Chapitre 15 : Solutions

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La forêt de Dean était moins lugubre que dans les souvenirs d'Harry. Les derniers rayons de soleil d'un été chaud et sec traversaient le feuillage des arbres malgré l'heure avancée ; des fleurs bordaient les sentiers, une douce odeur s'élevait du sol.

Les Aurors – Harry les avaient soigneusement triés sur le volet – tranchaient singulièrement au milieu de ce décor, leur uniforme rompant la monotonie du paysage. Déployés aux quatre coins de la forêt, ils se rabattaient lentement, à la recherche d'une piste, aussi minime soit-elle.

A l'écart, Harry se préparait à intervenir à tout instant. Il sentait que cela allait se terminer aujourd'hui, d'une manière ou d'une autre, et son instinct ne lui avait jamais fait défaut. C'était ce qui l'avait caractérisé chez les Aurors, et qui lui avait valu une réputation de tête brûlée.

A midi, les équipes s'arrêtèrent pour manger rapidement un sandwich. Sous le soleil qui tapait de plus en plus fort, certains avaient même abandonné leurs capes et pulls.

Ce fut en fin de soirée, alors que tous se préparaient à passer la nuit sur place – il était hors de question d'abandonner leurs positions respectives pour laisser les Benton s'enfuir une nouvelle fois – que la nouvelle tomba : on les avait retrouvés.

C'était dans une vieille masure, aux pierres descellées et recouvertes de lierre, qu'ils avaient trouvé refuge pendant ces longs mois. C'était une lamentable cabane au fond des bois. Le toit laissait filtrer la pluie qui tombait. Un poêle à moitié éteint peinait à réchauffer l'endroit. Autour d'une table branlante se penchaient deux silhouettes voûtées.

— Rendez-vous, vous êtes cernés ! s'exclama Victor Spears.

Le couple sortit sans protester, bousculé par un Auror qui leur enfonçait sa baguette dans le dos.

Ils étaient en piètre état, leurs vêtements déchirés, les cheveux emmêlés dans lesquels s'étaient pris quelques brindilles et feuilles, le visage recouvert de crasse. Tout cela ne cachait cependant en aucun cas leur maigreur extrême.

Aveuglés par plusieurs Lumos, ils papillonnèrent des yeux.

— Mr et Mrs Benton ?

Le fonctionaire n'attendit même pas leur réponse.

— Vous êtes en état d'arrestation, énonça-t-il sans émotion avant de les ligoter d'un coup de baguette magique.

— Fouillez-moi ça, marmonna Austin en désignant du menton la maisonnette.

Une équipe y entra, Parvati en sortit avec deux baguettes magiques.

— Ce sont les vôtres ? grogna Dean Thomas.

— Oui, marmonnèrent-ils de concert.

Puis ils semblèrent reprendre leurs esprits, et Brian Benton lança :

— Etes-vous infaillible, ou est-ce Claire qui nous a trahi ?

Harry, resté jusque-là resté calme, réprima la colère qu'il sentait enfler en lui. Il ne s'était pas trompé, Claire avait bel et bien joué double jeu pendant un certain temps. Il lui avait fait confiance sans se rendre compte de rien, et elle s'était moqué de lui, de ses collègues, du ministère.

Les Benton furent ramenés au ministère avec les quelques effets personnels qu'ils avaient emportés lors de leur cavalcade. Dean Thomas poussa le couple sans ménagement dans des salles d'interrogatoire différentes, ravi d'avoir une revanche sur ses coéquipiers disparus il y a quelques semaines de cela.

*

Le procès se déroula à huis clos, une fois plusieurs témoins trouvés – voisins, amis, collègues – et l'histoire parfaitement reconstituée – Emersyn tuant les Mangemorts, Claire la tuant à son tour en même temps que Nathan et organisant la fuite de leurs parents, les Benton ayant pour ordre de cacher les cadavres, le tout pour une sombre histoire de vengeance. Claire avait tout avoué dès le premier interrogatoire, plaidant coupable lors du procès, ce qui avait grandement facilité la tâche d'Harry, avouant même les meurtres d'Emersyn et de Nathan pour leur éviter de lâcher un mot préjudiciable.

Magie en grèveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant