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- Il... est... parti, maman. Il est parti.

Si Julia avait tenu tête à son mari en sa présence c'était tout le contraire lorsqu'il était parti. Elle a versé toutes les larmes de son corps.
Elle pleurait parce-qu'il était parti juste au moment où elle avait grand besoin de sa présence, de son soutien et de son support.

Oui Dimitri François était parti de la maison. C'était comme une bombe en pleine figure pour elle. Un choc brutal.
Cela l'inquiétait beaucoup.

Est-ce qu'elle pourra tout gérer toute seule ?

Voilà la question qui tourmentait son esprit.

- Ma fille, calme-toi!

Julia se sentait abattue. Elle avait besoin de parler à quelqu'un, de s'exprimer sans avoir à masquer ses émotions.

Et c'était sa mère qu'elle avait téléphoné après le départ de son mari.

- Que vais-je devenir, maman ? J'ai tellement mal. Je me sens impuissante face à tout ça.

- Ce n'est pas la fin ma chérie. Ce n'est que le commencement d'un autre chapitre de ta vie. Un chapitre que Dimitri n'en fait malheureusement pas parti et tu dois pouvoir l'accepter.

Pour toute réponse, Julia donna libre cours à ses larmes. Sa mère continua en ces mots :

- Je m'inquiète uniquement en te sachant seule chez toi avec Nathan. S'il t'arrive quelque chose au cours de la nuit par exemple j'ignore comment tu te débrouilleras. Écoute-moi Djoule. Tu vas devoir être forte pour toi-même, pour ton fils et pour ce bébé. Oui, sois forte ma fille. C'est l'adversité qui frappe à ta porte. Tu dois pouvoir tout gérer. L'horizon s'assombrit et les difficultés paraissent énormes, élève-toi donc à un autre niveau. Fais ressortir le meilleur de cette situation mise sur ton chemin. Je veux surtout que tu saches que le temps n'est pas à la mollesse mais à l'intrépidité.

Du revers de la main, Julia s'essuya les yeux. Elle ne s'attendait pas à ce grand discours de sa mère. Cela ne l'étonnait nullement puisque sa mère était une battante. Une femme blessée par la vie mais qui se permet de sourire tous les jours. Une femme paraplégique. Elle la soutenait toujours dans toutes les difficultés de sa vie.

- Merci, maman.

- Je t'en prie. Repose-toi! Tu iras travailler demain Dieu voulant, non ?

- Oui, j'irai.

- Mes salutations à mon petit-fils. Prends soin de toi ma fille.

- Je le ferai. Je t'embrasse.

* *

Le lendemain, Julia était totalement dans les nuages. Elle se peinait à croire ce qui était en train de lui arriver. Elle n'avait plus de vie conjugale à présent. Elle n'avait que la solitude pour conjoint.

Se réveiller seule dans son lit tous les matins. Voilà ainsi ce qui l'attendait!
Elle lui avait tout donné pour ensuite recevoir ce comportement froid et égoïste.

Ce qui était douloureux dans tout ça c'était que la veille, Nathan était venue la voir dans sa chambre pour avoir une confirmation que son père avait bel et bien quitté la maison et ensuite la rassurer qu'il attend impatiemment ce bébé. Si son père était parti alors lui il veut donner tout son amour à son petit frère ou sa petite sœur.

Julia se demandait à tout bout de champ si ce garçon était vraiment son fils. Il ne cessait de l'étonner continuellement.

Malgré son manque d'intérêt pour les choses, elle s'était armée de force et de courage à se battre seule dans toute cette histoire pour elle-même, pour son fils et pour le bébé qu'elle portait quand son petit frère l'a téléphoné au cours de la journée.

Ayant appris sa situation par l'entremise de leur mère, il lui vint en aide. Julia accepta volontiers.

Jérémy Raphaël, homme de lettres, rédacteur en chef d'un Journal réputé du pays, pouvait se déconnecter du monde quand ça lui plaisait. Mais il se manifestait toujours quand quelque chose n'allait pas chez les siens.
Étant donné qu'il n'était pas marié, il séjournerait chez Julia le temps pour elle de trouver un équilibre entre les choses.

Cette aide fit un grand bien à Julia. Dans les jours qui suivirent, Jérémy avait pris le soin d'emmener Nathan à l'école et de passer le prendre par la suite. Les choses allaient un peu mieux.

Mais pourtant Julia n'était pas totalement heureuse. Il y avait cette douleur toujours lancinante dans son coeur. Elle s'efforça de se nourrir uniquement pour le bien-être de son bébé mais en vrai l'appétit lui manquait.
Le simple fait de l'appeler Mme François à son lieu de travail ne lui permettait pas d'oublier le cauchemar qu'elle vivait.

Pourra-t-elle pardonner cet homme un jour ?

Elle le voulait mais n'en était pas certaine. Jusqu'à présent, Julia n'avait pas de difficulté financière car à son grand étonnement, Dimitri avait payé l'écolage de Nathan.
Il ne lui avait pas remis l'argent mais l'avait payé directement au compte de l'établissement.

Avec son salaire elle pouvait donc se débrouiller pour la ration alimentaire de sa maison et cautionner les autres dépenses.
Sa collègue India, une fois au courant du départ de son mari, lui avait proposé d'ouvrir un business afin de ne pas dépendre financièrement sous aucun prétexte de Dimitri.
S'il ne voudrait plus assurer l'écolage de Nathan un jour pour qu'elle ne se trouve pas dans le pétrin.

Elle trouvait l'idée géniale mais ne pouvait pas la mettre à exécution pour l'instant. Entre la gestion de sa maison, de son travail, et de sa grossesse risquée, elle pouvait à peine respirer. Tout le fatiguait.
Il est vrai que son frère était à ses côtés mais elle ne pouvait rien l'exiger. Il faisait de son mieux pour la supporter. Il faisait parfois le ménage, la cuisine même quand Julia l'en empêchait.

Elle ne voulait surtout pas être un fardeau pour son frère. C'était son foyer après tout. Et il n'était pas le fautif de sa peine de cœur.

Amour ou Pitié ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant