Chapitre 13 : Révélations

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Harry ne s'y retrouvait plus. L'envie de sortir de son lit devenait de plus en plus difficile à combattre tous les matins ; seule le convainquait l'idée d'en finir une bonne fois pour toute avec l'affaire Benton, de trouver un coupable, d'enterrer cette histoire pour de bon. Jour après jour, heure après heure, il réfléchissait, tentant de reconstituer le puzzle, de trouver un mobile, une explication plausible. Matin après matin, il cherchait un motif d'arrestation pour Rita Skeeter, se surprenant par sa créativité.

Et plus le temps passait, et plus sa frustration grandissait. Rien ne tenait debout, Rita était peut-être cruelle, mais elle n'était sûrement pas une meurtrière...

Et toujours, l'idée que quelque chose de vital lui échappait, qu'il avait eu la solution sous les yeux sans s'en rendre compte, et qu'elle s'était maintenant envolée.

Vaillamment, Harry reprenait le chemin du ministère de la Magie. Avec peu d'enthousiasme, il écoutait ses anciens collègues discourir en long, en large et en travers sur tous les problèmes qui étaient survenus pendant son absence.

Plus que jamais, il se rendait compte du vide du ministère, des employés négligés, aux yeux fixes, des locaux vétustes. Lui qui avait toujours apprécié la fougue des aspirants Aurors et les salles octroyées pour qu'il puisse exercer son métier, ne se reconnaissait même plus.

Ces lugubres moments passés au ministère n'étaient rien comparés à l'ambiance qui régnait au Square Grimmauld.

Un soir, à la fin du mois de juillet, Ginny et Harry s'étaient assis face à leurs enfants, dans le salon confortable de leur maison.

Lentement, de fil en aiguille, l'histoire avait suivi son cours. Même si elle la connaissait déjà, Lily écoutait, tout ouïe. Cette soirée lui avait permis d'assimiler un peu mieux... même si elle se doutait du temps qu'il faudrait pour accepter que son propre père ait dû mourir pour tuer un dangereux mage noir. Elle était surtout soulagée de ne plus être prise entre deux feux, entre ses parents et ses frères.

Albus, sous le choc, n'avait rien dit. Il n'était pas pressé, comprenant qu'une porte de dialogue s'était ouverte avec ses parents, et qu'il pourrait revenir vers eux pour des détails supplémentaires.

James avait pris cet échange pour un affront ; refusant d'entendre les justifications de son père et les supplications de sa mère ; il avait brisé cette nuit-là la confiance qui existait entre lui et ses parents. Furieux de ce qu'il prenait pour une fuite de leur part, il passait son temps dans sa chambre, ne descendait que pour les repas et s'enfermait dans un silence buté.

Epuisé par l'année écoulée, Harry n'avait pas eu la force de se battre, préférant quitter la maison pour le travail. La lourde tâche de garder les enfants, si Ginny devait réaliser une interview, reposait alors sur les épaules de Molly et Arthur... Qui tentaient tant bien que mal de préserver leur structure familiale malgré la famille Potter qui s'acharnait à voler en éclats.

Seule Hermione, Teddy et Ron parvenaient à éclairer ses journées. Il mangeait un rapide sandwich dans le bureau d'Hermione pendant qu'elle racontait quelques drôles anecdotes survenues pendant son absence, invitait son filleul à dîner et retrouvait ses amis après le travail.

— Lorsque j'ai avancé l'idée qu'on pourrait moderniser ce qui se faisait par le ministère pour les fêtes de fin d'année et demandé des propositions au bureau des Aurors, le petit à Victor Spears était là, racontait Hermione en signant quelques papiers en même temps. Il s'est mis à décrire avec précision une fête d'anniversaire sur le thème des Indiens et du far west à laquelle il avait participé. Il a proposé qu'on fasse un sketch où il était question de cow-boy et de bisons, en disant que je ferai la maman bison, que son père serait le papa bison et que tu serais le chef bison.

Magie en grèveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant