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J'avais fermé les yeux sur mon passé, l'ombre d'un instant. Et ce baiser, ce baiser avait écroulé tout ce à quoi je m'interdisais. Il avait tout chamboulé et je restais allongé dans la pénombre de la nuit, le cœur comprimé de remords et d'un profond manque.
Et je soupire. Je revois cette fille, celle qui a tourmenté mes actions, celle pour qui je me suis laissé aller à l'improbable. Elle avait baissé les armes, elle...

Je grognais, me retournant de l'autre coté du lit. Une larme roula sur ma joue. Son regard ne mentait pas, elle en avait autant que moi. Pourquoi? Pourquoi?
Je savais qu'elle est avec Kyle, pourtant je n'arrive à m'effacer son image de la tête.
Je ne peux pas l'aimer, pas elle. Pas après Rose.

Rose...

Tout me revint alors, la belle brune que j'avais éperdument aimé au point de ne plus trouver équilibre sans elle et me voilà; aujourd'hui dans l'indécision. Une autre surgit et toute ma vie ressemble à un éboulement à son passage.
Il y a cette part de moi, qui désire tenter quelque chose malgré tous ces interdits. Qui désire achever le geste qui aurait pu être posé ce soir. Qui désire, s'abandonner une fois à cette adrénaline folle; l'embrasser et ne plus devoir refréner cet ouragan qui se forme en moi.

Rose, pardonnes-moi. J'en ai besoin. Ressentir, tout ce dont j'ai perdu avec toi. Une dernière fois.
Je suis stupide. Je sais, que rien ne pourra me faire t'oublier... néanmoins; Stécy est la faille. La faille aux démons du passé.
Elle m'a permis, d'effacer, de comprimer le mirage d'un moment toute la douleur de ta perte. Tu es bien la seule que j'aime ainsi, au point de me perdre totalement, indubitablement. Rose, pardonnes-moi, pardonnes-moi. Comprends-moi; je t'aime et t'aimerai toujours mais je dois avancer quitte à me prendre un mur. Je dois savoir ce qui m'attire inexplicablement vers cette fille, pourquoi je ressens toutes ces nouvelles choses.

Je sais, je sais qu'il y a Kyle. Bon Dieu! J'aimerais la savoir seule, ne pas avoir à éprouver...

Je fermais mes yeux.
C'est horrible. Je ne pourrais jamais...

Pourtant, je revois don regard dévié sur moi, sur mon corps; sur mes lèvres. Elle en avait envie et moi aussi.

Je me débattais avec mon drap et je logeais une main sur ma chevelure.
J'étais ruisselant de sueur. Mon souffle était décadencé. Je ne savais que faire.

Et je m'effondrai en larme, j'avais mal.

Mal. Tellement. Horriblement.

Pourquoi? Pourquoi!

Je n'ai rien demandé. Je voulais juste oublier Rose, toute cette peine en moi et cette fille apparaît.
Non, je n'en peux plus.
Je ne veux plus souffrir, je ne veux plus cette monstrueuse impression de mourir à chaque fois que mon cœur se broie à la souffrance. J'en suffoque, c'est éprouvant. Pas cette fois. J'en mourrais.

Je ne veux pas. Je ne veux plus. Mais cette désagréable attraction envers elle me reste au fond de la gorge, remettant en cause tous mes dires. J'ai mal; Dieu comprend que j'ai mal...

Je n'en peux plus, je risque de m'éteindre. Aides-moi. C'est horrible; horriblement douloureux.

Je suis fatigué. J'ai sommeil. Malgré cela, je n'arrive pas à le trouver. Perdu, déboussolé, arraché à ma raison.

Ce soir, j'ai mal; je suis empreint à un ouragan. Un ouragan de désolation.

Je me retourne, je soupire. Une larme embrasse mes lèvres et le goût salé, me rappelle celui des siennes...

Rose pleurait souvent, quoique les autres peuvent penser. Ces lèvres étaient humides et légèrement salées. Elle était toujours triste, j'aimais l'embrasser pour l'aider à oublier; à s'oublier.

Je souris inconsciemment.
J'aimais cette fille, j'aimais tout d'elle peu importe tout ce dont je peux penser. Tout me ramène à elle. Invraisemblablement.
J'ai tellement donné, je me suis tellement offert, sacrifié, j'ai tant perdu, je m'en suis perdu que je ne peux concevoir sans elle.

La fatigue eut raison de moi...

...

Quelques heures plus tôt. Dans l'îlot principal de la maison d'Elizabeth Barston. Cette dernière, rangeait ses ustensiles lorsqu'un appel la sortit de sa tâche première.

Elle regarda le combiné, observait le numéro inconnu qu'il appelait en fin de soirée. Elle fronçait les sourcils, saisit son portable et décrochait à la troisième sonnerie.

- Bonsoir Madame Barston, c'est la prison fédérale de Californie...

Elle eût cru que son cœur venait se lâcher à l'entente de cette phrase.

- Madame Barston?

- Euh... oui, pardon vous disiez.

- C'est aussi de votre mari, le détenu Thomas Barston. Je vous disais qu'il sortira d'ici la semaine prochaine, il a reçu une libération favorable suite à conduite...

Elizabeth était sous le choc, que le téléphone lui glissa des mains.

Thomas... songeait-elle.

Elle ressentit la dureté de ses coups, d'autrefois sur tout son corps et les cris de son petit garçon.
Elle courut sans se soucier de son portable, dévalait les marches et ouvrit brutalement la porte de la chambre de son fils.

À l'entente du bruit, Valerian se retourna. Il fronçait ses sourcils à l'image d'une mère essoufflée à l'entrée de sa chambre.

- Maman, ça va?

Elle se reprit et essaya de paraître normale, sourit.

- Oui oui, j'ai cru entendre ta voix m'appeler.

- Non, je m'apprête à dormir. C'est plutôt moi qui est entendu quelque chose tomber au sol...

- Bonne nuit, mon chéri.

- D'accord... bonne nuit maman.

Elle ferma la porte et s'écroula sur le pas de la porte, mettant ses mains sur son visage. Elizabeth pleurait en silence et se fit une promesse. Celle de protéger son fils quoiqu'il l'en coûte.

Le lendemain et les jours qui suivent  allaient être les plus décisifs pour elle, elle se sentait déjà épuisée à cette pensée. Qu'allait-elle faire? Et surtout comment allait-elle l'expliquer à Valerian?

Elle songeait qu'il commençait à aller mieux depuis qu'ils sont arrivés.

...

Petit retour☺.

Rose (En réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant