Amour ou Pitié ?

18.

On est lundi matin. Le soleil se levait à peine. Oc'c était très calme.

Julia était encore au lit en robe de chambre. Les souvenirs de la veille surgirent dans ses pensées et elle émit un large sourire.
Oui elle avait passé un après-midi agréable aux côtés de l'homme qu'elle aimait profondément. Le père adoptif de sa fille. Son futur époux.

Revenus du parc, ils firent l'amour dans la chambre de Julia. Anthony avait tellement hâte de sentir le corps de cette femme sous sa peau mais en même temps il avait peur de faire du mal au bébé. Julia lui rassura que ce n'était en aucun cas nocif pour leur fille.
Elle avait un corps attirant malgré sa grossesse. Un vrai chef-d'oeuvre.

Julia chercha son téléphone près du bureau de son lit quand sa main toucha un objet. Une montre. C'était celle d'Anthony.
Elle sourit avant de jeter un œil aux aiguilles, il était presque sept heures.

- Mince ! Je vais en retard.

Elle s'empressa de se préparer pour le travail en espérant que son frère avait cuisiné quelque chose. Oui, il l'avait fait. Décidément le monde de Julia s'écroulerait sans Jérémy. Il était le frère rêvé de tous. Et celle-ci ne s'en plaignait jamais.

- Il y en une qui a pris sa journée aujourd'hui. Je me trompe ? Demanda son frère.

- C'est ce que tu crois ? Tu me connais très mal alors. Comment ça a été hier chez Mischaelle ? Je ne t'ai pas entendu entrer.

- Tu sais que je suis un type bien. Ses parents m'adorent. Tout s'est bien passé. Et toi avec Anthony ?

- Génial. Je deviens la femme enceinte la plus baladeuse que le monde n'ait jamais connu. On a visité le parc de loisirs de la Rue Léon.

- Vraiment ? J'ai emmené Mischaelle là-bas également après le dîner. C'est très beau ce parc. Elle a beaucoup aimé.

- Mon petit frère est très amoureux à ce que je vois. Il faut que je me dépêche à présent. Merci pour la nourriture mon grand.

- Tu es amoureuse également à ce que je sache. Je t'en prie grande sœur. Ton fils s'ennuie déjà sans électricité chez maman. Il ne peut pas jouer continuellement sur sa tablette. Il te faudra lui téléphoner.

- Ça lui apprendra à profiter de la nature. Je téléphonerai sur le portable de maman en fin d'après-midi.

- D'accord. À plus tard! Je m'en vais.

* *

- Allô!  Maman ? Dit Julia au bout du fil.

- Maman, c'est moi Nathan.

- Mon poussin, comment tu vas ? Où est ta grand-mère ?

- Elle est entrain de se baigner. Je vais bien maman et pour toi ? Et Amélie ?

Julia sourit et jeta un coup d'oeil à son ventre avant de répondre en ces mots :

- Je vais bien mon coeur et Amélie également. Dis-moi, tu t'ennuies là-bas ?

- Oui, je m'ennuyais mais j'ai pu sortir aujourd'hui. Tante Junie m'a fait visiter le musée et on a baigné dans la rivière.

- Oui l'eau est très bonne et je le sais. Je t'en prie fiston de suivre les règles de ta tante quand tu es avec elle dans la rivière, ne t'aventure jamais seul. Reviens-moi sain et sauf.

- Tes désirs sont des ordres maman chérie. Comment va Tony ?

- Il va bien. Tu as mangé ?

- Oui, c'est fait. Mes salutations à Tony maman. Il me manque beaucoup.

- Je le lui dirai champion. Fais attention à toi! Mes salutations à ta grand-mère.

- D'accord. J'ai appelé papa hier, tu sais.

- Vrai.. vraiment ? Il te manque ?

- Non pas du tout. J'ai voulu lui faire comprendre qu'il est le plus stupide des pères de m'abandonner comme ça. Alors que Tony me traite tellement bien !

- Tu lui as parlé de Tony ?

- Non.

Cette situation embarrassait Julia.

- Nathan, mon fils, ton père n'est pas stupide. Ne dis plus jamais ça. Il n'a seulement pas pu gérer la situation donc il est parti.

- Je ne veux pas que tu prennes sa défense maman. Mon père ne fait que me donner de l'argent rien de plus. Tout l'argent du monde ne pourra jamais remplacer sa présence. Il n'est pas parti car il n'a pas pu gérer la situation mais plutôt car il n'a pas voulu de ma sœur et je le sais.

- Mon chéri, calme-toi un peu ! Malgré tout ce qui a pu se passer, il reste ton père à jamais que tu le veuilles ou non. Ta sœur ne portera pas son nom mais toi oui.

- Je dois malheureusement accepter ça pour le restant de mes jours.

- Tu n'as pas à t'en faire trésor. Maman ne partira jamais. Je serai toujours là pour toi.

- Je le sais. Tu es la meilleure des mamans. Je t'aime très fort.

- Je t'aime aussi mon bébé. Mes salutations à ta grand-mère. Bisous.

- Je t'embrasse. À la prochaine.

Nathan était vraiment très blessé pour s'exprimer ouvertement à sa mère par de tels propos. D'ailleurs, c'était la première fois qu'il le faisait depuis la séparation de ses parents.
Julia s'inquiétait à son sujet mais en même temps elle se réjouissait qu'il ait pu vider son sac. Ce n'était pas facile pour lui de digérer tout ça même s'il progressait sur le plan scolaire. Elle le savait. La modification de ses habitudes de vie constituaient des expériences douloureuses et troublantes pour lui.

Il est vrai que son petit bout de chou était un véritable battant car il s'en sortait toujours des situations désespérantes sans aucune séquelle depuis sa naissance mais elle savait qu'il ne serait pas exempt de toute cette situation bouleversante.

Leur vie était instable et angoissante et il était vrai que Julia détestait Dimitri pour cet abandon mais il n'allait jamais le démontrer à son fils.
Ce serait lui détruire définitivement et volontairement car elle savait que les conflits perpétuels entre conjoints pouvaient perturber les enfants sur tous les aspects.
Elle comprenait que son fils n'était pas indifférent face à tout ça. Elle espérait du fond de son coeur que ce séjour dans la province en pleine nature allait lui changer les idées. Elle l'espérait vraiment.

Elle partit se chercher un peu d'eau dans la cuisine. Cette conversation l'avait presque dépourvue de toute sa réserve hydraulique dans le corps.