavor, des super-villains... peut-être qu'au fond, toute cette agitation est une des seules raisons pour laquelle mon père n'est plus strict avec moi.

Après quelques mois, les fleurs devinrent des fruits, l'herbe s'asséchait et le temps se réchauffait... j'entendis parler dans ma classe du festival d'été organisé par U.A. Et c'est alors que la voix du bicolore me revint, me demandant d'y aller avec lui.

Lorsque je me rappelle de tels souvenirs qui n'ont jamais existé, je me rends compte de la folie dont je fais preuve... je suis risible.

En franchissant le portail du lycée U.A., un festival de couleurs m'attendait. Je suis directement allé voir la zone de la 2de A... là-bas, je pus enfin apercevoir un brin de lui, Shoto Todoroki.

Il était avec ses amis, souriant, sûr de lui... rayonnant. Bizarement, ses traits sont plus détaillés, plus clairs... Je n'eus le courage de m'approcher ou de l'interpeller. Entre lui et moi, il y a un fossé.

Alors que j'allais faire demi-tour, je croise son regard vairon, celui dans lequel je me perdais, apparemment. Ma vision s'embrume, de l'eau salée coule sur mes joues... ses yeux m'analysent. En le voyant s'avancer vers moi, je recule.

Je pense réellement que (t/p) tombe amoureuse de Shoto dans tous les univers, mais Shoto... n'est-ce pas cruel, je ne pense pas que notre histoire est la tienne. Alors devrais-je la garder pour moi seule ?

Juste comme ça, je me détourne. (t/n) (t/p) est une figurante, je ne suis pas spéciale, je ne peux pas fixer la caméra... mais même ainsi, j'essaierai de trouver mon bonheur, un autre bonheur.


Au garçon qui ne se souviendra jamais de moi, je t'en prie sois heureux.





-FIN-

AVRILOù les histoires vivent. Découvrez maintenant