Amour ou Pitié ?

13.

Si Anthony pouvait tant bien que mal raconter la tragédie qu'il a connu par le passé, Julia de son côté ne pouvait pas. Elle ne voulait pas.
Sa blessure très récente était encore ouverte, elle ne voulait pas en parler.
Mais comment se renfermer face à un homme qui lui avait tout dit du cauchemar qu'était sa vie ?

- Oui, vous. Les larmes versées en ma présence la fois dernière m'ont bien fait comprendre que vous portez une blessure affective également. J'ai pu remuer mes mots dans ma pensée et j'ai pu constater que je ne vous avais rien dit de mal qui pourrais vous blesser.

- Non, vous n'avez pas à vous torturer de la sorte. Vous n'y êtes pour rien.

- Alors qu'est-ce qui vous est arrivée ?

- Euh.. je.. J'ai été abandonné par mon mari.

- Comment est-ce possible ? Il vous a largué pour une autre ?

- Non pas à ce que je sache. Après la naissance de mon fils, il y a 13 ans de cela, il m'avait fait comprendre qu'il ne voulait plus d'enfants. J'avais accepté mais au fond j'en désirais un autre. Mon fils est né d'une grossesse gémellaire; la fille n'a pas survécu. J'ai toujours pris mes pilules contraceptives mais entre les exigences de mon travail et mon rôle de mère et épouse, j'ai oublié complètement. Ma grossesse actuelle est donc le résultat.

- Il t'a abandonné pour ça ? Alors qu'il devrait assumer ses responsabilités ? Je n'arrive vraiment pas à y croire.

- Il m'avait demandé d'interrompre ma grossesse mais je ne voulais pas. Après avoir perdu un bébé, je sentais que c'était une chance qui m'était offert d'avoir un autre. Alors il a ramassé ses affaires et il est parti de la maison.

- Vous avez pris la bonne décision. Un enfant est un sujet de réjouissance. Beaucoup de femmes soupirent après une grossesse.

- Oui, c'est vrai.

- Alors vous vivez seule avec votre fils ?

- Non, j'ai un petit frère qui vit avec moi. Depuis le départ de mon mari, il s'est installé à la maison. Et vous, vous vivez seul ? Vous n'avez pas de liaisons ces temps-ci ?

- Oui, je vis seul et ma dernière liaison remonte à quatre mois.

- Je vois.

Julia jeta un coup d'oeil à son téléphone. Il était presque six heures.

- Je dois rentrer afin de m'allonger un peu.

- J'ai été heureux de discuter avec vous, Julia.

- Votre plaisir est partagé mon cher.

Ils regagnèrent la sortie et Anthony prit soin de la déposer chez elle.

* *

- Il y en a une qui a bonne mine aujourd'hui, déclara India avec une voix gaie.

- Bonjour très chère.

- Oui, bonjour ma chérie. Tu vas me dire ce qui t'es arrivé ou devrais-je le deviner ?

- Rien de spécial, hier une fois rentrée j'ai dormi jusqu'au petit matin.

- Ah vraiment ?

- Oui, qu'est-ce que tu croyais ? Il a été prouvé qu'une bonne nuit de sommeil répare le corps de sa lassitude.

India allait répliquer quand une femme avec un bébé emmailloté dans les bras s'approcha pour parler à Julia.

- Nous en parlerons plus tard, chuchota-t-elle à sa collègue.