Destins Reliés

12

— Shion ?

Comme la jeune femme lui tournait le dos, elle sursauta en l'entendant.

— Que fais-tu dans ma chambre?

— Je t'attendais, dit-elle en souriant.

— Je ne t'ai pas invitée.

— Et alors ? Ça ne t'a jamais dérangé... J'ai appris, pour ton père, et je voulais être avec toi pour t'apporter un peu de réconfort. Il saisit la main qu'elle s'apprêtait à poser sur son torse.

— Laisse-moi.

— Naruto... Son autre main se tendit vers son aine, mais il la bloqua.

— Laisse-moi, Shion. Je ne devrais pas avoir à le répéter.

— Fais-moi l'amour une dernière fois, Naruto. C'était si bon, nous deux ! Ce n'était pas faux, du moins l'avait-il cru avant... Curieusement, depuis Hinata, même si c'était nouveau pour lui, il n'y avait eu personne ; il n'avait éprouvé aucun désir, aucun besoin d'une autre femme. Seulement d'elle.

— Laisse-moi. Sa voix était froide comme le métal. Si les larmes de Shion le laissèrent indifférent, ses lamentations le mirent en colère, et il appela ses gardes pour qu'ils la fassent sortir. Il en trouverait une autre, et celle-là, selon le souhait du roi, serait sa fiancée. Il frissonna ; l'idée de se réveiller tous les matins avec la même femme le glaçait jusqu'aux os. Heureusement, il pourrait toujours prendre une maîtresse, ce qu'il ferait probablement, d'ailleurs. Son esprit s'envola de nouveau vers Hinata. Et s'il l'appelait ? Il eut envie de demander à Kurenai si elle avait accepté le poste. Non, c'était trop dangereux en ce moment. Peut-être, dans quelques mois, lorsque la fiancée attitrée serait au palais, se permettrait-il cette fantaisie. Qui sait ? songea-t-il en s'allongeant sur son lit. Ce serait si agréable d'aller voir Hinata à Londres... Content de lui, il sourit pour la première fois de la journée.

* * *

A l'aéroport, Hinata n'eut pas à se poser de questions. Elle remarqua tout de suite avec soulagement une jeune femme souriante qui brandissait une pancarte portant son nom. Comme promis, une collègue l'attendait.

— Merci mille fois... Encore abasourdie de sa découverte concernant Naruto, elle eut du mal à écouter les explications de Sakura.

— De rien. Dans quelques mois, c'est vous qui viendrez accueillir les nouvelles. Le système est bien fait. Vous allez commencer par une semaine d'adaptation, puis je vous servirai de mentor avant de vous laisser voler de vos propres ailes.

— Vous êtes là depuis longtemps ?

— Presque un an. Je rentre dans quelques semaines au Royaume-Uni pour mes vacances, après quoi je reviendrai pour une autre année. Ce n'était pas mon intention au départ. Jamais je n'aurais imaginé me plaire autant ici. Il y avait tant de nouveautés ! La résidence où logeait le personnel de l'hôpital était fabuleuse. Hinata occupait un petit appartement situé au même étage que celui de Sakura, et le complexe comprenait une salle de sport et deux piscines, une pour les hommes et l'autre pour les femmes. C'était un bonheur, dit sa collègue, de plonger dans l'eau bleue après une dure journée de travail.

— On ne chôme pas, à Konoha, mais on a aussi beaucoup de loisirs. Vous verrez, c'est merveilleux. Les premiers jours le furent effectivement. Sakura la présenta à de nombreux Britanniques ou Américains, des amis en puissance. Peu à peu, comme Sakura lui faisait découvrir les marchés et les souks bigarrés et bruyants qui formaient un contraste étonnant avec les boutiques ultra- chic de la ville, Hinata en vint à penser qu'elle avait pris la meilleure décision de sa vie. Dans la journée, elle était si occupée qu'elle n'avait pas le temps de penser à Naruto, oubliant presque qu'elle se trouvait dans son pays et qu'il était tout proche. Le soir, en revanche, allongée dans son lit, elle était parcourue de frissons. Sa chambre avait vue sur le palais, et elle se levait quelquefois pour regarder par la fenêtre, pour imaginer Naruto endormi. Ou non... Rien ne servait d'appuyer son front contre la vitre fraîche. Son visage était en feu quand elle se le figurait couché, tout proche. Peut-être pensait-il à elle...