Liens mystiques

09

Le bateau à tête de baleine se tenait devant eux. Impossible de reculer désormais. Ils allaient faire face à un Empereur. Certes il était moins terrifiant que Kaido, mais la rencontre laisserait un souvenir impérissable.

Laerke entreprit de faire des exercices de respiration pour calmer les battements frénétiques de son cœur. Elle était inquiète. Elle ne savait pas ce que Ryota avait préparé, elle devait juste se tenir silencieusement dans son ombre.

Sans compter que Marco serait présent. Elle y pensait depuis qu'on lui avait annoncé cette mission. Elle tentait de faire disparaître cette pensée. Ils étaient ennemis. La parenthèse s'était refermée dès qu'ils étaient repartis chacun de leur côté.

Elle s'inquiétait de sa réaction.

Ça n'avait pas lieu d'être.

Elle prit sur elle. Elle orienta ses pensées vers sa mission et rien d'autre comme elle le put. Tout se passerait bien.

— Alors Laerke, t'es prête, l'aborda le Vice-Amiral. Tu sembles terrifiée ! Hahaha j'avais bien dit à Akainu que des novices n'avaient rien à faire sur cette mission ! Enfin évite de trembler.

La plupart des soldats vrillèrent un regard noir sur leur supérieur. Ce dernier ne comprenait même pas que c'était sa connerie qui les inquiétait tous. Laerke sentit son pouvoir enfler sous sa peau. Une partie de son pouvoir, l'oiseau, était doux et raisonné, l'autre était fait pour donner la mort. Elle n'avait jamais montré cette seconde partie. En un instant, elle aurait pu lui arracher la gorge. Mais déjà elle rétractait les griffes et les crocs qui avaient commencé à sortir. Seuls ses yeux gardaient une teinte plus dorée que de coutumes.

— Bon. Allons voir ce blanc-bec !

Laerke ne répondit pas. Elle voulait juste connaître les raisons pour lesquelles Portgas se trouvait sur ce navire alors qu'il avait clamé haut et fort vouloir la tête du vieil Empereur.

Chose qu'elle pourrait découvrir grâce à son pouvoir.

Ils arrivèrent rapidement aux côtés du navire pirate. Une passerelle fut établie entre les deux bateaux. Les représentants de la justice furent autorisés à monter sur le Mobydick. Ce bateau était tout bonnement impressionnant. Mais se retrouver face à Edward Newgate était une expérience assez incroyable. Laerke avait déjà rencontré des Géants et Semi-Géants dans sa vie. Mais Barbe-Blanche dégageait quelque chose de plus.

Elle décida de ne pas utiliser sa capacité sur lui. Il avait vécu trop de choses, elle risquait de se perdre. Et puis son utilisation était extrêmement limitée et fatigante pour son esprit. Elle avait beau avoir son fruit du démon depuis longtemps, la maîtrise des capacités était quelque chose de compliqué, elle savait déjà qu'elle ne pourrait guère s'améliorer. Elle était trop faible.

Elle prit garde à rester un pas en arrière de Ryota. Elle se tenait droite, le menton haut et elle ne tremblait pas. S'il n'y avait pas eu le Vice-Amiral, elle aurait presque pu se sentir sereine. Elle déploya son haki de perception pour prévenir toutes attaques.

— Chers pirates, quel déplaisir de me trouver devant vous, débuta Ryota.

Laerke se força à rester stoïque alors que tout son être lui hurlait de balancer cet abruti à la mer pour protéger son équipe. Elle fit parcourir rapidement son regard sur les pirates, notamment les commandants, tous reflétaient la colère.

Elle accrocha le regard de Marco, se figea un instant. Il était là. Son regard était toujours aussi hypnotisant. Elle se surprit à ressentir un manque, elle voulait pouvoir lui parler, le toucher. Au lieu de ça, elle détourna le regard et se recentra sur la conversation.

Ce n'était ni le lieu ni le moment.

Sans compter qu'il ne lui pardonnerait certainement pas son mensonge.

— Gamin arrogant, tonna l'empereur en laissant s'abattre une vague de puissance.

Laerke remercia mille fois Gram et Garp de l'avoir entraînée à résister à ce genre d'aura brut. Elle ne cilla pas, ne bougea pas. Jusque là, elle ne risquait rien. Elle nota que Ryota résistait, mais que ce n'était pas une mince affaire. Après tout, il côtoyait régulièrement Akainu...

— Nous sommes là pour l'gamin-là, Portgas, reprit Ryota. Peu importe vos humeurs !

Et il continuait.

La Colonel repéra Portgas D. Ace. Elle profita que toute l'attention était centrée sur son supérieur et que le brun croisait justement son regard pour activer son pouvoir. Ses yeux devinrent jaunes alors qu'elle se faufilait dans les pensées du plus jeune.

Elle resta sur des souvenirs récents, pas plus de six mois. Si elle s'enfonçait plus loin, elle risquait de se faire repérer. Un film de souvenirs défila rapidement devant ses yeux. La raison pour laquelle il voulait la tête de l'Empereur et celle pour laquelle il avait renoncé. Elle nota aussi une rencontre avec Garp qui expliquait bien des choses.

Et dire qu'elle ne pourrait même pas en parler au Monkey D. sans trop en révéler...

Le fils de Gol D. Roger.

— C'était donc ça, murmura-t-elle pour elle-même.

Le brun écarquilla les yeux, surpris. Elle vit l'inquiétude sur son visage. Il ne devait pas comprendre ce qui venait de se passer.

Ses yeux reprirent leur teinte habituelle. L'air de rien, elle se remit à écouter l'échange. Elle sentit néanmoins le poids du regard de Portgas et celui de Marco peser sur ses épaules.

La fatigue la gagna. Elle eut soudain l'impression de ne pas avoir dormi depuis plusieurs jours et elle avait tellement faim.

La "discussion" sembla enfin progresser. Laerke souhaitait juste qu'elle prenne fin et qu'ils puissent s'éloigner avant de l'autre créer un véritable accident diplomatique. Au bout d'une trentaine de minutes, il en vint enfin au sujet de leur venue. Insupportable.

— Laerke donne donc le document au gamin, ordonna-t-il.

Il lui donna le document et lui parla comme si elle était l'une de ses servantes. Elle sentit une nouvelle fois son pouvoir enfler sous sa peau. Ses yeux reprirent une teinte jaune alors que son aura se fit menaçante. Ses nerfs avaient vraiment été mis à rude épreuve ces dernières semaines et cela affectait son contrôle pourtant quasi parfait de son fruit du démon.

Ryota ne remarqua rien.

Elle prit sur elle et se dirigea vers le pirate pour le lui remettre.

— Qu'est-ce que tu as fait, questionna doucement le pirate une fois qu'elle fut à sa hauteur.

— Je garderai tes petits secrets pour moi, ne t'inquiète pas.

Ace blanchit.

— Je voulais une réponse à titre personnel, pas pour le compte de la Marine, ajouta-t-elle.

Cela ne le rassura en rien.

Il prit connaissance du document, ce qui lui tira un ricanement. Il brûla la partie concernant son accord et le rendit à la Colonel.

Voilà qui réglait l'affaire.

Et cela comme prévu.