C'est ma punition

Chapitre 11

Je fulminais dans mon coin, comme je le faisais toujours si bien. Sur le siège à ma gauche, Laura arborait un air fier d'elle avec comme une aura scintillante qui l'entourait, satisfaite d'avoir réussi son coup. Qu'avait-elle fait ? Elle s'était incrusté dans mon bus pour pouvoir venir chez moi malgré mon refus, allez savoir pourquoi. Elle m'avait déjà demandé ce matin pour passer l'après-midi avec moi, puis sans aucune raison elle avait décidé que ça serait à ma maison. J'avais refusé, et j'avais cru qu'elle avait abandonné mais non ! Au moment où les bus allaient partir, elle est montée puis le chauffeur s'est mis instantanément en route, ne me laissant pas d'autre choix que d'être obligé de me la coltiner jusqu'à ma ville. Mes parents allaient être furieux, ça c'était certain, et elle ne semblait pas sans rendre compte.

« Pourquoi t'as fait ça ? J'avais pourtant dit non !

- Allez arrête, demain c'est samedi et je sais très bien qu'on a presque aucun devoir ! Argumenta-t-elle.

- C'est pas une raison, on s'incruste pas chez les gens comme ça !

- C'était pas toi qui disait que t'allais être seul chez toi ce week-end ? Je voulais juste te tenir compagnie, je ferais comme ci j'étais pas là ! »

Malheureusement, ce midi quand on avait rattrapé les cours j'avais malencontreusement glissé cette information, qu'elle tentait d'utiliser à son avantage. Je décidai donc de capituler en lui imposant certaines limites, c'était la meilleure solution :

« Tu restes juste une heure alors, et tu te débrouilles pour rentrer chez toi après !

- Ça me va ! Affirma-t-elle, ce qui me surpris car elle ne semblait pas être embêtée pour revenir chez elle. Je reviendrais peut-être pendant le week-end pour te faire rattraper les cours si chez toi c'est assez sympa ! Ça te va ? »

Elle me tendait la main comme pour faire un deal, me forçant à réfléchir à sa proposition. J'avais pas vraiment envie qu'elle croise mes parents ce soir, mais je devais avouer que passer ce week-end avec quelqu'un ne me ferait pas de mal. J'espère vraiment que mes parents finissent tard ! Je voulais lever mon bras droit non-cassé et lui serrer la main, mais je me rappelai subitement que celle-ci était blessée à cause d'Élise. Le fait d'avoir mal en faisant le geste ne m'effrayait pas le moins du monde, c'était plutôt qu'elle ait à entrer en contact avec ma brûlure qui rendait ma peau pas du tout agréable au toucher. J'hésitais vraiment à faire le geste que Laura espérait, mais je me disais qu'elle devait avoir mal au bras à le tendre ainsi depuis maintenant une minute. Je soufflai avant de lui serrer la main malgré le fait que ça ne devait pas être très génial pour elle. D'ailleurs, j'étais un peu curieux de savoir ce qu'elle pensait de la sensation qu'elle ressentait : je levai la tête pour observer son air et je ne vis rien de particulier du fait qu'elle avait son sourire enjoué de d'habitude encore plus accentué par le fait que je venais d'accepter son deal. Il y avait 2 solutions : soit ça la dérangeait et elle était une très bonne actrice pour ne rien laisser paraître, soit elle en avait rien à faire. Je ne savais pas quoi choisir entre ces 2 options, mais ça me faisait plaisir de ne pas apercevoir un air de dégoût sur son visage comme j'en avais tant l'habitude dans ma vie de tous les jours.

« Du coup, quand t'iras dans ma chambre ne fait pas attention au bordel. Lui demandai-je d'avance, ce qui la fit rire. »

Je remontais la rue vers ma maison avec la déléguée qui contemplait le paysage de ma rue plutôt banale en s'émerveillant de tout. J'esquissai un petit sourire tout en pouffant de rire silencieusement, on aurait dit une enfant d'au moins 5 ans découvrant le monde magique de Disneyland. Mais rapidement mon air jovial disparut : on se rapprochait de plus en plus de l'endroit souhaité. Quelques secondes plus tard, nous arrivâmes devant ma maison et je m'arrêtai devant mon porche sans y entrer. En clair, j'avais carrément la trouille : le portail qui menait à ma cour était fermé et ainsi il m'empêchait de voir si les voitures de mes parents étaient là, et donc si ceux-ci étaient rentrés.