Magie en grève

Chapitre 6 : Liens du cœur

Vendredi, Harry ne prit même pas le temps de lire le journal du matin. Il n'avait aucune envie de lire les sottises que Skeeter avait le don de rendre presque… possibles. Lyla lui ferait une revue de presse, voilà tout.

Harry passa plutôt son petit-déjeuner à prévoir la rencontre qui avait été prévue avec le ministre, et la réunion qui aurait lieu par la suite en présence des Aurors restés en Angleterre.

Il embrassa Ginny sur la tempe – elle lui rappela que son filleul, Teddy Lupin, devait passer le weekend chez eux – et il transplana au ministère de la Magie.

Harry regretta amèrement son choix de se tenir à distance des nouvelles extérieures lorsqu'il se retrouva devant le bureau de son supérieur hiérarchique. Jeremy Witt avait agité la Gazette du Sorcier sous son nez pendant dix bonnes minutes, sa mâchoire carrée plus contractée que jamais. Tandis qu'Harry tentait tant bien que mal de faire valoir que les troubles à l'ordre public se trouvait sous la juridiction de la Brigade Magique, les yeux du ministre s'étaient plissés :

— La Brigade Magique n'a pas aussi bonne presse que vous, Potter, avait-il craché avec hargne.

Sentant la colère bouillonner en lui, Harry retint la remarque cinglante qui lui brûlait les lèvres et répondit poliment :

— Ce journal n'était pas paru hier, monsieur le ministre. De quoi voulez-vous m'entretenir ?

— De ce que vous deviez faire si une chose pareille arrivait ! s'écria Jeremy.

Malgré son instinct de survie sous-développé, Harry savait reconnaître les situations désespérées après un long entraînement.

Il se contenta donc d'écouter les jérémiades de Jeremy sans en retenir un seul traître mot et en prévoyant les activités du weekend qui se déroulerait avec Teddy Lupin.

Lorsque le ministre le congédia, il eut la surprise de voir un écriteau "Nathan Benton – interrogatoire en cours" placardé au-dessous de la porte 12, le long du couloir qui menait au QG des Aurors. Ceux-ci avaient été plus rapides que prévu, bonne nouvelle pour une fin de semaine.

Il entra dans l'open-space qui servait de bureau à ses subordonnés. Ceux-ci l'attendaient : ils étaient adossés à leur bureau, face au tableau qui récapitulait les recherches en cours. Dean Thomas avait dû être chargé de l'interrogatoire de Nathan, il manquait à l'appel.

Harry profita du retour des Aurors mis sur la piste de Nathan pour redistribuer les rôles : la plupart des Aurors étaient maintenant chargés d'interagir avec les proches actuels ou passés des Benton. Pour cela, la liste établie la veille par Austin dans le bureau de la directrice serait primordiale.

À contrecœur, Harry chargea quelques Aurors de rester à l'affût de nouvelles manifestations. Il s'était tourné vers les nouvelles recrues : étant moins à l'aise avec le quotidien parfois cruel de leur métier, elles acceptèrent sans broncher.

Peu de temps après la fin de cette réunion improvisée, Dean vint le trouver dans son bureau, le visage pâle.

— Il ne savait rien, marmonna-t-il en frottant nerveusement ses mains sur son jeans. Je lui ai appris la fuite de ses parents et leurs crimes.

Harry ne dit rien. Ce n'était pas comme si les coupables jouaient la carte de l'innocence la plupart des cas.

Comme s'il lisait dans ses pensées, Dean coupa court à ses réflexions :

— Il ne mentait pas. Il était réellement bouleversé, il a dit tout ce qu'il savait, sans hésiter. Il nous a même parlé de quelques lieux auxquels sa famille tenait.