Destins Reliés

7

Hinata marchait dans la grisaille glacée en direction du métro.
Elle n'avait plus qu'un souhait : rentrer chez elle.
Ses vêtements, lavés et repassés, avaient été déposés dans
sa chambre la veille au soir. Décidée à partir à l'aube pour
ne pas rencontrer Naruto au petit déjeuner, elle avait mis
son réveil à sonner à 6 heures.
Sa réaction, hier, avait été disproportionnée, stupide.
Elle aurait pu se contenter de lui souhaiter bonsoir...
La honte de l'avoir déçu lui était intolérable. Mieux valait
disparaître tout de suite. Cet homme débordait de
sensualité; bavarder si aimablement pendant le dîner pour
le rejeter ensuite d'une façon aussi humiliante équivalait à
lui avoir donné une gifle.

- Bonjour !

Elle sursauta en le voyant. Il s'approchait d'elle en
courant, en survêtement gris, aussi superbe que s'il
avait porté un costume. Un peu haletant, il lui adressa
un sourire réservé.

- Vous allez prendre votre train ?

-Oui, la ligne est rétablie, manifestement ; je viens
de téléphoner.

Bon, songea Naruto . Il n'avait pas l'intention de parler
de la pluie et du beau temps, Il était contrarié, et content
de l'avoir rattrapée pour pouvoir le lui faire savoir,
- Vous n'aviez pas besoin de vous mettre dans cet
état, hier soir. Si vous m'aviez simplement dit non,
j'aurais compris.

-Euh... je....

Embarrassée, Hinata chercha une réponse. Elle ne
pouvai nier qu'elle s'était laissé embrasser longuement
avant de protester. Il méritait une explication, mais
laquelle ?

- J'ai trouvé que nous allions trop vite...

- Ce n'était qu'un baiser, un peu poussé, certes, sensuel...

Naruto se sentait toujours irrité, mais son air malheureux l'émut. Il était tombé sur une fille bien, qui
avait besoin de romantisme, de baisers légers, de fleurs et
de coups de téléphone. Ces tentatives d'approche ne le
dérangeaient pas, en principe, à condition qu'il finisse par
obtenir ce qu'il voulait. S'il avait été moins pressé, elle
aurait pu valoir la peine qu'il fasse un effort.
Hélas, son temps était compté !

- Désolée, je risque de rater mon train...

- Et si je vous invitais à dîner ce soir ?

Quelle mouche l'avait piqué de lui faire cette
proposition se demanda Naruto . Lui aussi était pressé,
pressé d'aller goûter à ses derniers moments de liberté
avant de retrouver le poids des responsabilités !

- Il vous faudrait traverser toute l'Angleterre
pour me rejoindre ! dit-elle en esquissant un
sourir.

- J'aime les voyages.

-- Laissons tomber, voulez-vous?

Il était si beau ! Les larmes vinrent aux yeux de Hinata
, Il méritait mieux qu'une fille avec des problèmes à la
pelle.

-Ecoutez, Naruto , ce n'est pas votre faute. C'est la mienne.

Le petit bonhomme vert du passage clouté lui
faisait signe, et la bouche de métro se trouvait juste
en face. Vite, s'y engouffrer, se perdre dans la foule !
Sans ajouter un mot, elle partit en courant,
consciente que ses talons aiguilles n'avaient aucune
chance contre les chaussures de sport d'un joggeur
entraîné. Aspirée par la multitude, elle se dirigea vers
l'escalier roulant en espérant se fondre dans la masse
des costumes sombres.
Naruto resta un instant interloqué. Ça alors ! Pour qui
se prenait cette femme qui se permettait de lui voler ses
répliques ? Qui refusait ses baisers et ses invitations ?
Se ressaisissant, il s'engouffra à son tour dans le
métro. Avait-elle idée de qui il était ? Non, bien sûr, elle
ne pouvait pas savoir, et d'ailleurs cela faisait partie du
jeu. Il ne devait compter que sur son charme. Sauf que,
sur elle, ce fameux charme n'agissait pas.

- Hinata , qu'est-ce que ça veut dire ?

Il l'avait rattrapée. Autour de lui, les gens protestaient
Parce qu'il bloquait le passage. S'approchant de Hinata , il
prit l'escalier roulant avec elle.

- Laissez tomber, je vous l'ai déjà dit !

-Pas question.

-Vous obtenez toujours ce que vous voulez, n'est-ce pas ? Eh bien, pas cette fois ! ajouta-t-elle d'une voix
coupante, moqueuse même.

En arrivant en haut de l'escalator, il lui saisit le
poignet.

-Que fuyez-vous ?

-Vous cria-t-elle. Vous êtes sur que je vais coucher avec vous, sous prétexte que vous m'avez offert un dîner !

-Je viens de vous proposer de traverser l'Angleterre
pour vous en offrir un autre.

Certes, il n'aurait pas à conduire ; son chauffeur s'en
chargerait. Toutefois, il estimait lui avoir déjà donné
plus que ce qu'il avait escompté au départ, et elle le
refusait encore.

- Qu'est-ce qui vous fait peur ?

- Rien du tout ! Vous ne pouvez pas admettre que, simplement, vous ne me plaisez pas ?

Un mensonge éhonté, il n'en doutait pas, et il la fit taire
en écrasant sa bouche sur la sienne.
Hinata entendit le crissement des freins de la rame
dont le souffle chaud frôla ses jambes. Des gens la
dépassèrent, mais tout ce qui l'entourait disparut lorsque
Naruto se pressa contre elle. Sous la caresse de ses
lèvres, une sensation de chaleur monta en elle. Une
sensation intense et profonde, inconnue jusqu'alors, que
Toneri n'était jamais parvenu à éveiller. Elle ne pouvait
plus respirer, et ne le voulait d'ailleurs pas. Tout ce qui
importait, c'était de lui rendre son baiser.

- Pause ! dit-il enfin en rejetant la tête en arrière.

Aussitôt, elle fondit en larmes.
Aussitôt, Naruto tira de sa poche un mouchoir immaculé
brodé du blason royal et sourcilla à peine quand elle se
moucha. Mieux valait la laisser, se dit-il. Elle avait
visiblement un problème, qui n'était pas le sien. Il était là pour vivre sa dernière aventure d'homme après , il devrait accepter le fardeau de ses responsabilités.
Pourtant, en cet instant précis, il se sentait responsable.

En principe, les larmes des autres ne l'émouvaient pas.
Celles de Hinata , si.
« Fiche le camp ! » lui ordonna une voix intérieure.
Facile à dire.
Après une brève hésitation, il la reprit dans ses bras, soulagé qu'elle ne se raidisse pas et n'essaie pas de se
dégager. Gagné par un sentiment de tendresse inhabituel, de compassion même, il l'emmena hors du métro.

Dédicace à shiemilucy1500