Il fallait qu'elle rentre à Konoha.
Elle ne resterait pas toute seule dans le désert. Allongée dans le lit, Hinata réfléchissait à l'avenir de son enfant. Certes, elle voulait lui donner la chance d'avoir un père qui l'aimerait et de grandir au sein d'un foyer heureux ; c'était à Naruto de saisir cette chance, de lui faire confiance. Elle le détestait. Et pourtant... Elle ferma les yeux pour se rappeler leurs étreintes, la tendresse qu'il était capable de prodiguer. Il avait su la libérer de sa peur, mais pour la jeter dans une autre prison. Elle devait l'amener à faire l'amour sans protection sinon, demain, il la laisserait seule. Pendant qu'il priait pour le roi et pour son peuple, elle se prépara un bain. Bien que peu experte en matière de séduction, elle avait observé tout en se dévêtant les flacons de verre que Lucy avait utilisés le premier soir. Elle avait donc versé de l'eau de rose dans la baignoire avant d'y entrer. En se séchant, elle s'était remémoré le bavardage de la jeune femme qui lui massait l'intérieur des poignets.
— C'est de Yattar, un mélange de senteurs. De l'ambre, de Youdh — du bois de santal —, et du musc, ce qui enchantera le prince. Et je placerai une coupe d'huile d'amande douce au pied du lit...
— Mais ça ne sent rien ! Lucy avait éclaté d'un rire joyeux, sans répondre. Etrange, de se masser les poignets avec de Yattar ! La fragrance entêtante lui avait rappelé cette première nuit où Naruto l'avait tenue dans ses bras, avant que les choses se gâtent. Imitant Lucy, elle avait placé une coupe en argent pleine d'huile d'amande douce près du lit avant de s'allonger, nerveuse comme une jeune mariée le soir de ses noces. Lorsqu'il la rejoignit, il se déclara trop fatigué pour parler. Bien qu'il lui tournât le dos et feignît le sommeil, la tension, l'énergie négative qui émanait de lui, étaient palpables. Quand il s'endormit enfin, il se retourna pour l'enlacer, une main posée sur son ventre, et elle faillit pleurer. L'homme qu'elle aimait n'envisagerait jamais de risquer la vie de son bébé. Se mettant face à lui pour le regarder, elle le caressa. Elle sentit son corps réticent, rancunier, même dans son sommeil.
— Naruto, je ne veux pas de ce test. Elle s'adressait aux ténèbres, ignorant s'il l'écoutait, priant que son âme entende sa supplique. — Je n'accepterai aucun risque, même minime, juste pour que tu...
— Hinata, s'il te plaît ! Pouvons-nous parler de ça une autre fois ?
Contrarié de s'être laissé aller dans son sommeil, Naruto s'écarta pour tenter de se rendormir. La nuit serait longue et, curieusement, il savait que seule sa présence à son côté lui permettrait de la supporter. Après la conversation téléphonique qu'il avait eue avec ses frères, l'insomnie le guettait. L'opération de son père, trop de décisions à prendre... Puis, quand il s'était glissé dans le lit à côté de Hinata, mécontent d'elle, de lui-même et de sa famille, il avait soudain oublié tous ses soucis, n'ayant plus conscience que de l'obscurité, du silence et de l'odeur musquée qui l'avait calmé. L'entendre respirer lui avait apporté une paix inespérée. Peut-être l'avenir serait-il un peu moins sombre, avec elle dans son lit la nuit ? A présent, elle l'avait réveillé. Lui non plus ne voulait pas de ce test, peu lui importait la vérité. L'horrible période qu'il vivait, il le savait, n'était supportable que grâce à elle. En ce moment, pourtant, son chaud parfum l'incommodait. Et s'il la priait d'aller prendre un bain ? Non. Après tout, ce n'était pas si désagréable...
— Je n'arrive pas à dormir, admit-il, une demi-heure plus tard.
— Je peux t'aider.
— Comment? Posant les mains sur ses épaules, Hinata se mit à le masser. Ses muscles étaient noués sous la peau soyeuse, et elle le sentit se détendre au bout d'un moment.
— Ça va mieux ? Elle le poussa pour qu'il se mette à plat ventre, ne voulant pas manquer l'occasion de lui faire entendre raison avant l'aube.
L'utilité de l'huile contenue dans la coupe lui apparaissait maintenant. Après avoir plongé les doigts dedans, elle lui massa le dos, appuyant les pouces le long de sa colonne vertébrale, jusqu'à ce que sa tension reflue. Lorsqu'il fut relaxé, elle ôta sa chemise de nuit et lui demanda de se retourner. Pendant que ses yeux noirs la caressaient, elle enduisit de nouveau sa main d'huile puis lui massa le torse et le ventre.
— Tu en sais trop, murmura-t-il d'une voix rauque. Pour quelqu'un qui n'a pas d'expérience...
— Je ne sais rien du tout, à part ce que me dit mon corps, et ce que le tien me demande. Elle, qui avait toujours eu peur de la sexualité, laissait parler son instinct avec lui, et de toute évidence, la résistance de Naruto faiblissait. Cet homme hautain, froid et réservé, redevenait celui qu'elle avait connu et qu'elle aimait. Il l'observa, les yeux pleins de douceur.
— Ton corps est en train de changer. La première reconnaissance de sa grossesse ! songea Hinata, heureuse.
— Touche-le, alors, chuchota-t-elle. Après avoir frotté ses paumes sur sa peau pour récupérer un peu d'huile, Naruto les promena sur ses hanches, plus rondes qu'avant, puis sur ses seins, et enfin sur la courbe de son ventre, où reposait leur enfant. En un éclair, il envisagea une existence sans pays ni devoir, avec seulement la confiance, la vie à ses côtés. L'idée d'une aiguille s'enfonçant dans ce ventre pour percer l'utérus et déranger le petit être qui grandissait à l'intérieur lui fut soudain intolérable. Leur bébé.
— Il n'y aura pas de test, Hinata.
Elle lui sourit, les yeux dans les siens, tout en continuant à le caresser. Ses mains étaient magiques. Naruto avait envie de pleurer, mais les cheikhs ne pleuraient pas, pas plus que les princes, ni les simples hommes, d'ailleurs.
— Hinata... Je ne veux pas être roi. Je donnerais n'importe quoi pour ne pas être roi.
— Il n'est pas question que tu le sois ! Elle ne comprenait pas, bien sûr, et il n'était plus en état de lui expliquer. Par sa patience et sa tendresse, elle avait fait surgir la vérité, et le soulagement le submergeait.
A présent, il n'avait plus qu'un souhait : se perdre en elle. Ce qu'il fit en l'attirant à lui, et il crut mourir de plaisir. Refusant pourtant de céder à son désir intense, il la regardait, cette femme qui brouillait tout, qui allégeait les règles respectées depuis toujours. Oh oui, il avait envie de lui faire confiance. Hinata tanguait doucement, ses yeux, voilés de plaisir, le suppliaient de l'accompagner.
— Viens avec moi, Naruto...
Soudain, elle ne put retenir un cri, alors qu'il continuait de se retenir. Alors elle s'affala sur lui, sanglotant, balbutiant qu'il était l'unique, que c'était son enfant à lui et qu'il devait l'aimer. Naruto s'abandonna enfin avec un sourd gémissement. Ce pourrait être ainsi tous les jours, toutes les nuits, à jamais, si seulement il acceptait de croire en elle. En reprenant conscience, il la tint serrée contre lui pendant qu'il luttait contre ses vieux démons. Son père n'avait jamais pardonné à sa mère et avait vécu solitaire. Et pour quel résultat ? Naruto n'avait pas bien dormi ces dernières nuits, il en était conscient, parce que le mot idiot « amour » flottait dans sa tête. Pourtant, tandis que ses mains se frayaient de nouveau un passage entre les cuisses chaudes, il se répéta que c'était simplement du désir ce qu'il éprouvait pour elle.
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Destins Reliés
RomanceElle, Sage-femme Lui, prince de Konoha et chirurgien Une rencontre passionnante Une aide précieuse Un départ plus que blessant Des retrouvailles suivit de problème pas possible. Pourront-ils, surmonter et garder la tête haute ? Trouveront ils des...