Chapitre 177

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En physique, la chute libre se définissait comme la « chute d'un corps qui n'est soumis qu'à l'action de la pesanteur ». Ce fut à peu près ce qu'éprouva Namjoon, la sensation de s'écraser. Taehyung... puis Seokjin. Ils venaient tous les deux de... d'avouer... d'avouer quoi ? Ils en aimaient un autre ? C'était forcément de lui qu'ils parlaient, non ? Bien sûr que c'était de lui, alors pourquoi ne parvenait-il pas à y croire ? C'était surréaliste, jamais Namjoon n'aurait pu imaginer que les garçons pour lesquels son cœur battait finiraient par ressentir la même chose.

Ça n'avait aucune cohérence : certes, ils avaient passé du temps ensemble – beaucoup de temps –, et bien sûr ils s'étaient beaucoup rapprochés, soutenus, encouragés. Ils avaient souvent ri tous les trois, mais... au point que deux garçons en couple se mettent à éprouver des sentiments pour un troisième ? Non, ce n'était pas logique, Namjoon ne pouvait pas croire que le cœur permette une telle chose.

Et pourtant, logique et amour ont rarement fait bon ménage. Qu'est-ce que c'était, déjà, cette citation qu'il avait tant de fois lue et tenté de comprendre ? Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point. Parfois, ce qui se trouve au plus profond d'une âme humaine peut dépasser l'entendement. La croyance, les sentiments, c'était la même chose. Ça ne répondait à aucune logique mathématique, à rien de ce qui régissait l'univers. Les lois du monde et celles du cœur n'avaient rien en commun. Les unes obéissaient à la physique, les autres étaient bien plus difficiles à cerner. Tout était pourtant toujours purement logique. Ça aussi, ça l'était forcément. Le cœur n'était qu'un amas de cellules, les sentiments provenaient de l'alchimie d'hormones... alors il y avait nécessairement une explication, n'est-ce pas ? Oui, mais une explication que Namjoon ne pouvait pas saisir.

À la révélation des sentiments de son petit ami, Taehyung écarquilla les yeux. Bouleversé, le visage réfugié dans le cou de son aîné, il leva ses prunelles chocolatées sur Seokjin qui le tenait toujours entre ses bras protecteurs. Cet aveu lui donna l'impression d'une bouffée d'air : lui que ses sentiments étouffaient, il pouvait respirer : alors il n'avait pas fauté ? Ce n'était réellement rien de grave, puisque Seokjin éprouvait la même chose ?

Le regard débordant d'incompréhension – car il ne savait plus quoi penser –, Taehyung tenta de lire dans les yeux de son amant les explications desquelles il avait besoin.

« Hyung... »

Ce fut tout ce qu'il fut en mesure de prononcer. Seokjin se pencha doucement vers lui pour l'embrasser, preuve de l'amour qu'il éprouvait pour lui. Taehyung se laissa faire, rempli de joie par ce geste tendre.

« Je t'aime, bébé, affirma l'ulzzang en s'écartant de lui, et on a la chance d'être humains : y a pas de limites dans le nombre de personnes pour qui on peut éprouver des émotions. Toi et moi on a fini par l'apprendre en l'expérimentant... et Namjoon aussi. »

Les deux garçons se tournèrent d'un même mouvement vers le dernier cité qui rougit lorsque son nom fut mentionné. Il ne savait pas s'il devait répondre, et si oui, que dire ?

« Alors... on fait quoi ? demanda timidement Taehyung en jetant un regard à l'un et l'autre.

- Ça, c'est une très bonne question, répliqua Seokjin. J'imagine qu'on pense tous à la même chose... sans oser l'avouer. »

Ils échangèrent tous les trois un regard, et si d'abord ils arborèrent un air hésitant, peu à peu un sourire naquit sur leurs trois visages. C'état un sourire gêné mais qui traduisait leur soulagement aussi bien qu'une certaine hâte de ce qui allait suivre. Ils étaient impatients que tout soit enfin dit.

Et une fois de plus, ce fut à Seokjin qu'ils durent leur salut :

« On s'aime, hein ? »

Les sourires se firent plus grands, les regards plus complices encore. Taehyung acquiesça en baissant les yeux d'un air timide tandis que les prunelles des deux autres échangeaient des mots inaudibles.

Boy's love Café [Jikook/Sope]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant