Chapitre 18

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Je lui lance mon coude dans les côtes et le laisse en plan. Samuel se masse douloureusement et en à peine deux grandes enjambées, il me rattrape en me retournant violemment.

— Écoute moi bien, je n'ai pas pour habitude de frapper les femmes mais si tu continues à me les briser, je ne vais pas hésiter à caresser ta gueule d'ange, gronde-t-il.

— Va crever, craché-je.

Sa mâchoire se contracte et ses yeux se transforment en une lueur beaucoup trop sombre. Je vais récolter ce que j'ai semé. Samuel me reprend le bras et le sert volontairement. Même si je veux lui montrer qu'il n'a aucun pouvoir sur moi, je ne peux m'empêcher de gémir. Il me fait un mal de chien.

Le photographe se remet en route et marche rapidement. Prisonnière de sa poigne de fer, je le suis docilement. J'ai beaucoup trop mal pour essayer de me débattre.

Devant ma cabine, il m'ordonne d'ouvrir la porte et lorsque c'est déverrouillé, il me pousse à l'intérieur. Massant mon avant-bras, des marques rouges commencent déjà à colorer ma peau.

— T'as vraiment un souci, sifflé-je.

— Tout comme toi ma jolie, ricane-t-il.

— Non, toi t'es juste mauvais, une ordure obscure qui s'amuse à faire chier tout le monde avec des crises et tes sautes d'humeur, dis-je en me rapprochant de lui.

J'ai retenu assez longtemps ma colère à son égard et ma coupe est pleine. Même si je sais que je vais sûrement le payer cher, je ne peux m'empêcher de lui lancer toutes ses vérités.

— T'es qu'un salaud dépourvu de bon sens qui pollue mon voyage avec ta personnalité de merde, continué-je.

— Autre chose ?

— Si tu savais à quel point j'aimerai te faire bouffer ton insolence. T'es qu'un putain de casse-couille.

Je poursuis mon long monologue et je vide mon sac. Ça fait un bien fou, je me libère d'un poids. À bout de souffle, je me laisse glisser contre le mur. Toujours aussi muet, il me fixe longuement sans montrer la moindre émotion.

Putain de mur.

Je pensais qu'il m'aurait insultée même violentée mais non. Il ne fait rien, comme s'il ne m'entendait pas. Je remonte mes genoux contre ma poitrine et les entoure avec mes bras.

— Pourquoi ? Finit-il par dire.

— Pourquoi quoi ? Dis-je la tête baissée entre mes bras.

— Pourquoi tu ne te défais pas de mon emprise, si j'en crois tes ressentis ?

— Parce que je n'y arrive pas, avoué-je les dents serrées.

— Ce n'est pourtant pas si compliqué. Je t'avais dit que le contrat pouvait s'arrêter à n'importe quel moment.

Je relève la tête.

— Parce que je voulais rester professionnelle. Qu'est-ce qu'aurait dit ton patron si je partais comme ça ?

— Mon patron ?

— T'as dit que tu voulais exposer tes photos dans une galerie et que ton patron devait accepter d'abord avant de collaborer.

— Premier mensonge. Je suis mon propre patron.

— Et tu vas me dire que l'exposition aussi était un mensonge ?

— Non ça par contre, c'est vrai.

Je rallonge mes jambes. Mes pieds me font déjà mal. Ces chaussures ont beau être sublimes, elles me brisent les orteils. Les talons de treize centimètres ne me vont pas du tout, c'est une vraie torture. Je suis à la limite de rêver d'une bonne paire de crocs.

À L'AUBE DE NOS SECRETS II TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant