Chapitre 24

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Je range mon téléphone dans ma poche et prends ma veste. Le vent qui frappe depuis quelques jours a un peu rafraichi l'air. Bien que les températures s'avèrent toujours élevées, la brise marine humidifie l'atmosphère. Je lance un dernier coup d'œil à Alizé, toujours échouée sans aucune grâce, la bave aux lèvres, elle n'est vraiment pas prête de se réveiller.

Face à cette immensité bleue qui m'accompagne depuis le début du voyage, je me perds dans mes pensées. Je la trouve si effrayante mais si hypnotisante. Elle a ce pouvoir de me calmer, de m'apaiser. Accompagnée d'un léger vent, le portrait n'aurait pas pu être plus parfait. Je ferme les yeux respirant à plein poumon ce sentiment de puissante liberté. Mais, un léger murmure vient briser ma relaxation, comme à chaque fois.

— Tu espères communiquer avec les poissons pour éviter qu'ils ne te bouffent si on coule ? Se moque Sam derrière moi.

— Non, je pris les dieux pour que le karma s'abatte sur toi, réponds-je du tac au tac sans me retourner.

— Je ne vois pas de quoi tu veux parler. Je n'ai rien fait qui mérite une telle violence. En revanche, peut-être t'es tu juste trompée, tu voulais invoquer l'idée du kamasutra. Je dois t'avouer que je ne serais pas contre, surtout avec toi, me provoque-t-il.

Effarée, je me retourne en furie, tombant face à son légendaire sourire en coin qui me donne envie de lui enfoncer mon poing dans sa tronche.

— Ne te fatigues pas, tu n'as pas besoin de moi pour calmer tes ardeurs.

— Tu crois ? Je ne serais pas si sûr à ta place, te voir te dandiner dans ce fameux débardeur en satin me hante encore, susurre-t-il sensuellement.

Prête à virée au rouge, j'interromps la conversation qui est en train de sérieusement glisser vers une pente dangereuse. Je le contourne non sans lui lancer une dernière provocation.

— Tu sais très bien que ta main droite sera ta seule compagnie.

Et je m'échappe le laissant pantelant. Je suis presque arrivée dans le couloir de ma cabine qu'une main ferme s'empare de ma hanche me retournant brusquement.

— Je ne suis pas monté sur le pont pour simplement te parler, j'ai des clichés à prendre, ceux de la dernière fois ne me conviennent pas, m'informe Sam.

— Tu comptes me coller aux basques toute la journée ? D'abord, tu m'harcèles d'appels, tu viens me trouver sur le pont et ensuite tu me réquisitionnes pour d'autres photos. À ce rythme-là, je vais croire que tu ne peux pas te passer de moi ou alors tu es seul et tu te morfonds sur ton sort de pauvre mec isolé, lui balancé-je d'une traite.

— Très intéressant ton monologue. Pour ta gouverne, ça fait deux heures que j'essaye de te trouver pour caler ses putains de prises mais comme tu ne sembles pas comprendre que répondre au téléphone c'est important, j'ai dû trouver une autre solution qui était de te chercher en personne et ensuite, je ne suis pas seul. Je ne suis pas assez désespéré pour chercher constamment ta compagnie qui est d'ailleurs d'un ennui mortel.

Je le regarde droit dans les yeux. Je veux le voir déstabilisé. Il m'a tant de fois désorientée que je ne rêve que d'une chose, lui rendre l'appareil. Mais malgré mon regard pesant, il ne défaille pas, toujours dans la même position, le torse bombé, les muscles contractés. Rien n'a changé, même pas une mèche. Je dois vraiment être inoffensive. Il semble lire dans mes pensées puisqu'il ajoute, toujours aussi tranquille

— Tu sais que tu a l'air d'un bébé tigre, mignon mais trop petit pour faire peur, se moque-t-il.

Je souffle découragée par mon peu de pouvoir sur lui et me mets en marche pour son studio. Il faut sérieusement que je pense à aller à la salle pour me muscler, mes bras poids plumes ne m'aident vraiment pas.

À L'AUBE DE NOS SECRETS II TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant