Destins Reliés

16

* * *

C'était la première fois qu'elle voyait le désert, et c'était au crépuscule. En descendant de l'hélicoptère, Naruto perçut la morsure du sable autour de ses chevilles, le sifflement du vent à ses oreilles et la chaleur du jour absorbée par la terre. Puis elle sentit la main de Naruto sur son coude tandis qu'il la guidait vers une grande tente. Lorsqu'ils s'arrêtèrent sur le seuil, il lui fit ôter ses babouches.

— Enfile celles-ci. Tout en se demandant pourquoi, elle glissa les pieds dans une autre paire de pantoufles incrustées de pierres précieuses. Lorsqu'il écarta les tentures, elle comprit : aucune trace de sable sur le sol, recouvert de tapis épais, tout comme les murs. Des lampes-tempête émettaient de la lumière et des ombres mouvantes tandis qu'il ouvrait les rideaux de soie pour pénétrer au cœur de l'habitation de toile.

Quelque peu étonnée, elle l'écouta lui présenter son personnel : Lucy et son mari Natsu, qui semblaient enchantés de leur venue et les accompagnèrent jusqu'au centre de la tente, où un festin somptueux les attendait. Ils s'installèrent sur des coussins, l'un en face de l'autre, et une lourde nappe violette fut posée devant eux. Lucy y déposa un plateau chargé de nourriture et de boissons. On lui versa du thé, et Naruto lui expliqua comment boire le mélange sirupeux au goût prononcé de menthe. Chaque gorgée faisait partie d'un rituel. La nourriture, qu'ils prenaient avec les doigts, était abondante : de la pita autour d'une viande d'agneau tendre et relevée, du pain bédouin avec des olives et du fromage de chamelle. Tout était délicieux... Pourtant, nerveuse comme elle l'était, Hinata ne se sentait guère d'appétit et commença par picorer. Cependant, voyant Naruto dévorer comme un ogre, elle se força à l'accompagner pour ne pas paraître offensante. Or, plus elle mangeait, plus Lucy apportait de plats et cela semblait ne devoir jamais finir!

— Naruto, tout ceci est vraiment exquis, mais... Il lui était impossible d'évoquer le bébé en présence de Lucy, alors comment lui faire comprendre qu'elle ne pouvait plus rien avaler? Naruto, le prince hautain qui l'avait méprisée à l'hôpital, qui l'avait épousée de force, sourit.

— Tu es rassasiée ?

— Oui ! soupira-t-elle. Je ne veux vexer personne, mais... Il repoussa le plateau et fit signe à Lucy de l'enlever.

— Ouf! Je n'ai plus faim depuis longtemps, mais vois-tu... Il riait presque, et elle eut un aperçu du merveilleux sourire qui l'avait séduite à Londres.

— Je ne pouvais pas m'arrêter ! La coutume veut que je mange tant que ma femme n'est pas rassasiée. Elle souriait presque, elle aussi. Non, elle souriait de bon cœur, en fait.

— Tu aurais pu me dire ça avant le fromage de chamelle ! De nouveau, elle entrevit le Naruto dont elle était tombée amoureuse si vite, celui qui était le père de son enfant.

A cet instant, en son for intérieur, profondément, elle sut que cela pouvait marcher entre eux. Lucy s'approcha et prit ses mains hésitantes dans les siennes.

— Ne t'inquiète pas, elle va les peindre au henné ; cela apporte beauté, chance et santé, expliqua Naruto. Elle laissa Lucy lui dessiner sur les mains et les pieds un entrelacs de fleurs qui grimpaient à l'assaut de ses mollets et de ses avant-bras, tout en réfrénant mal son impatience de se retrouver seule avec lui.

— Ils sont nos témoins, Hinata. Ils nous laisseront bientôt. Prenant sa main, Naruto lui glissa au doigt une bague d'argent torsadée, incrustée de turquoises et d'agates et ornée de symboles. Son visage était grave.

— Cet anneau symbolise non seulement deux vies, mais aussi deux familles dont le destin est désormais mêlé.

— C'est-à-dire? Sans doute n'était-ce pas la réaction la plus romantique, mais elle était curieuse de ses traditions et voulait les comprendre mieux.