Ce n'était pas la première qui lui mentait. En arrivant au vestiaire, Naruto était convaincu qu'elle avait tenté de le piéger. Les femmes étaient toutes des menteuses. Sa mère, qui lui avait dit au revoir le matin comme d'habitude en lui promettant d'être là à son retour de l'école, et qui s'était enfuie du pays le jour même. Les maîtresses de son père, qui faisaient mine de s'intéresser à lui et de le cajoler, pour l'écarter dès qu'elles étaient appelées par le roi. Plus tard, ses propres maîtresses, qui juraient qu'il était le premier et feignaient d'accepter l'idée d'une simple aventure, alors qu'elles avaient des vues sur lui. Et maintenant, elle. La douce et virginale Hinata ; le plus cher de tous ses souvenirs, à présent souillé. Elle devait déjà être enceinte, à la recherche d'un père pour son enfant. Aurait-elle pu trouver mieux qu'un prince royal ? Elle le prenait pour un imbécile ! Toutes ces pensées se bousculaient dans sa tête pendant qu'il se dirigeait vers la suite royale. Shikamaru l'avait prévenu que son père désirait s'entretenir avec lui. Il lui rendait visite tous les jours, mais cette fois, il s'agissait d'une convocation. Le roi avait exigé que l'on fasse sortir tout le monde. En voyant ce visage décharné, tendu, Naruto comprit que ses problèmes personnels seraient plus faciles à résoudre que celui qui se présentait maintenant.
— J'ai parlé à mon chirurgien. La voix du cheikh Minato, autrefois forte et pleine d'autorité, tremblait, presque inaudible. Le dos très droit, Naruto resta immobile et impassible.
— A ce stade, il n'est pas question de m'opérer.
— Cependant, c'est ton unique chance. Son ton était assuré, comme avec n'importe quel patient à qui il aurait une effrayante nouvelle à annoncer. Seul un tressaillement de sa mâchoire trahissait le fait qu'il s'adressait à son père.
— La tumeur augmente de volume, il te faut une intervention, si tu veux vivre.
— Mon cœur est trop faible, il ne le supporterait pas. Je mourrais sur la table d'opération.
— Je vais te donner mon avis. Des avis, il y en avait eu tant, déjà ! Cependant, il n'était sûr que du sien.
— Je t'opérerai moi-même.
— Cesse tes bêtises, Naruto ! Tu es chirurgien, tu n'es pas Dieu. Son père avait visiblement rassemblé ce qui lui restait d'énergie en vue de cet entretien.
— Tu ne fais pas de miracles, reprit-il. D'ailleurs, je te l'interdis. Je ne t'imposerai pas cette culpabilité, au cas où l'opération échouerait. Je dois me reposer, recouvrer mes forces, prendre des médicaments. Ensuite, si l'état de mon cœur le permet, je serai opéré.
— Tu seras peut-être mort d'ici là.
— Ce n'est pas à toi d'en décider.
— Tu m'as pourtant enseigné le contraire... La réponse fut brève et directe : — Je suis toujours le roi. Deux hommes forts et orgueilleux envisageaient l'avenir, et ce qu'ils voyaient ne leur plaisait pas.
— Naruto, la mort ne m'effraie pas. J'ai peur pour mon pays, pour mes fils, du chaos que je laisserai derrière moi.
— Il n'est pas question de chaos.
— S'il te plaît, le temps nous manque pour nous mentir ou édulcorer la vérité. Menma et Yuki, depuis Yori ... Sous le coup de l'émotion, la voix du roi s'altéra.
— Aucun signe d'un enfant à naître..., reprit-il après s'être ressaisi. Pas d'héritier en vue après Menma, nul espoir pour le peuple. Je sais que tu ne souhaites pas me succéder, mais voici ce que je voulais te dire : tu vas devoir faire un effort, mon fils. J'ai parlé à Menma, il s'inclinera, bien qu'à contrecœur. Le pays a besoin d'un dirigeant plus fort, qui puisse donner au royaume un futur roi.
— Tu es encore en vie, père. Tu n'as qu'à refuser de mourir.
— Crois bien que je m'y efforcerai, mais je serai plus tranquille si je suis certain que mes affaires sont en ordre, et que le pays a un avenir. Il faut que tu te maries, Naruto. Tu n'es plus un play-boy, à partir d'aujourd'hui. Tu dois engendrer des enfants. Menma te cédera la place, même s'il ne le fera pas de bon gré.
— Et si Menma avait un héritier ?
— Cela n'arrivera pas, hélas ! Yuki pleure de nouveau ce mois-ci. Le peuple a besoin d'être assuré de la continuité du royaume. Naruto ne se laissait jamais emporter par l'émotion. A travers les vitres teintées, il observa un moment le village de toile où la veille était organisée. Une idée germait, croissait dans son esprit. Ce n'était d'ailleurs pas la première conversation de ce genre qu'il avait avec son père.
— Et si je t'apprenais qu'il existe un héritier ? dit-il en regardant le roi droit dans les yeux pour éviter de se représenter le visage de Hinata. Il y a une femme qui affirme porter mon enfant.
— Alors épouse-la, Naruto, et Menma s'écartera.
— Et si ce n'était pas mon fils ? En disant cela, il espérait mettre un terme à la conversation et libérer Hinata de ce destin lourd à porter... Mais le roi sur son lit d'hôpital semblait obnubilé par l'espoir de son peuple. Oh, ce ne serait pas la première fois ! La lignée pure dont s'enorgueillissait le royaume était pleine de zones d'ombre. Jusqu'à son frère Deidara, avec son teint et ses cheveux si clairs... Lui, Naruto, ne pourrait jamais élever l'enfant d'un autre, mais Menma, si.
— Tu feras au mieux pour le peuple, j'ai toute confiance en toi, Naruto.
Il ne répondit pas tout de suite. Et si c'était vraiment le sien? Menma lui laisserait la place, et il deviendrait un meilleur roi, sans doute, avec Hinata à ses côtés. Aucune femme ne l'avait emmené jusqu'à de telles hauteurs, et il pourrait la posséder autant qu'il le voudrait. Il n'aurait aucune raison de s'écarter du droit chemin. Il lui enseignerait à être une bonne épouse, et quant à leur enfant... Toutes ces pensées ne lui apportaient pourtant aucune paix. Il n'avait pas le droit de laisser parler ses sentiments. Après avoir marché de long en large quelques instants, il s'arrêta, tourna le regard vers le sud, loin du peuple et de la mer, vers ce qui lui importait le plus... Le désert immuable, qui ne changerait jamais. Certes, le sable se soulevait sans cesse et les dunes se déplaçaient, mais les constantes comme les canyons demeuraient. Lui-même était une constante. Mieux valait que l'enfant ne soit pas de lui. Lorsqu'il lui aurait fait faire une analyse pour le confirmer, Hinata se raisonnerait. Quelle femme pauvre ne rêverait pas d'un royaume pour son enfant ? Et si le roi vivait ? S'il n'était pas rassuré quant à l'avenir, c'était peu probable, Naruto le savait. Il observa une petite tempête de sable qui débutait, un événement habituel, aveuglant, paralysant, mais momentané. Puis, après avoir contemplé les canyons inchangés et considéré que son chagrin personnel n'entrait pas en ligne de compte, il se dirigea vers une autre fenêtre, au nord, pour regarder une vague qui refluait sur le rivage. A cette seconde, son destin fut scellé.
— Repose-toi, père. Je m'occupe de tout. Reprends des forces et sache que, quoi qu'il arrive, notre peuple et nos traditions seront saufs.
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Destins Reliés
RomanceElle, Sage-femme Lui, prince de Konoha et chirurgien Une rencontre passionnante Une aide précieuse Un départ plus que blessant Des retrouvailles suivit de problème pas possible. Pourront-ils, surmonter et garder la tête haute ? Trouveront ils des...