19.

815 77 16
                                    

Discuter, parler, mettre les choses à plat, c'était facile à dire. Mais bien moins facile à faire.

Kei y réfléchit pendant un bon moment : il tenta de s'imaginer la chose, de penser à toutes les solutions possibles. Chaque mot que Kuroo pourrait dire, et chaque mot que lui pourrait répondre. Aucune ne le satisfit pleinement, et il ne se permet pas d'envisager une fin.... une bonne fin. Enfin, à ce stade il n'était même pas certain de ce qu'était une « bonne fin ».

Apprécier quelqu'un, s'imaginer l'embrasser, regarder des films et parler par mots interposés sur un balcon, c'est bien différent de réellement sortir avec lui. Tout ça pour quoi, au final ? Pour qu'ils se rendent compte que ça ne fonctionne pas ?

Entre deux ou trois scénarios, Kei se disait parfois que ça ne valait pas le coup.

Un soir, il appela donc Yamaguchi. Qui fut, à son grand étonnement, bien plus utile et direct que ce à quoi il s'était attendu.

— Tu lui as toujours pas adressé un mot ?

— J'essaye. Mais c'est pas...

— Tsukki...

Assis sur son lit, face à son bureau et à son appartement sombre, il hésita à s'énerver légèrement car ce n'était pas aussi simple. Pas pour quelqu'un comme lui. Son caractère n'était pas quelque chose qu'il choisissait : il était comme ça, voilà tout.

Mais il se contenta de pincer les lèvres. Car Yamaguchi avait raison : ne rien faire et attendre, ce n'était pas la bonne tactique. Pas du tout même, et se trouver des excuses n'allait rien résoudre.

— Je sais pas quoi lui dire.

— Commence peut-être pas un « ton comportement prête à confusion ». L'attaque, c'est ta meilleure défense, non ?

Ce n'était en vérité pas si bête. La phrase était bien tournée, et avec le bon ton c'était tout à fait quelque chose qui aurait pu sortir de sa bouche.

— Ça t'engage à rien, continue Yamaguchi. J'ai pas dit de lui offrir ton amour éternel dans la seconde, mais d'au moins savoir où vous en êtes.

Kei fit la moue. Il tritura ses doigts un instant, avant de finalement soupirer pour lui montrer qu'il était plus ou moins d'accord.

Peu désireux de continuer la conversation, Kei embraya sur autre chose et lui demanda des nouvelles. Yamaguchi comprit le message, et s'adoucit même à travers le combiné.

___________________________

Pris d'une envie de glace, coincé face à la TV devant une émission sur les animaux, Kei décida qu'il pouvait bien se permettre d'aller en chercher. Il ne faisait pas encore nuit à l'extérieur, et la chaleur n'était pas vraiment tombée non plus : son ventilateur tournait à plein régime dans la pièce. D'après son téléphone, le magasin ne fermait pas avant plus d'une heure, et à pied il lui fallait bien une quinzaine de minutes pour s'y rendre.

Il enfila donc un autre short (qui n'avait pas de trous), attrapa ses clés et son porte-feuille, puis quitta l'appartement. Il fit demi-tour en arrivant dans le couloir et sortit également un sac isotherme pour la glace.

Une heure plus tard, Kei arriva dans le hall de son immeuble en ayant bien plus chaud qu'à son départ. Il espérait sincèrement que la glace n'avait pas trop fondu, mais la chaleur était étouffante, même avec le soleil qui commençait doucement à descendre.

La porte son appartement se referma dans son dos, alors même que Kei avançait vers le ventilateur pour le mettre en route : il en profita pour ouvrir la fenêtre afin de laisser un courant d'air entrer, puis tourna les talons pour aller mettre la glace au frigo.

Neighbors || KurooTsukiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant