Sentiments partagés

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PDV DE ZÉLIE

Ma relation avec Embry s'était énormément développée en seulement un mois. En un mois j'avais découvert le garçon, l'homme qu'il était. Au fur et à mesure que nous passions du temps ensemble, il m'avait expliqué la relation tendue que sa mère avait eu avec ses parents et avait toujours avec sa mère ainsi que sa raison. Il m'avait aussi expliqué la relation qu'il entretenait avec sa grand-mère, celle qu'il avait eu avec son grand-père qui avait représenté pendant quelques années sa seule et unique figure paternelle. Il avait aimé sincèrement son grand-père et aimait aujourd'hui sa grand-mère plus que tout, mais une part de lui ne cessait de leur en vouloir en raison de la manière dont ils avaient traiter leur fille.

J'adorais aller le voir travailler au garage. À chaque fois, il prenait le temps de m'expliquer chaque étape de son travail et je lui étais reconnaissante de ne pas me considérer comme un objet décoratif de la pièce. Également, j'appréciais énormément Adriel, le propriétaire du garage. Cet homme d'une cinquantaine d'années été veuf depuis maintenant trois ans et ses trois enfants vivaient à Seattle pour leurs études. Il avait envisagé à un moment de sa vie, de quitter la réserve et de partir s'installer à Seattle mais après réflection, il en était arrivé que le seul endroit où il pouvait vivre était la réserve et uniquement la réserve.

Embry considérait Adriel comme son oncle, et le sentiment était partagé. Adriel, un jour où Embry était à l'extérieur entrain de ramener une voiture dans le garage, m'avait dit qu'il le considérait comme son neveu. Que "ce gamin lui avait redonné goût à la vie", surtout après le départ de son plus jeune fils. C'était là, la raison principale qui me faisait énormément apprécier le garagiste. Je lui étais en quelque sorte reconnaissante d'apporter un tel apport dans la vie de Embry car il le méritait, vraiment.

La mère de Embry, Tiffany, était une femme adorable. Elle s'était battue toute sa vie pour offrir à son fils la meilleure vie possible, et selon moi, elle y était arrivée. Elle lui était totalement dévouée et était prête à se sacrifier pour lui, je trouvais ça admirable. J'avais adoré chacun des dîners passés avec elle, et en particulier les anecdotes sur la vie de son fils lorsqu'il était petit. Embry était toujours gêné à chaque fois qu'elle abordait un souvenir d'enfance, mais il riait tout le temps de bon coeur, me provoquant systématique une chaleur dans le coeur.

Les repas en compagnie de mes grands-parents se déroulaient également dans la bonne humeur et à chaque fois j'avais la même impression, le même ressenti : Embry était à sa place avec nous, avec moi. Et je pensais être également à ma place à ses côtés. J'avais conscience que mes sentiments envers lui avaient évoluer à une vitesse surprenante. En un mois, la colère que j'avais éprouvé envers lui pendant les trois premiers mois de la rentrée avait totalement disparue pour laisser place à un sentiment totalement opposé : l'amour.

J'avais compris que j'étais amoureuse de lui un soir lorsqu'il était venu me chercher à la boutique de la réserve, comme il le faisait depuis maintenant trois semaines. Nous étions entrain de rentrer en marchant, et je l'écoutais m'expliquer le nouveau véhicule qu'il devait réparer durant le weekend qui arrivait. Il souriait, ses yeux brillaient d'excitation à l'idée de ce nouveau projet puis, il s'était arrêté soudainement pour me montrer la constellation de la grande ourse. Il s'était mis à m'expliquer comment la reconnaître mais moi je n'avais pas regardé le ciel une seule minute. Je l'avais regardé lui, et j'avais compris que j'étais tombée amoureuse de lui en un claquement de doigt. Lorsqu'il m'avait déposé chez mes grands-parents, j'étais immédiatement allée trouver ma grand-mère afin de lui expliquer ce que j'avais ressenti et à quel point j'étais perdue. Elle m'avait alors répondu seulement quelques mots.

- Ah ma chérie. C'est ça l'amour. Quand on pense ne pas en vouloir, il nous tombe dessus, d'un coup, paf ! J'ai vécu la même situation avec ton grands-père.

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