Chapitre 25

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Ma relation avec Samuel a très vite tournée vers quelque chose d'incontrôlable. J'ai beau protester qu'il n'y aura plus aucun dérapage et que tout restera professionnel entre nous, il faut bien avouer que c'est un échec cuisant. Dès que j'aperçois son regard hypnotique, je suis comme ensorcelée et je ne réponds plus de moi. Mais, je ne suis pas la seule à qui il faut jeter la pierre, Sam se laisse envahir par le désir d'une étreinte un peu trop passionnelle. Même si nous n'avons pas recouché ensemble, je le sens au bord de l'implosion à chaque touché.

Je me suis beaucoup plus lâchée avec lui, même si je reste toujours aussi rigide sur certains points. Je ne peux pas foncer tête baissée vers quelque chose que je ne maîtrise pas ou du moins, sans être pleinement sûre de la suite. Samuel est un électron libre, trop sauvage pour être canaliser ou être enfermé dans une relation stable. Je sais qu'évoquer l'idée du couple lui hérisserait le poil.

Ce n'est pas un homme qui se pose. Il est trop fougueux pour ça et moi, ça me dépasse. Je ne peux pas vraiment concevoir d'être utilisée comme un passe-temps et être jetée dès qu'un meilleur os se présentera à lui. Il faut que je me préserve.

Certes, résister à son charme demande un contrôle sans faille mais, retomber dans le même gouffre qu'avant est impensable. J'ai réussi une fois à m'en sortir et encore, j'en garde des séquelles, mais là je sais que si je mets un pied dans cet engrenage, je m'effondrerais pour de bon.

Il me faut plus pour que je baisse les armes et que j'entrevois un quelconque signe. Mais, je sais que je vais attendre encore longtemps avant de recevoir un signal, alors je dois prendre les devants.

J'envoie un rapide SMS à Sam. L'idée de rester professionnel est une pure connerie intenable. Au rythme où nos entrevues vont, la tentation va vite nous dominer. Le photographe me répond aussi brièvement que possible avec un simple « oui ». Il a beau avoir fait des progrès depuis notre toute première rencontre, il reste toujours un peu homme des cavernes.

Peut-être qu'avec le temps, je le rendrais plus chaleureux ?

Trônant au milieu de son local, ma confiance a fondu dès mon arrivé. J'ai pourtant répété tout le long du chemin pour être sûre de ne rien oublier, mais là devant lui, je demeure aussi muette qu'une carpe.

— Qu'est-ce que tu veux ? J'ai du boulot alors abrège, dit-il d'une voix détachée.

Loin de me mettre à l'aise ou d'apaiser ce crépitement d'appréhension, il nourrit mon hésitation. Impassible, il ne semble pas voir l'état dans lequel je suis. Au contraire, fidèle à lui, il persiste à classer ses clichés sans relever la tête.

— J'ai pensé qu'une analyse devait être faite sur notre collaboration, bredouillé-je.

— C'est à dire ? On a déjà revu ça et je croyais qu'on était d'accord, répond-il imperturbable.

— Des choses ont changé depuis.

— Sérieux Ada, si tu passais à l'étape d'après où tu me dis ce que tu veux vraiment, ça irait plus vite. J'ai du taff qui déborde alors grouille.

Son ton légèrement agacé me prend au dépourvu. J'ai beau vouloir revêtir l'image de la femme forte et décidée, ça ne sert à rien. Comme on dit « chasser le naturel, il revient au galop ».

— Pour que je puisse dire ce que je veux, j'ai besoin que tu me regardes et que tu m'écoutes attentivement.

Il relève la tête et me lance une œillade impatient. Finalement, ce n'est peut-être pas une si bonne idée car j'astique un peu plus ses nerfs sensibles et voir ses prunelles électrifiantes ne m'aident pas à me détendre.

À L'AUBE DE NOS SECRETS II TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant