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Nous étions allongés sur mon lit, Rose tenait mon carnet à croquis et souriait en passant ses doigts sur les traits du corbeau que j'ai griffonné.

- Tu devrais faire une école d'arts, c'est du gâchis de ne pas laisser les autres en profiter.

- Tant que toi, tu en profites cela me suffit amplement. Avais-je sorti en la tirant contre moi

Elle gloussait et se mit à tortiller mes boucles.

- Ne dis pas de bêtises, tu as du talent vraiment. Tu devrais en faire ton métier. Je te vois bien avec une immense galerie à New-York, dévoilant des œuvres pénétrantes et brutes...

- Ah oui, mordillais-je son oreille. Et quoi d'autre? N'aurais-je pas en tant que séduisant peintre, une femme à mes côtés? Une belle brune aux yeux océaniens.

Elle se redressait subitement et m'observait plus sérieusement.

- Tu veux vraiment fonder une vie avec moi? Tu y crois?

Je l'attirais contre moi, nos visages à quelques millimètres l'un de l'autre.

- Il te suffit de plonger ton regard au mien pour avoir ta réponse. Sus-je dire

Elle me sourit et empoignait sauvagement mes lèvres. Rose retirait son t-shirt.

- Qu'est-ce que tu fais? Sortis-je surpris

- Je veux te montrer à quel point je t'aime.

Je la dégageait tout doucement.

- Non Rose, je n'ai pas besoin que tu le fasses...

- Quoi? Pourquoi? Je ne te plais pas c'est ça? Tu me trouves trop impure pour toi!

Elle avait hurlé ses mots en me donnant des coups. Ses larmes menaçaient de couler. Je saisis sa main et elle me repoussait violemment, si violemment qu'elle tomba sur le dos.

- Rose!

Elle se releva.

- N'essaies pas de me toucher!

- Tu ne comprends pas...

- Fous-moi la paix Barston. Fit-elle froide avant de claquer la porte

Je la suivais, en la retenant.

- Tu ne comprends pas, je n'ai pas besoin que tu me prouves quoique ce soit. T'avoir près de moi, te voir heureuse me comble largement. Rose je t'aime.

- Gardes tes mots pour une autre.

- Qu'est-ce que tu dis? Rose,attends.

- C'est toi qui ne me comprends, j'ai besoin de le faire!

- Non Rose, je t'assure.

- Si!

- Et pourquoi donc?

Je la voyais faiblir, ses yeux devenaient rouges.

- Pour l'oublier!

Je fus sous le choc. Elle sortit de la maison.

- Pour oublier qui?

Elle était de l'autre côté de la route et je cours vers elle, comme un fou. C'est alors que je sentis mon corps rentrer en contact avec une masse très dure avant me râper la peau contre la route.
Un cri sourd, celui de Rose. Je suffoquais sur le sol.
...

Je me réveillais, la respiration sifflante. J'étais en sueur. J'essayais de régulariser mon rythme cardiaque mais les images de mon accident, me donnaient une horrible sensation de brûlure.

J'accourus presque, vers la salle de bain pour chasser tous ces mauvais souvenirs. L'eau brûlante. L'eau brûlante, je l'actionnais et je soufflais de bien-être. Mes mains se logent dans ma chevelure et je me laissais couler sur le carrelage.

Je pensais avoir oublier cette journée. Définitivement.

Il faut croire que non. J'eus un rire satirique, presque rempli d'une malice sournoise.
Rose... tu demeureras un réel mystère.

Je m'apprêtais machinalement, pour ma sortie à la salle de sport avec Ryan et son petit groupe. J'enfilais un jogging noir et un t-shirt blanc ainsi que mes tennis.
Pas de gel aujourd'hui.

Je remarquais que mes boucles, prenaient de l'ampleur. Elles avaient poussé pendant ces longues semaines et je pris un élastique, attachait le devant.
Je me fixais dans la glace et je ne pus voir que mes cernes, puis mes rougeurs.

Il était bientôt l'heure, je descendis et maman ne fût pas en bas. Elle devait encore dormir, je lui laissais un mot signifiant que partais comme prévu à la salle de sport.
Coïncidence, Ryan m'envoie un message.

《Je suis devant chez toi. Prêt ou pas?》

J'éteins mon portable et sortis en prenant soin de fermer avec mon double de clé. Le brun était dans sa belle Rang Rover noir 4×4, des lunettes de soleil sur le nez.
J'ouvrais la portière et rentrais, en articulant un timide un bonjour. Il me sourit et retira sa paire de lunettes. Dévoilant, des prunelles éteintes, des cernes monstrueuses comparées aux miennes.

- Bonjour, je vois que je ne suis pas le seul à avoir passé une nuit plutôt agitée. Ricana-t-il en démarrant

- Oui. Peux-je dire

- C'est quoi ton excuse? Contrairement à moi, je ne te vois pas te saouler jusqu'au coma dans ta chambre.

Je l'observais, surpris.

- Ne t'inquiètes pas, le championnat est dans 2 mois. Et c'était un cas d'extrême d'urgence. Se justifiait-il

Je reportais mon regard sur la route.

- J'ai mal dormi. Répondis-je, ignorant ses précédents mots

- Ça je sais, ça se voit! Mais je veux savoir pourquoi?

Je gardais le silence.

- Je parierai sur une fille.

Je ne montrais aucune expression. Je fixais cette route, cette fichu route retenant ces souvenirs qui essayaient de me faire flancher.

Et je regardais cette route, la circulation me refusant d'avoir un moment de faiblesse devant lui.
C'en était étrange. Qu'ils me submergent à cet instant précis mais je tentais de sourire. Sourire pour je ne sais quelle raison. Quitte à paraître débile.

***

Rose (En réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant