Toc, toc, toc.
— Lili? T'es debout je peux entrer?
Je me réveillai en sursaut. Je ne m'étais même pas sentie m'assoupir de nouveau? Plongée dans mes recherches à cette heure-là, la fatigue a dû avoir raison de moi.
Attendez, il est quelle heure?...10h37?! Je suis en retard!
Je me levai d'un bond de mon lit. Je ne pouvais pas me permettre d'être en retard une fois de plus. J'avais déjà totalement oublié ma colocataire, Margot, qui attendait que je lui réponde de l'autre côté de la porte. Je m'empressai de ranger mon sac, faisant tomber plusieurs de mes lotions déjà éparpillées en même temps. Le stress prenait toujours le dessus sur moi dans ce genre de moments.
— Mes lunettes. Où sont mes foutues lunettes encore?!
Margot, arrivant à entendre que j'étais totalement affolée, ouvrit la porte et me regarda pleine d'incompréhension. Avec le spectacle que je lui offrais, il y avait de quoi.
— Mais Lili, qu'est-ce que tu fais? demanda-t-elle, légèrement hésitante.
— Je vais finir encore en retard! La dernière fois était ma dernière chance Madame Bernardi me l'avait bien fait comprendre.Suffisait plus que ça. J'étais tellement affolée que je n'arrivais même plus à mettre mon jean correctement. Vite, enlève ça et prends une robe. Non pas celle-ci je l'ai déjà portée cette semaine. Peut-être ma jupe en cuir noir? Avec une chemise blanche et un collier en..
Margot me coupa court dans mon monologue intérieur. Elle me prit par les deux épaules et me regarda droit dans les yeux. C'était sa façon de me faire comprendre que j'étais en train de délirer. Depuis plus d'un an qu'on vivait ensemble, il fallait dire qu'elle m'avait prise par les épaules au moins une trentaine de fois, si ce n'est plus.
— Lili, t'as regardé quel jour on est avant de dramatiser pour ton retard et tes tenues? Eh oh, on est dimanche! C'est le week-end!
Je la regardai, les yeux ronds. Toute cette panique pour nada? Je devrais sérieusement m'exercer sur mon self-control.
Margot, voyant que j'étais un peu sous le choc, me relâcha les épaules. Cette situation l'amusait, comme à chaque fois. Elle afficha un grand sourire, ses fossettes apparurent par la même occasion. Elle avait le don de m'apaiser et ça Margot, elle le savait.— Allez ma Belle au Bois Dormant, j'ai fait des gaufres, au chocolat comme tu les aimes. Tu viens manger?
— Oh Margot, je t'ai déjà dit que je t'adore? Je ne sais pas ce que j'aurais fait sans toi.
— Tu aurais raté beaucoup de tes week-ends ça c'est sûr, répondit-elle en riant légèrement. Puis n'oublie pas de mettre un pantalon.Suite à sa dernière phrase, je baissai la tête. J'étais en culotte, depuis que j'avais laissé tomber la bataille avec mon jean. Je remis mon bas de pyjama, puis me dirigeai vers la salle de bain pour faire ma toilette. Devant le miroir, je constatais les dégâts de mes insomnies. Je semblais fatiguée, et mes cernes avaient empiré. Dans un long soupir, je m'aspergeai une dernière fois le visage d'eau froide, remis mes lunettes et quittai la pièce, rejoignant ma colocataire dans la cuisine. Au moins sa présence me mettra du baume au cœur.
Madame était occupée à ranger la vaisselle. Ses cheveux, teints en roux cuivré depuis quelques jours, étaient maintenus à l'arrière de son crâne par une pince croco. Sa nouvelle couleur allait bien à sa peau pâle, en plus des tâches de rousseur qui lui décoraient le nez et les joues. Margot était mon aînée de 2 ans et 8 mois. Elle venait de fêter ses 23 ans en Avril dernier, on était en Mai. Aux premiers abord, cette jeune femme semblait être totalement mon contraire; lève-tôt, peu bavarde, introvertie et très studieuse. Malgré nos caractères contraires, on s'entendait à merveille. Elle et moi avions une relation très fusionnelle. Ceux qui ne nous connaissaient pas assez avaient tendance à penser qu'on étaient ensemble en cachette tellement on se comportait comme des amoureux.
Sortie de mes pensées par un claquement de vaisselles. Je pris une assiette de l'un des placards suspendus et me servis deux gaufres tièdes. Margot me servit du thé dans un mug et en guise de remerciement je lui embrassai la joue.
— Ça me prépare des gaufres en plus de faire la vaisselle alors que c'était mon tour. Je me permets de te donner un "compliment" misogyne pour l'effort; Margot, tu es la femme parfaite!
— Toi aussi je trouve que tu feras une bonne petite femme d'intérieur pour ton futur époux, me répondit-elle en blaguant.
— Carrément! Surtout si il aime faire le ménage, en plus de n'aimer que les pâtes, les yaourts et le jambon sous vide, rajoutai-je, la suivant dans son délire, mon assiette dans une main et le thé dans l'autre.Une fois installées autour de la petite table à manger du séjour, nous reprîmes notre discussion. Madame avec son thé au jasmin et moi dévorant ses gaufres sans attendre.
— Et Gabriel? Il répond à toutes ces conditions? me demanda-t-elle, la voix mielleuse et remplie de sous-entendus.
— Hm..on peut dire plus au moins. Il finira bien par s'habituer à ce mode de vie, un léger silence s'en suivit. Margot reprit parole.
— D'ailleurs, ça va avec lui? Ça fait un petit moment que je ne t'ai pas vu avec lui, de par sa voix elle semblait légèrement inquiète.
— Si, si! Tout va très bien. Il est simplement très occupé avec son travail. C'est pour ça.Margot comptait me répondre mais préféra garder le silence. De mon côté, je finissais mon petit-déjeuner sans vouloir en dire plus, toujours sous le regard insistant de mon amie. Elle n'était pas très convaincue par ma réponse.
D'ailleurs, je n'avais pas remarqué que j'étais la seule toujours habillée en pyjama avec les cheveux en pagaille. Margot portait une chemisette blanche et un pantalon tailleur noir. Un joli ruban bleu sombre décorait son col en un nœud, en parfaite harmonie avec ses sandales à talons de la même couleur. Rien qu'à sa tenue, on pouvait facilement deviner qu'elle était étudiante en droit.
— Tu sors quelque part?
— Ah oui ! J'ai oublié de te dire! avait-elle déclaré en toussant, ayant avalé son thé de travers. Tu te rappelles de Darcy? Celui qui m'avait rendue mon roman que j'avais oublié à l'université. Je t'avais dit que j'ai trouvé ça bizarre qu'il me connaisse alors que je l'avais jamais vu avant.
— Oui je m'en rappelle, et je me suis mise à l'appeler Joe Goldberg après ça oui continue.Elle étouffa un rire, si elle avait un coussin à portée de main elle me l'aurait sûrement jeté à la figure.
— Par hasard il y a deux semaines au bar, je le vois arriver avec un des garçons de mon groupe, et j'apprends qu'il était très ami avec beaucoup de ceux que je côtoie, c'est pour ça qu'il me connaissait déjà. Ce soir-là, on boit, on papote un peu et le feeling passe super bien. On s'échange nos réseaux, quelques jours après nos numéros, on parle on parle on parle, puis..elle s'arrêta pour prendre une dernière gorgée de thé. Il me dit qu'il a quelques difficultés avec la dernière séquence du semestre alors je lui ai proposé mon aide. Et là, je vais chez lui.
Elle avait raconté tout ceci avec des étoiles dans les yeux. Elle qui disait préférer les romans et l'alcool aux garçons. Madame s'était même maquillée pour l'occasion? C'est sûr, elle en pince déjà pour ce gars. J'en restai limite bouche-bée.
— Eh bah, ça change largement de la Margot de tous les jours ça. J'ai déjà hâte que tu rentres pour que tu me racontes tout.
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Yeni Hayat〘 Eldarya 〙
FantasyElif, une jeune femme aussi pleine de vie que tête-en-l'air, accepte d'accompagner son bien-aimé pour une petite escapade en forêt. Mais le séjour amoureux se transforme rapidement en cauchemar quand leur chienne, Diane, se perd dans une grotte lugu...