On me retira le bandage de mes yeux et on me jeta brusquement dans un cachot sombre.
— Non, murmurai-je en entendant la porte se refermer. Non, non! Ouvrez-moi! criai-je. Laissez-moi sortir! Je suis innocente, il y a un malentendu!
Je tambourinai tant bien que mal avec mes vulgaires menottes contre la porte en fer massif.
— Vous n'avez pas le droit! Je vous jure que vous allez le regretter! Laissez-moi plaider ma cause!
Mais aucune réponse ne me parvint depuis l’autre côté.
— Ouvrez-moi! hurlai-je de plus belle.
Et ils disaient ne pas être un peuple barbare?!
Au bout de plusieurs minutes d'attente, mes muscles finirent par se fatiguer et j'abandonnai ma lutte vaine.
Je repensai rapidement à ce que je m'étais promise dans la cellule du bateau. J'allais sortir de là, j'allais pouvoir rentrer chez moi.
Après avoir tourné en rond plusieurs minutes, je me laissai retomber au sol et m’adossai au mur froid et abîmé.
Peut-être, après tout, ce n’était qu'un cauchemar; peut-être qu'après ma chute dans la grotte j'étais dans un coma complètement farfelu. Peut-être que Diane m'avait retrouvée, qu'elle aurait prévenu Gabriel et qu'il aurait appelé les ambulances. Tout ça c'était sûrement mon cerveau qui essayait de se réveiller avec tout ce scénario délirant. Pourtant depuis ma chute je n'avais fait que ressentir douleur sur douleur. Tellement réelles.
Les pierres des recoins exhalaient un mauvais mélange d’odeurs de moisi et d'eau de mer salée.
Mes yeux myopes s'habituèrent peu à peu à l'obscurité régnante, et je pus mieux observer mon entourage. Ma nouvelle cellule était grossièrement creusée dans la pierre qui composait les murs de la prison entière. J'avais en face de moi un grabat en tissu sale et grisâtre accompagné d'un seau tout aussi crasseux. Je ne me mis pas longtemps à deviner l'utilité du saut. Si mon ventre n'était pas vide, il m'aurait sûrement fait vomir mes tripes.
Si seulement ils m'avaient laissée une des couvertures du bateau, il faisait froid. Ils m’avaient grossièrement tapotée le corps pour s'assurer une dernière fois que je ne portais aucune arme, puis m'abandonnèrent à d'autres hommes qui m'avaient jetée ici, en me laissant mes menottes et ce collier épais qui m’emprisonnait la gorge. Des Lakbet, avait dit l’autre. Ces précautions, allant du bandage des yeux jusqu'aux menottes, étaient absolument débiles à mes yeux.
J'étais une menace, et cette simple idée paradoxale me fit rire.
Je donnais de légers coups à la porte à l'aide du fers de mes poignets, mon esprit se perdit entre les derniers mots que m'avait adressée l'homme masqué, puis à ceux de Leiftan.
" Ces 4 jours, tu as fait une hypothermie et tu les as passés inconsciente. Valkyon et Nevra viendront te chercher. Reprends tes esprits. "
Nevra.
C'était donc ça le prénom du mufle au cache-œil.
Le simple fait de penser à lui me frustrait au plus haut point. Si j'avais pus, je lui aurais sûrement foutu un bon coup avec ses menottes.
— * —
Au terme de ce qui me parut un long moment de solitude, le son d'un verrou qui s'ouvre fit rompre le silence dans la cellule. Par la porte émergèrent les deux gardes de tout à l'heure, habillés de cuir et d'armures incomplètes.
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Yeni Hayat〘 Eldarya 〙
FantasyElif, une jeune femme aussi pleine de vie que tête-en-l'air, accepte d'accompagner son bien-aimé pour une petite escapade en forêt. Mais le séjour amoureux se transforme rapidement en cauchemar quand leur chienne, Diane, se perd dans une grotte lugu...