Chapitre 9 : Choisir, c'est renoncer

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Harry ne se faisait pas d'illusion sur sa situation. Il était bloqué dans le passé en compagnie de sa fille, sans moyen de retour. Il était pieds et poings liés, au moindre faux pas, son futur serait chamboulé, sans garantie que ses enfants soient encore vivants après quelques actions irréfléchies. Son arrivée, le départ d'Ombrage et son nouveau travail avaient déjà dû bouleverser le futur. Mais à quel point ?

Pour le moment, Harry repoussait ces sombres pensées. Il faisait cours, mangeait dans la Grande Salle, dormait dans l'appartement qu'on lui avait distribué, gardait un œil sur trois élèves en particulier tout en faisant semblant de ne pas s'y intéresser et s'intégrait tant bien que mal au milieu des autres professeurs (OK, Rogue était une exception).

*

Jeremy Witt, les cheveux plus blancs que gris, des cernes soulignant ses yeux et des rides s'étalant sur son visage, paraissait plus faible, vulnérable, que jamais. Oublié, l'homme à la tête de la Grande Bretagne magique, droit et sûr de lui. Envolé, l'homme au visage carré qui faisait peur aux employés du ministère de la Magie. Il n'était plus qu'une loque, épuisé par les derniers jours passés, voûté par-dessus son bureau, entouré des hauts placés du ministère – Fleur Delacour, qui représentait le département des transports magiques, Nico Harding, le directeur de la Justice Magique, Hermione Granger, la directrice de la LID, Susan Bones, la sous-directrice de la Coopération magique internationale, Seamus Finnigan, le chef du Siège de la ligue britannique et irlandaise de Quidditch était là au nom du de la directrice des Jeux et sports magiques, un langue-de-plomb cagoulé était également présent, avec une personne dépêchée par le Contrôle et la régulation des créatures magiques et un sorcier qui travaillait pour les Accidents et catastrophes magiques.

Au milieu de ce beau monde, Ron essayait de deviner la raison de sa présence dans ce bureau. Il écarta la thèse d'une commande spéciale pour le ministère, le ministre préférait alors s'entretenir dans son bureau avec George, le co-directeur de Weasley, farces pour sorciers facétieux. Il était certainement présent en tant que meilleur ami de Harry Potter. Mais dans ce cas, pourquoi Ginny n'était-elle pas présente ?

— Merci à tous d'être présents, commença Jeremy. Vous avez été de formidables collègues, de véritables appuis, et n'avez cessé de faire de votre mieux pour votre pays. Aujourd'hui, cependant, le ministère est plus vacillant que jamais. Les réformes sont intervenues trop tard pour stabiliser le pouvoir, malgré les efforts de Kingsley Shacklebolt, notre regretté ministre, et des miens. Ni la raison, ni la force, n'a su calmer les sorciers.

Son regard se posa sur Ron, dont le moment lui rappelait vaguement quelque chose.

— Je ne suis plus apte à assurer le poste de ministre de la Magie. Ces années au pouvoir, bien que merveilleuses, ont été éprouvantes.

L'instant était solennel, chargé d'émotions. Hermione sanglotait doucement, comme si elle savait ce qui allait se passer, alors que, comme les autres personnes présentes, Ron affichait un air de désarroi, d'incompréhension, sur son visage.

— Je vous donne aujourd'hui ma démission.

Un grand silence se fit dans le bureau. Puis les questions fusèrent de toute part.

Ron, lui, se souvient de ce que la scène lui remémorait : l'instant où Shacklebolt avait laissé sa place à Nico, lors de l'entrée de Ron et Harry au bureau des Aurors lorsque Shacklebolt avait été élu ministre de la Magie.

— Il est temps pour moi de laisser la place à quelqu'un de jeune, à l'écoute des demandes des sorciers, quelqu'un qui saurait imposer les réformes nécessaires pour imposer l'ordre. Bien sûr, cette personne aura la possibilité de décliner cette offre.

Magie en grèveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant