Chapitre 6

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Je prends mon carnet qui trône aux pieds de mon lit et y écris toutes mes idées sans chercher forcément de lien. Je mets en place ce système puis esquisse une sorte de plan directeur qui sera le squelette de l'histoire.

Je me prends tellement au jeu que seul le cognement à ma porte me fait relever les yeux. Cela me fait sortir de ma torpeur et je me sens d'un coup, désemparée. Pendant un instant, c'était comme si le temps s'était arrêté. Je rassemble ma crinière mal coiffée sur le côté comme si ça pouvait m'aider à atterrir.

12h34. Ça fait plus de plus de six heures que je buche sur cette maquette. Un autre coup éveille mon ventre et une soudaine envie de manger n'importe quoi me tiraille les entrailles. J'ouvre la porte et tombe sur une serveuse, qui travaille dans le restaurant où j'ai pris l'habitude d'aller, accompagnée d'une table à roulette garnie d'assiettes plus savoureuses les unes que les autres.

— Vous devez faire erreur, je n'ai rien commandé, dis-je regrettant presque de ne pas l'avoir fait.

— Je sais, c'est le capitaine qui m'envoie.

— Le capitaine ?

— Oui, il est venu voir le réceptionniste pour savoir si une certaine Adèle Epimoni avait déjeuné et lorsqu'il a appris que non, il s'est empressé d'ordonner qu'on prépare un repas, explique-t-elle.

— C'est gentil, mais je ne peux pas accepter, c'est beaucoup trop.

— Vous savez si j'étais à votre place, j'adorerais qu'on vienne me servir dans ma chambre. Profitez-en ! Ce n'est pas très souvent qu'on est invité par le commandant de cette manière.

Un énième gargouillement me fait baisser les bras et je cède à la tentation en acceptant cette somptueuse table. J'avale le tout en un record d'à peine quinze minutes, trop occupée à stopper mes grognements plutôt qu'à déguster chaque met qui est soit dit en passant est un délice. Aussitôt revigorée, je m'attelle de nouveau à la tâche de mon premier jet sans trop savoir comment m'y prendre mais c'est assez thérapeutique.

Alors que je suis de nouveau plongée dans mes idées et que mes neurones fusionnent comme si j'étais en train de créer l'œuvre du siècle, la sonnerie de mon téléphone brise ma bulle de concentration. Trop occuper à relire quelques lignes sur mon carnet, je décroche sans prendre le temps de regarder le numéro, plus décidée à raccrocher qu'à réellement engager une conversation.

— Allo ?

— Quand on vous envoie des SMS, ce serait bien de répondre, raille une voix dure.

— Pardon ?

— Ça fait des heures que j'attends une réponse de votre part. Vous êtes de la vieille école à préférer qu'on vous appelle ou quoi ?

— Pardon mais qui êtes-vous ?

— Samuel Castel, le photographe.

Des bribes de la veille s'immiscent dans ma tête me faisant rougir de honte.

— Je voulais savoir si ma proposition vous intéressait toujours ou si vous aviez noyé vos yeux dans l'alcool ?

— No... n....non j'accepte votre proposition, enfin j'aimerai voir comment se passe ce genre de shooting, bégaye-je gênée.

— Parfait, j'ai un créneau pour demain matin à neuf heures. Restez naturelle, on parlera du reste pendant notre séance.

— Ok.

— Ne soyez pas en retard, demain sera une journée chargée pour moi alors venez même en avance.

— Ok.

À L'AUBE DE NOS SECRETS II TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant