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- J'ai un avion qui m'attend. Il faut que j'y aille, dit Anthony avec empressement.

Il était neuf heures du matin. Ça faisait huit jours déjà depuis que Nathan était sorti de l'hôpital.
Couchée dans son lit et dos à la porte, Julia ne s'est même pas retournée au son de voix de son fiancé. Elle remonta la couverture sur son corps.

- Ta décision semble être irrévocable donc on a rien à nous dire toi et moi.

Il mit les deux mains dans la poche.

- Julia, qu'est-ce que tu ne comprends pas dans le fait que ma fille a eu un accident de voiture ? J'aimerais être à son chevet.

- Et pourquoi je n'arrive pas à te croire ? Sur un coup de tête, tu veux quitter le pays pour te rendre au chevet de ta fille. Et moi dans tout ça, tu y as pensé ?

Anthony s'est assis sur le lit. Sa fiancée se retourna à l'instant.

- Tu penses que j'aurais menti sur la tête de ma fille ? Depuis que nous nous sommes rencontrés, j'ai toujours pensé à toi et j'ai fait de ton bonheur ma priorité. Je ne t'ai jamais caché le fait que j'ai une fille. Il est vrai que je ne suis pas présent dans sa vie comme je devrais l'être à cause des circonstances mais je reste son père tout de même. Elle porte mon nom de famille. Elle est gravement blessée dans un accident, il est donc de mon devoir d'être auprès d'elle.

- Tu comptes revenir quand ?

- Je n'en ai pas la moindre idée. Je te le dis sincèrement.

- Tu t'entends parler ? Entre la convalescence de Nathan, les préparatifs de notre mariage et ma grossesse, j'arrive à peine à tout surmonter. Et tu choisis de défiler maintenant pour ensuite me jeter à la figure que tu n'as pas la moindre idée de la date de ton retour.

- Baisse le ton, Julia. Je ne suis pas sourd. Ma fille est entre la vie et la mort, tu comprends ça au moins ? Je me fais un sang d'encre pour elle. Et toi, il n'y a que mes retrouvailles avec Alyssa qui te préoccupe. Tu es une mère. J'ai espéré une meilleure réaction de ta part.

- Et alors, Anthony ? Qu'est-ce qui me prouve que tout ça n'est pas une mascarade pour que tu retournes dans les bras de la mère de ta fille ? Comme par magie, elle t'informe de l'accident de ta fille. Elle ne te parlait pas, je me trompe ?

- On a renoué contact la semaine dernière.

- Je comprends à présent. Je n'ai été qu'une imbécile dans tout ça. Vous avez renoué contact juste avant l'accident de ta fille. Quelle chance du destin !

- Je n'ai pas à me justifier auprès de toi. Tu as le choix de me croire ou non. Je ne t'empêche jamais de parler à ton ex-mari alors pourquoi ça te perturbe à l'idée que je vais revoir la mère de ma fille ? Que crains-tu ? Ce n'est pas un adieu mais un au revoir !

- Je n'en ai pas l'impression. Rien ne me perturbe mon cher. Fais ce qui te semble bon !

Anthony jeta un coup d'oeil à sa montre avant d'ajouter :

- Tu viens de voir ton fils allongé sur un lit d'hôpital. Tu devrais comprendre mieux que quiconque la douleur et le désespoir d'un parent face à son enfant mourant. Alyssa ne m'y a pas forcé. Je pars voir ma fille de mon plein gré. Alors ne la déteste surtout pas. Je dois récupérer mes bagages à la maison. Je m'en vais.

- Alyssa par ci. Alyssa par là. Vas donc la retrouver. Bon voyage ! Bonne retrouvaille !

- Merci.

Il tourna les talons. Elle eût le cœur brisé de le voir partir sans même prendre la peine de lui embrasser. Était-elle jalouse ? Oui. Elle ne voulait pas qu'il s'en aille. Elle avait comme l'impression qu'elle vivait la même chose qu'elle avait vécu avec Dimitri. Les mêmes sensations lui revenaient. Les mauvaises. Allait-elle être abandonnée par cet homme qui lui promettait monts et merveilles à lorsqu'elle lui faisait pleinement confiance ? Pas seulement elle mais surtout sa famille. Quelle poisse !

Anthony était un homme sensible et protecteur envers les femmes, il n'allait donc pas rester indifférent face à la douleur de quelqu'un surtout quand il s'agit de son ex petite amie, la mère de sa fille face à cet incident. C'était ce qui préoccupait Julia. Cette pensée tournait en boucle dans son esprit.

Elle partit en robe se rafraîchir dans la cuisine. Cette conversation lui avait pris toute son énergie. Son fiancé était bel et bien parti. Quand reviendra-t-il ? Elle l'ignorait.

- Que voulez-vous comme dîner aujourd'hui madame ? Lui demanda Sanie.

- Je n'ai vraiment pas la tête à la nourriture. Je te laisse le choix aujourd'hui.

- Je vais faire du riz au ragoût de cabri. Ça vous va ?

- Parfait. Inutile de songer à Anthony, il sera absent.

- Bien reçu madame. Je m'exécute.

- Sanie, tu as réveillé Nathan pour ses médicaments ?

- Oui, c'est fait.

- Merci beaucoup.

- Je vous en prie madame. C'est mon travail.

Jérémy, son frère était très absent à la maison ces temps-ci. Sans Sanie, Julia n'imaginait même pas sa vie à courir entre les tâches ménagères et la convalescence de son fils. Anthony avait vu juste en lui embauchant cette femme de ménage. Elle était plus que ça. Elle s'occupait de tout dans la maison et ceci on ne pouvait pas se plaindre.
À son septième mois de grossesse, il y a des jours que Julia avait l'impression de ne même pas pouvoir bouger un pouce.

Elle mit la main sur son ventre et chuchota quelques mots à son bébé pour ensuite se rendre dans la chambre de son fils.

Amour ou Pitié ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant