Chapitre 27

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Quatre jours. Quatre jours que mes journées sont minables. Alizé refuse de me parler malgré mes nombreuses tentatives. J'ai bien conscience d'avoir été beaucoup trop loin et le pire est que je ne pensais pas un traitre mot dans mes paroles.

Quand je suis asticotée, ma meilleure défense est l'attaque.

Enroulée dans mes draps et échouée comme une baleine sur mon lit, je ressasse notre dispute. J'ai voulu lui faire mal comme elle l'a fait et là je m'en mords les doigts. Il faut que je me rachète mais je n'ai aucune idée de comment faire. Mon cerveau surchauffe sans être foutu de trouver une solution. J'ai besoin de conseils, mais à part Alizé je n'ai personne à qui parler.

Mon seul autre repaire est mon père, alors peut-être que lui aura les mots pour apaiser mes maux.

La tonalité de la sonnerie résonne dans le silence de mes peines.

— Allo ?

— Salut papa.

— Ah une survivante. Je croyais que le fantôme du Titanic vous avez fait couler.

— Je suis désolée de ne pas t'avoir appelé plus tôt. Ça a été assez mouvementé par ici.

— Je te taquine mignonnette. Je préfère que tu profites à fond de ton voyage plutôt que tu passes tes journées à m'appeler. Dis-moi ce qui ne va pas.

— J'ai fait n'importe quoi. J'ai blessé Alizé de la pire des manières en lui disant des trucs affreux et elle ne veut plus me parler.

— Ce que tu lui as dit était vraiment dur ?

— Oui, je suis allée beaucoup trop loin mais elle refuse toute approche alors j'ai plus qu'à m'insulter.

Il soupire mais se reprend.

— Écoute Adèle, je ne vais pas te faire la morale, tu n'es plus une enfant. Une chose est sûre, c'est que tes remords n'y changeront rien. Tu n'es pas la première à parler trop vite. La chose qui fera la différence ce sont tes actes. C'est si facile de s'excuser et de reconnaître ses torts. Même sans les penser, on peut le faire, c'est à la portée de n'importe quel abruti. Ce qui changera, c'est tout ce que tu vas entreprendre pour te faire pardonner.

— Mais je ne sais pas quoi faire. On est au beau milieu de l'océan, ajouté-je perdue.

— Je ne te dis pas de lui réserver la plus grande surprise ou de lui faire le plus grand cadeau. Dis-toi que ce qui vient du cœur est toujours plus apprécié. Fais quelque chose qui la touche, qui lui fera comprendre que tu regrettes.

— J'en ai aucune idée.

— Je ne veux pas te mettre la pression, mais il en faut beaucoup pour blesser Alizé. Donc si tu ne te secoues pas un peu, tu vas la perdre. Réfléchis avec ton cœur au lieu de ta tête et tu trouveras.

Sur ces dires, il me réconforte pendant quelques minutes, puis raccroche rapidement lorsqu'un de ses employés entre dans son bureau.

Je suis toujours aussi perdue. Il me faut un truc de miraculeux pour toucher ma rouquine et je redoute de me planter. Je ne vais certainement pas me racheter avec un bouquet de fleur, des chocolats ou même des vêtements.

Soudain, une lueur éclaircit mes pensées obscures. Je dois prendre les choses en main et ma seule solution est de m'ouvrir. Je haïe cette option mais je suis légèrement à court d'alternative. Si je n'avance pas, je peux tirer un trait sur notre amitié. Alizé est parfois radicale. Elle a été ma bouée pendant trop longtemps et j'ai abusé de sa gentillesse.

Je me lève la gorge serrée. Même si, je vais faire un truc que je juge insensé, il faut que je le fasse.

Attendant patiemment devant le local photo, je tourne et retourne la même vérité. Trop occupée à chercher mes mots pendant le trajet, j'ai oublié que Sam est en pause et qu'il faut que j'attende son retour pour crever l'abcès. Je me retrouve comme une gourde devant une porte close au bord de la crise cardiaque. Je sens des pellicules de sueur chuter dans mon dos et l'inconfort de la situation me fait faire les cent pas.

À L'AUBE DE NOS SECRETS II TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant