Le dîner s'était déroulé étrangement dans le calme. Kyle n'avait pas fait de remarques déplaisantes, au contraire il s'est terré dans un silence désopilant. Je n'avais pas émis d'objection à ce soudain retournement, car cela m'arrangeait fortement.
Tante Suzanne et lui étaient rentrés et je débarrassais la table avec maman.
- Mon chéri, c'est bon tu peux monter dans ta chambre. Je mettrai tout dans le lave-vaisselle, reposes-toi un peu tu as l'air préoccupé.
Maman n'avait pas tort. Malgré cette soirée sereine, mon esprit semblait embrumé à des souvenirs que je m'interdisais. J'obéis et je me dirigeais vers ma chambre.
- Reposes-toi bien.
- Toi aussi, maman.
Une fois sur mon lit, je me recroquevillais; les mains enfouies dans ma chevelure. J'expirais difficilement, le cœur lourd. Ce cœur, qui ne m'appartenait plus. Il y avait tant de choses qui me retenaient à une vie à peu près "normale". De choses, toutes tournant vers une seule et même personne telle une obsession. Je me demandais si un jour, je retrouverais un semblant de bonheur... du moins je l'espérais.
《Tout ce dont tu dois savoir est dans ce journal. 》
Mes pieds quittèrent mon lit pour le plancher froid, me guidèrent vers un carton. Je passais mes doigts sur un bouquin et je le sortis.
Mon corps fût parcouru d'une douce chair de poule en parcourant la couverture du journal, il était si usagé. Je l'ouvris et une odeur de lys s'y échappait. Je m'assieds à même le sol, débutant la première page:
" Je ne suis pas familière à l'écriture. Je ne sais pas si mes mots auront du sens. Tout ce dont je sais c'est que j'ai besoin de me confier, de tâcher toutes ces peines et frustrations sur une feuille immaculée. Je n'ai personne à qui me confier, je garde tout en moi et cela m'effraie plus qu'autre chose. Je me tais et laisse la vie m'abîmer, je pleure loin de tout, dans la pénombre de la nuit, je retiens mes cris dans l'oreiller, et lorsque le jour se lève; mon chaos fait place à un doux sourire, un masque que je croyais me protéger des autres, du mal qu'on pourrait de nouveau m'infliger.
Ce mal-être provenait du fait, que j'espérai en l'Homme, à son amour. Je n'étais pas ignorante de ma douleur. J'ai toujours eu un passé agité, sans un amour, une stabilité qui me permettait de tenir. C'était ce manque qui, sans m'en rendre compte à l'époque, me poussait à quémander de l'amour, de l'équilibre, du soutien et de la protection. Et les aléas de la vie, m'ont fait rencontrer Victor.
Lui, qui apparaissait dans ma petite et insignifiante existence comme la lumière me permettant de quitter les ténèbres. Lui, qui a tenté de m'apprendre à aimer de nouveau... que j'ai été stupide!
J'aurai dû le comprendre assez tôt, ne pas m'attacher à lui. Il m'avait dit avoir une personne auprès de lui, une femme qui l'aimait autant que lui m'aimait, une femme qui avait autant de qualités que moi mais qui manquait d'une chose essentielle; elle n'était pas faite pour lui. Quelle n'a pas été ma surprise dès que je l'ai vu, entrer pour la toute première fois dans la demeure familiale, un bouquet de roses; mes préférées à la main et une boîte renfermant une alliance. Il avait dû quitter cette femme pour me demander en fiançailles, me suis-je dit. Naïve. L'horreur sur mon visage quand je l'ai croisé embrassant ma sœur jumelle avec tant de passion, qu'il ne m'avait jamais montré et lui demander, un genou à terre sa main devant nos parents.
- Oui! Avait répété Gabrielle si heureuse que j'eus cru que mon cœur s'était arrêté de battre
J'étais effondrée, pire morte intérieurement mais rapidement, je séchais mes larmes et mis mes sentiments de côté aussi insurmontable soient-ils. Il m'avait regardé, désolé et je lui ai souri, étreint en le félicitant d'être maintenant de la famille. Il s'était crispé et m'avait chuchoté de le rejoindre vers 19h vers la rivière, notre jardin secret.
Je ne suis pas allée. J'étais restée dans ma chambre, les pupilles éteintes, mon âme pleurant pour mes yeux qui avaient abusé de leur stock de larmes.
Il m'avait dit toutes ces choses, ces mots, envoyé toutes ces lettres alors qu'il était avec ma propre soeur; ma moitié. Il m'avait utilisé et ensuite jeté quand il se sentait assez aimé, désiré. J'avais cru en ses paroles, en avait faites mes louanges... il a violé mon amour, souillé au point où seule ma souffrance, suffisait à me consoler. Au point où ma colère n'était dirigée que sur moi-même. Au point où je me haïssais d'avoir tant aimé, d'avoir eu à me sentir si bien avec une personne, d'être protégée, écoutée, consolée et par la seconde d'après retournée à l'état d'épave humaine. Ce qu'il avait fait de moi, enfin mon amour pour lui.
Je me suis lassée de beaucoup de choses et j'ai dû faire face à la réalité mais j'avais besoin de me confier ce soir; non à une personne: à ce journal. Qui, j'espère m'aidera à cicatriser de mes plaies émotionnelles. "
Je ressentais, les larmes s'introduire à la commissure de mes lèvres. Mon cœur semblait, un peu réanimé par de tels mots brutes.
Il était clair, que ce n'était pas le journal de Rose. De qui s'agissait-il? Comment Rose se l'était procuré? Était-ce en lien avec elle? Et... pourquoi la douleur de cette femme ne m'était pas inconnue?
Cette folie qu'était son amour, qui l'avait entrainé à s'y perdre pensant trouver le véritable bonheur; se rendant compte qu'il n'a servi à guérir les blessures d'un autre.
Je l'ai vécu, moins douloureusement. Pourtant, je croirais me lire sur ses pages. Quelque part, cela me soulage de savoir que je ne suis pas seul et que, la fin de ce journal me montrera la voie vers ce semblant de vie que ne croyais plus.
Je rangeais le journal, dans le tiroir de ma commode, le cœur plus léger malgré les nombreuses interrogations. Je m'allongeais sur mon lit et les bras de Morphée m'enveloppait, m'attirant lentement à la fatigue.
...
- Docteur, comment va-t-elle?
Le dénommé baissait la tête et lui intima de s'asseoir, ce qu'il fit.
- Je suis sincèrement désolé, Monsieur Delgado...
Il n'entendait plus la suite et se jeta sur le carrelage, gesticulant dans toutes sens gémissant de douleur. Cette scène était tel un animal blessé qui agonisait dans son pauvre sang, lançant des cris horribles.
L'homme, face à ce spectacle le prit par les épaules.
- Elle n'est pas morte Monsieur Delgado.
- Vous avez dit être désolé, j-je suis confus.
- Votre fille a perdu beaucoup de sang et nous avons dû la plonger dans un coma artificiel.
- Un coma artificiel... est-ce qu'elle a des chances de se réveiller un jour?
- Hélas, seul le temps nous le dira. Ressaisissez-vous Monsieur. Rentrez chez vous et prenez une bonne douche.
- Tout cela à cause de cette maudite fille! Pensait Monsieur Delgado, la fureur peint sur ses traits
***
Bonsoiiiiir!
Enfin, on a pu lire le début de ce journal. L'épaisse brume se dissipe un peu sur toute cette histoire mais malgré tout beaucoup de choses restent en suspens. Pensez-vous que Valerian retournera dans sa ville après le journal fini? Et si oui, avez-vous des idées sur ce qui pourrait l'y pousser ?
Moi, j'avoue que je refroidis😂😂😂
Sur ce, bonne soirée❤
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Rose (En réécriture)
Mystery / ThrillerPleures ma douce Rose. Pleures. Encore et encore. Pleures jusqu'à ce qu'il ne te reste que l'ultime désespoir. Ce vide en toi, qui te rongera prenant à chaque instant une lueur d'espoir dans tes yeux. Un soupçon de bonheur. Qu'il n'ait que le malheu...