12) Rencontre et visite guidée

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Une des pauses nous fait nous arrêter sur une place avec quelques petits commerces.

Marie : Tu veux une glace ? On peut en acheter juste là, elles sont super bonnes.
Juliane : J'ai pas d'argent.
Marie : Te fiches pas de moi, c'est moi qui paye. Alors ?
Juliane : Heu ouais, merci, Marie.
Marie : Qu'est-ce que tu prends ?
Juliane : Heu, je sais pas...
Marie : En général, tu prenais vanille caramel beurre salé.
Juliane : Et ben je vais prendre ça.

On fait la queue. Au bout de cinq minutes, c'est notre tour.
Je suis un peu en retrait pendant que Marie commande.

Marie : Ho, salut Paul. Ça va ? Tu travailles ici maintenant ?
Paul : Pour l'été seulement. Qu'est-ce que je te sers ?
Marie : Je vais prendre une glace deux boules noisette et chocolat et une autre vanille et caramel beurre salé.
Paul : Deux ? Mais...

Il ne m'avait pas vu cachée derrière Marie. Je croise son regard. Il a l'air très surpris mais de nous deux, je crois que c'est moi qui suis le plus perturbée. Qui c'est ?

Paul : C'est... ? Qu'est-ce que... Juliane, qu'est-ce qu'il t'es arrivé ?

Je suis figée, incapable de parler et d'analyser ce qu'il me demande.

Paul : Assoyez vous ici, j'arrive. André, je sers cette commande et je prend ma pause. Tu peux me remplacer ?

Un homme lui répond affirmatif et il tend les deux glaces à Marie.

Marie : C'est 7 euros comme d'habitude ?
Paul : Pour vous rien, c'est moi qui offre.

Et sur ce, il sort l'argent de son portefeuille et la range dans la caisse.

Marie : Merci beaucoup.

Depuis le début, j'observe ses moindres faits et gestes. Des mouvements fluides et sûrs. On s'assoit, Marie me tend ma glace. Je lèche, le froid est exquis. C'est excellent.

Juliane : C'est bon...
Marie : Tellement.

Le garçon tire la troisième chaise et s'assoit.

Paul : Raconte moi tout.

Lui raconter... Quoi... Il a l'air inquiet, c'est un jeune et beau garçon brun. Je le dévore des yeux.

Marie : Hé, bêta, il te parle.
Juliane : Quoi ? Pardon. Qu'est-ce que tu dis ?
Paul : Je te demander ce qu'il t'était arrivé, mais ça va ? T'as pas l'air bien, enfin vu ton état...
Juliane : En fait, je... Je suis désolée... Je, je te connais pas...
Paul : Hé, Juliane, pleures pas ! Qu'est-ce qu'il y a ? Comment ça tu ne me connais pas ?

Je suis secouée de spasmes, je l'ai oublié lui aussi ? Un si beau garçon ? Non, pas si beau...
Marie m'attrape et me serre dans ses bras. J'essaie d'écarter la glace pour ne pas lui en mettre de partout.

Marie : Elle a eu un accident de voiture. Ses parents sont morts et elle a perdu la mémoire.
Paul : Quoi... C'est pas vrai... Juliane, je... Je suis désolé.

On continue de manger nos glaces en silence. Elles sont délicieuses mais ce n'est plus la même saveur.

Marie : Paul, merci pour les glaces, c'est très gentil. On va rentrer maintenant, je crois qu'on est toutes les deux très fatiguées.
Paul : Je comprend. On se revoit bientôt ? Juliane, j'espère que ça va aller.
Marie : Bien sûr qu'on se revoit. Bye !
Juliane : Je... Merci.

La ville n'est pas très calme en plein été. Les gens passent et repassent. Certains me regardent avec curiosité. Ils tournent la tête et continuent leur chemin. Je suis ailleurs. Je marche sans regarder devant moi, la tête dans les nuages.

Marie : Tu l'apprécies ?
Juliane : Quoi ? Non non.
Marie : Ha bon. Pourtant tu le dévorais des yeux. Tu savais pas quoi dire quand il te parlait. T'avais l'air un peu conne, désolé.
Juliane : Hé ! C'est pas gentil, ça ! Et il m'intéresse pas !
Marie : Si tu le dis.

Paul...

On continue notre chemin et on finit par arriver vers la fin des petits immeubles de la ville pour entrer dans le quartier des maisons. Il y a beaucoup moins de monde, de voiture, c'est rempli d'arbres et de plantes sur les trottoirs. C'est très beau.

Marie : La maison est à l'entrée du prochain lotissement à droite.

Face à nous ce dresse un mur avec un beau portail blanc. Marie ouvre le portillon ce qui laisse place à la plus belle maison que je n'ai jamais vu : une grande façade blanche, des volets métalliques gris et sur le côté, une baie vitrée donnant sur une piscine creusée. Le jardin est parsemé d'arbres et rempli de petites plantes et buissons.

Juliane : C'est si beau chez toi.
Marie : Pas chez moi, chez nous.

J'ai les larmes aux yeux. C'est peut-être pathétique mais je ne peux rien y faire. Mon visage se décompose de joie.

Juliane : Merci...
Marie : Me remercie pas, t'as pas besoin. T'aurais fait pareil pour moi.
Juliane : J'en sais rien, c'est peut être pas vrai.
Marie : Bien sûr que si. Aller, viens je te fais visiter.

Marie : Maman, papa, on est rentrées !

J'entends débouler quelqu'un vers moi.

Claire : Qu'est-ce que vous avez fait ! Pourquoi vous rentrez si tard ? Tout va bien ?

Elle passe de l'agacement à l'inquiétude.

Marie : Oui maman, ça va. On est allé manger une glace. On a vu Paul du coup on a bien parlé avec lui. Il nous les a même offertes.
Claire : Bon, c'est bien. Juliane, pas trop fatiguée ?
Juliane : C'est vrai que le trajet était un peu long. Mais ça va.

Effectivement, je suis crevée. Forcément, je sors du coma et je marche en béquilles.
Je n'ai pas vraiment pris le temps de regarder avec l'arrivée de Claire, mais l'entrée de la maison est ravissante. C'est moderne sans l'être trop et assez lumineux.

Marie : Là c'est la cuisine, la salle à manger est là et le salon est au bout.

Je la suis et j'écoute ses explications. C'est vraiment très beau : les parents de Marie ont de très bons goûts. C'est grand avec deux salles de bain, une au rez-de-chaussée et une à l'étage avec trois chambres dont une chambre d'ami. Thomas a un bureau en bas avec un magnifique aquarium légèrement incurvé et rempli de poissons.

Marie : Ça c'est notre chambre.
Juliane : Whaou.

De grands murs blancs avec des étagères remplies de livres composent la chambre. Il y a un lit double dans un coin et un lit simple a l'air d'avoir été ajouté récemment. Une grande armoire avec certainement les affaires de Marie.

Juliane : T'as pas de bureau ?
Marie : Si mais on l'a mis dans la chambre d'amis. Avec le lit y'a plus de place. Mais ça me gène pas, on dormira ensemble au moins.
Juliane : Je... Merci...
Marie : Ho aller, tu vas pas encore pleurer, c'est pas la peine.
Juliane : Mais... J'arrive à peine que... que tu as déjà modifié ta chambre pour moi...
Marie : Normal, j'allais pas t'abandonner, idiote.

M'abandonner... Non, je suis avec de bonnes personnes...

Perdue Dans Ses Souvenirs •[En pause]•Où les histoires vivent. Découvrez maintenant