10) Fuite

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Anna : Bonjour.
Nicolas : Bonjour à toutes. Je viens juste annoncer à Juliane qu'elle peut sortir de l'hôpital dès demain.
Juliane : Vraiment ?
Nicolas : Oui. Bonne fin de journée.

Je peux sortir demain...

Juliane : Du coup, tu... C'est...
Marie : Oui. Tout est bon. Mes parents ont remplis tous les papiers. J'attendais le bon moment mais il faut que tu signes. Ici, ici et là.

Elle me montres deux paquets de feuilles fraichement sortis de son sac. Bon, ça doit pas être si difficile de signer trois papiers...

Juliane : Je connais pas ma signature.
Océane : Ha. Bah tu fais un truc au pif.

Déjà tenir un stylo c'est dur. Alors signer en inventant une signature, laisse tomber. Je gribouille un gros A qui souligne "nderson" pour mon nom. Basique, mais ça passe.

Marie : Ça y est, tu fais officiellement partie de ma famille.

J'ai la gorge serrée. Je crois que je vais pleurer.

Juliane : Marie... Je sais pas ce que je ferai sans toi... Merci.

Marie : Moi non plus je sais pas ce que je ferai sans toi. Ju, va falloir te changer.

Qu'est-ce qu'elle me raconte ?

Juliane : Pourquoi ?
Marie : Bah... Tu viens de faire pipi.
Juliane : Quoi ? C'est pas vrai !
Anna : Si.
Juliane : Toi aussi ?
Océane : On a entendu, idiote.
Juliane : Comment ça entendu ? J'ai pas pissé !
Marie : Bien sûr que si, un bruit de jet d'eau, y'en a pas beaucoup ici.

Il faut que je vérifie. Je passe ma main sous mon pantalon. La couche est toute chaude. Elle est aussi bien grosse. Elles ont donc raison... Cette fois, je pleure réellement. Je me décompose sous leurs regards, j'ai rien senti...
Je crois que Marie leur dit de partir mais je n'en sais rien. Ce qui est sûr, c'est qu'elle s'occupe de moi comme d'un être inanimé. Elle me couche et me lange. Je ne me sens même pas honteuse d'être changée mais de mettre fait pipi dessus si. Pourquoi, je ne suis pas un bébé...

Marie : Repose toi.

Mes yeux mouillés se ferment petit à petit.

J'entends des voix. Les filles ?

Marie : Je supporte plus de la voir comme ça.
Anna : Moi non plus, mais t'inquiètes pas, ça ira mieux en sortant demain.
Marie : Mais les médecins ont dis qu'elle retrouverait peut être jamais ses souvenirs !
Océane : Peut-être pas tous mais une partie.
Marie : J'espère... Elle a aucune énergie. Elle est crevée en deux secondes. Et puis... Ses accidents comme tout à l'heure...
Anna : Elle n'y peut rien d'être fatiguée. Elle est restée combien de temps dans le coma ? Et pour les couches, tu imagines le traumatisme !
Marie : Mais elle se souvient de rien. Comment peut elle être traumatisée ?
Anna : Son inconscient s'en rappelle, j'en sais rien.

J'écoute avec attention leur conversation. C'est vrai que je suis fatiguée tout le temps, et puis ces putains de couches ! Bordel, elles font chier ! Ça me soule !
Je me redresse pour leur signifier que je suis réveillée.

Océane : Ju, bien dormi ?
Juliane : Heu, a peu près. J'ai dormi combien de temps ?
Anna : Une vrai sieste de bébé ! Deux bonnes heures.

Autant faire abstraction de ce que j'ai entendu pour le moment. C'est pas la peine d'en parler.

Marie : Je voulais te demander, tu préfères dormir dans ma chambre ou une autre ?
Juliane : Heu, je sais pas. Peu importe.
Marie : Bah choisi ce que tu préfères.
Juliane : Je sais pas moi ! Avec toi ?

J'essaie, est-ce que ça passe ?

Marie : Ok niquel.
Océane : Ça vous dit d'aller se balader à l'extérieur ?
Marie : C'est tout petit mais oui.
Juliane : Pourquoi pas.

Anna me pousse en fauteuil roulant, j'ai les béquilles sur les genoux si je veux bouger seule et le corset sur moi. On se balade un peu cependant on tourne vite en rond.
J'arrive à faire des distances de plus en plus grandes avec mes béquilles, je suis contente.

Quand Anna et Océane sont parties, Marie me propose d'aller me laver.

Juliane : Oui carrément. Je me sens crade.
Marie : Ok mais tu essaie de le faire seule. Deal ?

Seule ? Mais comment je fais ?

Juliane : Heu ouais. Deal.

Déjà protéger le plâtre, il faut mettre un sac plastique autour, bien fermé pour ne pas laisser rentrer d'eau. Retirer les vêtements. C'est galère. Enlever le T-shirt, impossible. Le pantalon ça va encore. Maintenant, la foutue couche. Elle est mouillée. Pas étonnant. Marie m'observe donc c'est un peu gênant. Le reste de la douche se passe tranquillement. Eau, savon avec Marie qui m'aide pour certains endroits, eau et séchage, habillage et retour dans le lit.

Marie : T'as l'air fatiguée.
Juliane : Oui je suis crevée.

Elle confirme ce que j'ai entendu de leur conversation tout à l'heure.

Juliane : La douche m'a tuée.
Marie : Essaie de dormir, demain tu pars d'ici.

Perdue Dans Ses Souvenirs •[En pause]•Où les histoires vivent. Découvrez maintenant