6.

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Kei fut réveillé en sursaut par un coup à sa porte.

Il papillonna des yeux, se redressa rapidement, le cœur battant, puis fixa l'entrée de son appartement qu'il pouvait apercevoir depuis son lit d'un air incertain. Avait-il rêvé ? Il n'en avait pas eu l'impression mais...

De nouveaux coups retentirent, légèrement plus forts, puis ce fut au tour de sa sonnette qui diffusa dans la pièce un son aigu qui le fit grimacer. Son cœur s'accéléra, comme un réflexe : passer du silence le plus complet à un tel bruit lui donna envie de se tordre les doigts et de se boucher les oreilles.

Un petit coup d'œil en direction de son réveil lui apprit qu'il était trois heures du matin, et que décidément il n'avait pas de chance. Si l'un des gosses de l'immeuble avait décidé de faire chier son monde, il jurait que sa mère n'allait pas le retrouver le lendemain matin. Ou peut-être que si, en fait, mais en petite soupe aromatisée au poivron.

Grognant, il rabattit les couvertures sur le côté, attrapa ses lunettes, puis se leva. L'inconnu continuait d'appuyer sur sa sonnette, et s'il continuait comme ça il n'allait pas tarder à réveiller tous les voisins....

Mais une petite observation dans le judas lui indiqua que non, ce n'était pas un gamin qui s'amusait à le faire chier. Ou en tout cas pas un comme on pourrait s'y attendre.

Il déverrouilla la porte et l'ouvrit brusquement.

– Putain mais c'est quoi votre problème au juste –

– Tsukki !

Kuroo, un sourire idiot sur les lèvres, se laissa tomber dans ses bras en criant son nom. Immédiatement, Kei comprit la situation parce que merde, ce gars empestait l'alcool. Son corps brûlant émettait de la chaleur, même à cette distance, et ses yeux vitreux ne cessaient de se fermer pour se rouvrir la seconde d'après. Son odeur était pire que tout.

Il fronça le nez, recula d'un pas, le laissant s'écraser au sol, puis referma la porte afin de limiter les dégâts – et surtout les plaintes pour tapage nocturne.

– Je peux savoir ce que vous foutez ? siffla-t-il à l'intention de l'homme étalé dans son entrée.

Mais ce dernier ne répondit rien et explosa simplement de rire.

– C'est chez toi ? demanda-t-il avec incrédulité, la mâchoire engourdie comme si les mots avaient du mal à sortir.

Ce qui était très sûrement le cas.

– Bien sûr que c'est chez moi, abruti. Chez qui ça aurait pu être d'autre ?

Kuroo continuait de le regarder avec amusement.

– Bah chez moi, répondit-il comme si cela allait de soi.

Il s'est trompé de porte ?

– Je rêve, grogna-t-il.

Kuroo haussa un sourcil, un sourire goguenard aux lèvres.

– Ça voudrait dire que tu rêves de moi. Est-ce que tu rêves de moi, Tsukki ?

Le ton de sa voix était à la fois amusé et parfaitement curieux. Kuroo l'observait d'en dessous, battant innocemment des cils. Il fit de son mieux pour ignorer le petit rosissement de ses joues.

– Là, c'est vous qui rêvez. Allez, debout, vous retournez chez vous.

Kei tenta de le remettre sur ses pieds, tirant ce grand idiot par ses vêtements comme il le pouvait, mais tout à coup Kuroo tira dans l'autre sens, et Tsukishima bascula en avant.

– Arrêtez vos conneries ! s'énerva-t-il en se rattrapant comme il put. Putain mais vous avez pas d'autres personnes à aller faire chier ?

– Sûrement, mais tu es le plus proche alors...

Putain.

Il tenta de se relever afin de s'éloigner rapidement de lui, mais Kuroo fut plus rapide :

– Tsukki, reste avec moi !

Mais soudain, alors même que le Kei s'apprêtait à lui envoyer une remarque bien sentie (quelque chose d'honnête, comme « allez-vous faire voir » ou bien « je vais appeler les flics » ou une suite peu logique de noms d'oiseaux), l'expression de Kuroo se fit légèrement triste. Il leva ses bras, les passa autour du bassin de Kei, et lui demanda :

– Pourquoi t'as disparu comme ça, au lycée ?

Kei se tendit perceptiblement et tenta de se dégager. Sa mâchoire se serra, et il baissa les yeux pour voir si l'autre abruti était sérieux : son expression lui apprit qu'il l'était. Sérieux, bourré, insupportable. Il n'était certainement pas prêt à avoir cette conversation à cette heure de la nuit.

Tout bien réfléchi, il n'était pas prêt à avoir cette conversation tout court.

– Lâchez-moi, Kuroo.

Mais il le serra encore davantage contre lui.

– On se parlait tous les jours avant, et tout d'un coup t'as arrêté de répondre. Quand on se voyait, tout allait bien et puis tout à coup tu... J'habitais trop loin pour réussir à venir et –

– Lâchez-moi !

– Tsukki, s'il te plaît, dis-moi juste pourquoi tu voulais plus me voir. Et après je te laisserais tranquille je te le promets –

– Fermez-là !

Son cri sembla le surprendre assez pour qu'il se taise réellement. La pression de ses bras se relâcha et Tsukishima se releva, les joues rouges de colère. Il s'épousseta avec rage puis rouvrit la porte.

– Vous ne pouvez pas jouer avec quelqu'un puis vous attendre à ce qu'il revienne vers vous comme un bon petit chien. Maintenant dégagez de là, si vous êtes suffisamment bien pour me faire chier, vous l'êtes aussi pour traverser le couloir.

Kuroo le regarda avec peine, la bouche fermée, puis baissa la tête et passa devant lui.

– Tsukki...

Mais il lui claqua la porte au nez.

Une fois seul, Kei lâcha un grand soupir et se laissa glisser contre le mur.

– Vous ne pouvez pas vous attendre à ça, murmura-t-il.

Neighbors || KurooTsukiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant