Chapitre 3 : Vie familiale

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— Tout va bien ? demanda une Ginny assez inquiète, alors qu'il s'extrayait de la cheminée, son costume recouvert de cendres.

— Ça s'est bien passé, répondit-il laconiquement.

Elle s'approcha et l'enserra. Il enfouit son nez dans ses cheveux roux rassemblés en une queue-de-cheval lâche, laissant l'odeur de fleurs qui la caractérisait tant l'envahir.

À près de quarante ans, après une petite vingtaine d'années de mariage, Harry ne s'était jamais lassé de sa femme. Elle l'avait soutenu dans les épreuves, s'était réjouie de sa promotion, acceptait ses nombreux retards le soir, ne disait rien quand il se levait pour travailler en pleine nuit, taisait son angoisse lorsqu'il partait en mission, s'occupait des enfants avec une patience infinie.

La fougueuse Weasley qu'Harry avait connu plus jeune s'était assagie avec le temps. Travailler pour les Harpies de Holyhead lui avait appris la rigueur qui lui manquait pour s'épanouir.

Elle s'écarta et regarda d'un mauvais œil son costume.

— Tu ferais mieux de te changer. Je vais chercher Lily à l'école primaire pendant ce temps.

Elle releva son menton pour le regarder dans les yeux :

— Ce n'était pas de ta faute. Tu devrais sortir un peu, discuter avec Ron. Ça te ferait du bien.

Il hocha vaguement de la tête, monta les escaliers qui reliaient la cuisine du douze, Square Grimmauld, au rez-de-chaussée à la suite de Ginny. Elle attrapa son manteau, pendu à la patère près de la porte d'entrée, puis sortit dans l'air frais de ce début d'octobre. Harry la regarda partir avec un petit pincement au cœur.

Depuis le départ de James, et d'Albus, cette année, seule la douce Lily Luna Potter restait à la maison toute l'année. Ne plus entendre les disputes de ses enfants ni leurs cavalcades rendait Harry triste. La maison, autrefois resplendissante de joie, était redevenue terne, et l'atmosphère y était lourde.

Il monta à l'étage, troqua son costume pour des habits bien plus pratiques puis redescendit l'escalier pour s'installer confortablement à la table de la salle à manger. Il sortit de son sac à dos qu'il avait ramené il y avait quelques jours le rapport rendu par les Aurors qui avaient survécu à leur mission.

Il passa les premières pages, qui faisaient état de l'ordre de mission, de l'approbation du ministre, de la démarche à suivre demandée par Harry, et du résultat obtenu. S'y trouvaient également des photos des victimes – vivantes puis mortes.

Les paragraphes suivants relataient les faits. Harry se pencha dessus, intéressé. D'après plusieurs membres de la Brigade Magique, les sorciers chez lesquels ils devaient enquêter, dénoncés par des voisins pour kidnapping ne les avaient pas laissé fouiller la cave. Ils avaient alors forcé le passage pour y retrouver les cadavres d'anciens Mangemorts. L'affaire, puisqu'elle traitait (le plus probablement) de meurtre devenait la  responsabilité des Aurors. Appelés à la rescousse, les Benton  avaient paniqué puis riposté lorsqu'ils avaient tenté de les ramener au ministère pour un interrogatoire plus complet. Était relatée la bataille qui s'était ensuivie, les ravages qui en avaient résulté et la fuite des coupables. Le suivi médical des blessés et l'autopsie des Mangemorts et des Aurors, réalisés par Ste Mangouste, avait été ajoutés, ainsi que les soins prodigués par Claire juste après la fin du combat.

Sa lecture laissa Harry pensif. Tout cela n'expliquait pas comment la famille Benton avait passé les protections que les employés du ministère – où qu'ils travaillent – déployaient avant chaque intervention.

Il soupira, se calant dans le fond de son siège.

Il avait bien l'impression que cette histoire était loin d'être résolue.

Magie en grèveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant