À la maison, Aloïs se mit lui aussi à pleurer. À vrai dire, c'était comme si elle venait de lui mettre une balle en pleine tête ou des coups de poignards. Elle avait gagné, d'ailleurs, lui n'avait rien dit après ça, que pouvait-il dire ?
"Cool que tu sois enceinte, mais moi je te quitte" ?
Non, c'était impossible. D'ailleurs le départ de Marceau lui faisait extrêmement mal et sa réaction aussi. Tout ça voulait dire "j'abandonne, reste avec elle". Il s'en voulait, oui, parce qu'ils ne s'étaient jamais protégés sexuellement, ils n'avaient jamais fait attention à tout ça. Le résultat était là, il faisait mal et détruisait tout sur son passage.- Oh tu pleures mon cœur, c'est trop mignon... Lui dit tendrement Emy. C'est tellement... Fou !
- Oui, je sais... Dans six petits mois, nous serons parents d'un petit être...
Si Aloïs tentait de faire semblant de rien, ne sachant absolument pas quoi dire ou faire, la demoiselle était elle, complètement heureuse. D'ailleurs, la conversation ne tourna qu'autour de cette histoire de bébé à naître jusqu'à ce que son frère rentre à la maison à dix-huit heures, complètement déprimé. Il fit cependant semblant de rien et déclara :
- Je vais chez marraine, je reviendrai quand les parents seront revenus.
- Quoi ? Pourquoi ? Demanda la jeune femme.
- Parce que je m'ennuie ici. Mon sac est déjà prêt, allez, bonne soirée et encore félicitations. T'es trop belle ma sœur, et toi, bravo futur papa.
Ce furent les derniers mots de Marceau, qui se dépêcha de s'en aller. Sa marraine habitait à une bonne heure à pieds de chez lui mais ce n'était pas ça qui risquait de l'arrêter. Rester à la maison était impossible, comment le pourrait-il ? Une fois arrivé, il fut accueillit avec le sourire par Jocelyne, la sœur de sa mère, qui lui fit un gros bisou avant de lui demander ce qu'il faisait là.
- Emy est avec son copain à la maison et j'en ai assez de les déranger... Surtout qu'elle est enceinte et vient de le lui apprendre, dit-il.
- Oui, ta mère me l'a dit il y a une semaine ou deux... Je me doute que rester avec un jeune couple n'est pas évident... Tu sais que tu peux rester ici autant que le souhaites, je suis toujours toute seule de toute façon depuis la mort d'André...
Au moins, puisque son oncle était mort il y a neuf mois, ils pourraient déprimer à deux en pensant à leur vie pourries. Marceau, qui faisait confiance à cette femme plus qu'à sa propre mère lui demanda :
- Marraine, j'ai un truc à te dire... Tu as de l'alcool ?
- Ça ne va pas fort toi, pas vrai ? Lui demanda-t-elle en préparant deux verre de pastis.
- Tu crois pas si bien dire... Mais jure-moi de ne rien dire à personne...
- Enfin Marceau, tu sais très bien que je n'ai jamais rien dis de tout ce que tu m'as déjà confié à qui que ce soit... Lui répondit la dame d'une cinquantaine d'année à l'allure de prostituée, d'après la définition qu'elle donnait toujours d'elle-même.
Une fois à table, elle le regarda longuement et lui tapota le bras puis, elle but son verre d'une traite. Le jeune homme en fit de même puis se mit à pleurer.
- Son mec, il allait la quitter pour moi. Parce qu'on s'aime. Mais comme elle est enceinte, tout est foutu... Lâcha-t-il d'une traite.
- Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?! J'ai besoin d'un deuxième verre moi, toi aussi ?
Elle resservit deux verres puis Marceau se mit à tout lui raconter en s'arrêtant de temps à autres pour se moucher. La femme, abasourdie, n'en cru pas ses oreilles. Bon sang, c'était quoi ce merdier ?
- Chiotte alors ! Mon pauvre... Mais qu'est-ce qui t'as pris, bon sang ? Demanda-t-elle en prenant une nouvelle gorgée de son verre.
- J'en sais rien... Une espèce de coup de foudre... J'ai craqué dès l'instant où je l'ai vu et ensuite je suis devenu fou ou quelque chose comme ça...
- Mon chéri... Dit-elle plus doucement, Tu sais que je suis toujours franche, hein ? Ce mec n'avait pas le droit de coucher avec toi... Et toi non plus, tu n'avais pas le droit ! Enfin, le mec de ta sœur...
- Je sais, c'est ça le pire. Je m'en veux, bien sûr... Répondit-il, les yeux baissés.
- Bordel... Un si beau et gentil garçon comme toi... Tu mérites beaucoup mieux !
Ce n'était pas ce qu'il avait envie d'entendre, non. Mais elle n'avait sûrement pas tord. Le problème était qu'il était déjà trop tard, il ne pensait qu'à Aloïs, à ses caresses, ses baisers... Et bien sûr, il savait que tout ça ne se passerait jamais plus. Il allait devenir papa et ça, ça changeait tout. Le garçon finit par écouter des chansons tristes avec sa marraine pendant de longues heures et c'était d'ailleurs ce qu'ils faisaient à chaque fois qu'ils se voyaient.
Aloïs, lui, ne dormit pas de la nuit. Il avait essayé d'envoyer des messages à Marceau pour savoir ce qu'il devait faire, pour qu'il l'aide et lui parle mais il n'avait reçu aucune réponse. Bien sûr, il ignorait que le jeune homme avait jeté son téléphone dans le canal et prenait son manque de réponses comme un "fous moi la paix, je ne veux plus te parler".
Comment en était-il arrivé là ? Pourquoi lui ? Pourquoi maintenant ? Lui qui comptait prendre les choses en main s'était vu se faire couper l'herbe sous le pied par Emy. C'était... Horrible. Car non seulement, il ne pensait qu'au frère de celle-ci mais en plus il n'avait aucune envie d'avoir un enfant.
Mais pour quel genre de garçon le prendrait-on s'il la quittait maintenant ? Est-ce que sa vie était toute tracée ? Est-ce que son destin avait été écrit et qu'il ne pouvait pas y changer quoi que ce soit ?
C'était certainement ça. Il allait être papa, terminer ses études, se marier et devenir photographe professionnel.
Oui, il allait devenir un de ces gars BCBG, il ferait certainement d'autres enfants, acheterait une grande maison et roulerait dans une grosse voiture. C'était écrit d'avance.
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Aloïs 𝓝𝓮 𝓒𝓱𝓸𝓲𝓼𝓲𝓽 𝓟𝓪𝓼
RomantikBien heureuse de voir ses parents partir en vacances pendant deux semaines et de pouvoir inviter son petit-ami à la maison, Emy ignorait que ce n'était peut-être pas une si bonne idée que ça. Car entre Aloïs et Marceau, le frère de celle-ci, une ét...