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Naruto était heureux que Hinata soit là. Fidèle à sa parole, il avait quitté le désert avec elle — pour combien de temps, il l'ignorait. Mais quand il entra dans la suite royale, le fait de la savoir assise dans le salon d'attente lui facilita les choses. Menma était venu aussi avec Jamal, et Ibrahim allait arriver. Lorsqu'il la rejoignit un peu plus tard, il chercha ses yeux, ces joyaux bleus qui étincelaient sous l'abaya qu'elle avait choisi de porter.

— Comment va-t-il ? demanda-t-elle.

— Il décline. On aurait dû l'opérer avant, au moment où je l'ai suggéré.

— Son cœur n'aurait peut-être pas supporté l'anesthésie...

— De toute façon, il est impossible de revenir en arrière. Quand nous sortirons de chez mon père, tu devrais rentrer au palais avec Menma et Yuki. Je veux rencontrer le chirurgien pour discuter avec lui les détails de l'intervention.

— J'aimerais mieux t'attendre.

— J'en aurai sans doute pour longtemps.

— Me permettrais-tu de rendre visite à Lucy? Il secoua la tête.

— On pourrait te remarquer. J'estime qu'il est trop tôt pour que les gens sachent. Il vit la supplique dans ses yeux.

— Un petit moment, alors, ajouta-t-il. Dis-lui que je prie pour elle et son fils.

* * *

La maternité étant pleine de visiteurs, personne ne prêta attention à Hinata. Natsu, qui la reconnut cependant, s'inclina à son arrivée, et elle dut lui demander d'être discret. Lucy était pâle et épuisée. Ses yeux bruns se remplirent de larmes.

— Merci ! Vous avez sauvé notre fils.

— Comment va-t-il ?

— Il est très courageux. Les médecins disent que c'est un battant. Il s'appelle Naruto. Résolue à de ne pas la fatiguer davantage, Hinata ne s'attarda pas et quitta la chambre peu après.

— Sakura! Sa collègue qui se dirigeait vers le bureau des infirmières se retourna en fronçant les sourcils.

— C'est moi, Hinata.

— Mon Dieu, enfin ! Je suis passée devant l'aile royale chaque fois que j'ai pu. Qu'est-ce qui se trame donc ?

— Je n'en sais rien. Elles allèrent s'asseoir dans une petite annexe, et personne ne les remarqua.

— C'est mon dernier service, je pars en vacances demain. Je peux prévenir ta famille...

— Inutile de les inquiéter. Bien que soulagée de pouvoir s'épancher, Hinata lui raconta tout d'une voix tremblante, mais elle se sentait coupable car, ainsi décrit, le comportement de Naruto semblait épouvantable.

— A présent, j'ai l'impression qu'il n'est plus aussi catégorique. Il m'a assuré qu'il n'exigerait pas ce test.

— Si tu es certaine que l'enfant est de lui, pourquoi ne pas...

— J'ignore ce qui se passe. Ce matin, il a dit que je devrais retourner dans le désert après l'opération de son père, que le moment n'était pas encore venu de me présenter au peuple... Comme s'il voulait me cacher.

— Ne peux-tu pas lui parler, lui expliquer ce que tu ressens ? Pour toute réponse, elle eut un sourire amer.

— Bien sûr que non, reprit Sakura d'un ton compatissant. J'oubliais à quel point c'est différent, ici.

— Il n'a rien à voir avec l'homme que j'ai connu à Londres, et pourtant, parfois... Elle se souvint de la nuit précédente, de sa tendresse, mais elle était trop déroutée pour penser clairement.

— Il faut que je parte, pour avoir le temps de réfléchir. Peut-être après l'opération...

— T'a-t-il pris ton passeport ?

— Non. J'ai vérifié, il est toujours dans mon sac. Par contre, je n'ai pas d'argent. Tu te rends compte, j'ai tout le luxe que je souhaite, mais pas un sou...

— Je ne peux rien faire pour toi. Si jamais on l'apprenait, je ne pourrais plus revenir travailler.

— Je comprends. Tête basse, Hinata se leva.

— Merci quand même de m'avoir écoutée.

— Hinata, attends ! Demain, on opère le roi, ce qui accaparera l'attention de tous les gens. C'est ta seule chance.

— Je ne veux pas te compromettre.

— Tu ne t'en sortiras pas sans moi... Attention, il faut que tu sois discrète ! Tu dois partir avec un bagage. Demain matin, je viendrai dire au revoir à tout le monde. Je laisserai une valise ici, avec de l'argent à l'intérieur. S'il te plaît, ne me fais aucun signe à l'aéroport. Si jamais ils te surveillaient...

— Impossible ! Je ne peux pas abandonner Naruto un jour pareil.

— A mon avis, tu ferais mieux. Pense au bébé.

— Justement, je ne fais que ça. Il a besoin d'un père.

— Au fait, c'est vrai que Jamal est enceinte ? Il y a des rumeurs qui circulent...

— Elles sont sans fondement. Ce matin, Yuki avait encore pleuré en lui disant sa honte de ne pas pouvoir donner d'enfants à Menma.

— Pourtant, les bruits qui courent émanent du palais, j'en suis certaine.

— Mais dans quel but... Sa voix se brisa. Une pensée venait de lui traverser l'esprit, si épouvantable qu'elle la chassa aussitôt.

— Si Naruto pense que le bébé n'est pas de lui..., poursuivit Sakura d'un ton horrifié. Ce qu'il leur faut, c'est un héritier. En ces temps troublés, le peuple a besoin d'une certitude.

— Non! Impossible de croire ça ! Elle se souvint de ses mains posées avec tendresse sur son ventre.

— Cette nuit, il m'a assuré qu'il ne ferait pas faire le test. Et il m'a dit... « Je donnerais n'importe quoi pour ne pas être roi. » Elle se sentit blêmir.

Mon Dieu ! Etait-ce ce qu'il avait voulu dire ? Avait-il avoué la vérité dans ce moment d'abandon ? Qu'il donnerait jusqu'à sa chair et son sang ?

— Merci, Sakura, de me prêter de l'argent... Tu me connais à peine ! Son amie esquissa un pâle sourire.

— J'ai confiance en toi, et tu es dans une situation impossible. Essaie de lui parler ce soir, une dernière fois, mais fais attention. Si jamais il se doute que tu as projeté de t'enfuir, il te fera surveiller. Et si tu n'obtiens pas d'explications... rendez-vous en Angleterre.

Destins ReliésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant