Chapitre 4 : Enquête

177 16 18
                                    

Si le hall du ministère devenait la scène d'un véritable carnage, elle n'était pas sans rappeler celle du QG des Aurors. Dean Thomas réprimandait vertement un aspirant du premier degré, dont la robe orange était particulièrement visible. Des regards noirs étaient jetés sur les aquariums qui longeaient la pièce et qui abritaient les Aurors chargés de la planification des missions. Dans l'atmosphère tendue, l'écusson de leur poitrine semblait clignoter, comme pour les déclarer coupables.

Après la fuite des Benton et le constat des Aurors décédés, le QG s'était brusquement vidé. Harry lui-même se faisait violence pour passer matins, midis, et soirs, devant les bureaux de ceux qui ne reviendraient plus jamais. Les gerbes de fleurs envoyées par les Aurors à l'étranger et déposées sur des meubles au hasard détonnaient dans la pièce.

Les familles étaient venues une par une vider les bureaux, laissant les rapports à moitié commencés à leurs coéquipiers. On évitait de regarder les places désertées en face.

Les enterrements avaient dû agir comme un électrochoc, rappeler que tout n'était pas encore perdu, que les responsables devaient payer. À présent, la pièce bourdonnait, s'agitait et transpirait.

Mais comment travailler dans de bonnes conditions si la terreur et l'impatience sont omniprésentes ?

Heureusement, les Aurors semblaient se calmer tandis qu'il traversait lentement la pièce.

Harry fut à peine installé dans son propre aquarium, que Lyla Ward y entra.

— Mr Seamus Finnigan demande à vous voir. Il a mis en place la procédure pour la suite des opérations.

— Faites-le entrer. Autre chose ?

Lyla soupira et tapota son calepin de son stylo.

— Ce sont les demandes urgentes de Jeremy Witt, Hermione Granger et Nico Harding concernant les dernières affaires en cours de traitement, le prévint-elle en lui tendant quelques notes de service. Ils semblent penser que si les enquêtes non résolues trouvent une conclusion, cela permettra de détourner la presse de la perte de nos Aurors.

— Que tous les dossiers commencés il y a plus d'un mois et dont l'affaire a été résolue soient rendus en fin de semaine.

— Vous vous rendez compte que...

— Je sais, je sais. Mettez de garde les équipes qui ont un dossier à finir, ils pourront travailler plus vite.

Lyla griffonna quelque chose sur un parchemin, un air contrarié sur le visage.

— Dans notre intérêt, la Commission des Départements, réunie ce matin, demande un mot au peuple sorcier de tous les responsables du ministère.

La Commission des Départements se réunissait une fois par mois (et, officieusement, plus souvent s'il y avait un problème) pour parler de la politique ministérielle. Lorsqu'Harry avait appris que c'était elle qui avait demandé de nier le retour de Voldemort, il avait subitement arrêté d'y aller et s'arrangeait pour ne pas s'impliquer dans leurs affaires.

— Répondez que cela n'arrangera rien. Mon image est entachée, et si je fais quoi que ce soit, je serai traité de menteur.

*

Austin, accompagné d'une brigade en laquelle il avait toute confiance, se déplaça chez les Benton.

Austin, de cinq ans l'aîné d'Harry, avait toujours été réfléchi. Une petite barbe châtain clair venait manger le bas de son visage, et son front se ridait peu à peu – une caractéristique des Aurors, qui avaient la fâcheuse tendance de vieillir plus vite que le reste de la population sorcière. Il était reconnu pour ses talents de duelliste. Un jour, alors qu'il avait été mandaté pour surveiller un laboratoire de potions dont les clients mouraient (mystérieusement) peu à peu, un chaudron lui avait explosé à la figure, trop vite pour qu'il puisse se protéger, déformant toute la face gauche de son visage, et enfonçant profondément des bouts d'étain dans sa chair.

Magie en grèveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant