AVRIL

Atonie

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Lectrice, le savais-tu ? Il n'y a que trois moments décisifs dans la vie. Seulement trois.

Ce qu'on considère comme le passé, le présent et le futur. Une vie est en vérité simple dans la forme : c'est lorsque vous tournez la page sur votre passé que le présent vous est offert, c'est lorsque vous souhaitez un avenir, que votre futur se dessine.

"Le regretterai-je ?", cette question que l'on se pose inconsciemment, c'est ce qui fait le mieux le lien entre tous.

Cette soirée-là, tu n'es pas la seule à avoir pensé ainsi.

En te tournant le dos, Todoroki Shoto se l'est demandé : "le regretterai-je ?" Pourtant, la réponse n'a pas tardé. À la seconde même, il l'a regretté. Le bicolore voulait aussi entendre ta version des faits, il est ton petit ami mais découvre que tu es promise à un autre... ce n'est que sa fierté qui l'a empêché de rester.

Pour la première fois, ce garçon à la poker-face te semblait agité. En fouillant dans tes souvenirs : sa mâchoire était serrée, ses sourcils froncés, son regard était si tranchant qu'en un si court instant il a assez fusillé ton fiancé pour le déclarer mort. (t/p), tu as alors réalisé qu'encore une fois lui aussi, il a toute une panoplie d'émotions, de sentiments, de réactions et de facettes. 

Sans avoir pu le rattraper, c'était à ton tour : "le regretterai-je ?"

Regretter de ne pas avoir réussi à lui expliquer, regretter de ne pas avoir réussi à le comprendre et le connaître autant que tu le souhaitais, autant que tu le voulais. Regretter de ne pas avoir tout avouer plus tôt... Peut-être même regretter de t'être accrochée à lui, lorsque dès le début, tu aurais pu l'ignorer à cet arrêt de bus.

"Ce n'est pas en te sauvant que Shoto t'a rencontrée," cette phrase te revient souvent, mais tu as beau réfléchir... tu ne penses pas l'avoir déjà vu par le passé.

Tu ouvres les yeux.

"-(t/n) (t/p), à quoi tu joues ?!" 

Criant d'une façon étonnamment calme, le garçon donna un coup dans ton lit. Encore endormie, tu te redressais en sursaut.

Tu croises son regard glacial.

À présent, tu peux affirmer une chose : Shigaraki Tomura ne te fait pas peur. Les frissons qui te parcourent en sentant sa présence ne sont pas dus à ce qu'il représente. Ce qui te fait réellement peur, c'est d'être ignorante de ce qui t'entoure : cet homme est ingérable et tu ne sais jamais à quoi il pense, pour toi, il est trop imprévisible.

Te voyant rester là, muette et sourde, il t'attrape par le col.

"-J'te parle salope ! Ça fait quatre jours que tu bouffes pas, tu te moques de moi ?!"

Quatre jours et une nuit, tu le sais bien. En si peu de temps, qui te parut une éternité, t'alimenter est devenu une corvée. Exister est devenu une corvée.

"-Shigaraki Tomura... juste tue moi."

Il te fixe, tes yeux n'ont plus autant d'espoir que ce soir-là. Au fur et à mesure, depuis cet instant, chaque jour, chaque heure, chaque minute et même seconde... c'était tes étoiles qui s'éteignaient, les unes après les autres.

Bien qu'au début, tu disais que personne ne viendrait te sauver, au fond de toi, tu n'y croyais pas. Tu avais un minimum de foi en ton père, dont tu partages le sang. Et même après avoir tant culpabiliser d'avoir en quelque sorte trompé Shoto, tu croyais qu'il allait venir, puisque c'est ton sauveur... c'est lui, celui qui a dit qu'il accourrait si tu étais en danger.