.6

91 11 7
                                    

Je n'ai jamais compris pourquoi les bonnes choses avaient une fin, ou c'était juste que l'on ne les méritait pas. Qu'elles étaient tellement convoitées, difficiles d'accès pour de simples ignorants qu'on nous les reprenait sans même que l'on sache pourquoi. Rose était l'une de ces choses.
Dès fois, lorsque je la regardais elle me semblait si loin de moi. Si irréelle, si fragile qu'elle pourrait s'évaporer et disparaître en un seul souffle. Et ne plus me revenir. Elle était de ses personnes qui en apparence donnait l'illusion d'être fortes mais si l'on pousse le regard un peu plus loin; on s'aperçoit qu'elles peuvent se briser en un mot, juste un. Il y avait tant de mystère qui flottait autour d'elle, tant de malheur que sa simple vue nous intrigue.
Pourtant, je l'ai aimé; je l'aime. Elle s'est infiltré dans ma vie avec une telle douceur que j'ai eu du mal à l'en sortir. Le plus dur a été qu'elle me laisse entrer dans la sienne. Rose n'était guère  genre à avoir la conversation facile, à se mêler à la foule, même à sourire. Elle était impassible, reflétait la rigueur de par son travail et son éducation. Lorsqu'elle rentrait dans une pièce, elle dégageait une espèce d'aura qui lui donnait l'admiration de tous. Elle était unique.
Comme à mon habitude, chaque soir je courais jusqu'à la plage qui se trouvait à environ cinq kilomètres de la maison. Ce soir-là, en arrivant à la plage j'avais entendu des sanglots et je vis dans la pénombre de la nuit une silhouette aux longues boucles brunes en position foetale sur le sable entrain de pleurer. Instinctivement, je m'approchais; c'était elle...
Elle se retournait vivement mais ne dit rien. Elle, qui d'habitude était neutre d'émotion, semblait si triste. Je m'assied à côté d'elle dans prononcer un traite mot. Je l'écoutais pleurer et je la pris dans mes bras. Elle ne protesta pas tout en continuant ses pleurs.
Cela faisait plus d'une heure qu'elle pleurait. Soudain, ses yeux bleus se posèrent sur moi et j'eus l'impression de m'y perdre. De me noyer dans son regard. Elle me fixait si intensément que je me sentais manquer d'air.
- Je pense qu'il est temps que tu rentres chez toi. M'avait-elle dit dans un souffle
Elle s'était levé et j'avais fait de même.
- Tu n'as pas besoin de te cacher, comme tout le monde tu as le droit d'être heureuse; de sourire.
J'étais parti, le coeur tambourinant inexplicablement contre ma poitrine.
...
Ce soir-là je ne l'avais pas compris. Je n'avais pas compris qu'elle m'avait laissé pénétrer dans sa vie, dans son coeur si malade.
Je regardais le ciel s'obscurcir, les premières gouttes tombaient en même temps que mes larmes.
- Elle a été tuée. Avais-je sorti dans un sanglot, les yeux toujours encrés vers le ciel
J'ai aimé, de tout mon coeur, de toute mon âme. J'ai donné chaque parcelle de mon bonheur pour elle. J'ai aimé comme je n'ai jamais aimé. Au point d'en devenir malade; au point de ne plus trouver de sens à la vie sans elle. Au point de non retour...
Je t'ai donné tant Rose, tellement que je me sens comme dépouillé par ton absence. Je me sens vidé de l'intérieur, altéré. Tu es partie si égoïstement ma douce Rose. On t'a éloigné de moi, injustement, douloureusement, jalousement. Je m'étais si détruit dans cet amour. Dans cet amour que tu puisais, encore et encore, pour vivre jusqu'à m'aspirer et me laisser gisant dans mon impuissance. Tu avais besoin de moi, de mon amour pour être heureuse; pour pouvoir surmonter toutes ces horreurs dans ta vie. Je savais que tu m'utilisais, cela ne m'importait que trop peu, je ne voulais que ton bonheur. Même si je devais en mourir car je t'aimais; je t'aime. J'ai tellement envie de courir et de hurler si vite, si fort à en ressentir brûler mes poumons et à en perdre la voix. L'impuissance, ce sentiment qui faisait de moi un être dépourvu de raison. Je me sentais perdre. Perdre toute notion de rationalité.
Valerian.
Je regardais autour de moi mais je ne vis personne. C'était sa voix, elle m'appelait. Non. Ce n'est pas possible.
Valerian, aides-moi.
Je posais les mains sur ma tête. Je devenais fou. Elle est morte.
Ne me laisses pas s'il te plaît. Valerian, tu es le seul à pouvoir me sauver.
- Tu es morte. Tu es morte. Ce n'est pas réel.
Ne me rejettes pas.
Elle hurlait maintenant. Je posais mes mains sur mes oreilles. Je me courbais, ne supportant pas ses cris. Mes yeux se fermèrent et mon corps me lâchait...
Elle était là, debout me fixant avec tant de colère. Je m'avançais et je touchais sa joue. Elle était réelle, vivante.
- Rose... Tu es là. Essayais-je de sourire
Elle me repoussait.
- Tu es comme les autres. Tu veux juste me faire mal.
- Non Rose. Non. Dis-je en lui prenant ses mains. Je ne te ferai jamais mal, jamais.
Elle pleurait et j'essuyais ses larmes.
- Tu ne me quitteras pas?
Je la pris dans mes bras car cela m'était vital; sa présence m'était vital.
- Non.
Elle me repoussait encore une fois.
- Mais tu l'as laissé me tuer. Tu l'as laissé nous éloigner. Tu ne voulais plus de moi, Valerian.
- Quoi? Non pas du tout. Tu es là maintenant Rose, personne ne peut nous séparer. Regardes-moi, je suis là avec toi, je t'aime. S'il te plaît, ne me rejette pas.
- C'est trop tard. Je suis morte, il m'a tué.
- De qui tu parles?
- Tu l'as laissé faire.
Elle s'éloignait vers une lumière blanche.
- Non Rose. Rose reviens. Ne me laisse pas seul. Rose!
...
J'ouvris les yeux et je hurlais son prénom. Quelqu'un me tenait fermement contre un lit mais je me débattais en hurlant.
- Non! Non! Non!
Je percutais ma tête contre le mur. Une fois. Deux fois. Trois fois. J'entendis un bourdonnement et je ressentis une aiguille s'enfoncer dans mon cou. Je vis trouble mais je pus percevoir des voix.
- Qu'est-ce que tu lui as fait ?
- Ce n'est que de la morphine, il sera inconscient un long moment.
- Je t'avais dit d'éloigner ta fille de lui, elle est toxique, malade. Regardes son état, tout ça c'est de ta faute.
- Elisabeth ce n'est pas le moment de chercher un coupable, plus vite vous quitterez la ville, plus vite nos soucis seront réglés.
- Tu as détruit son journal?
- Je sais ce que j'ai à faire. Ton rôle est de veiller sur ton fils, qu'il ne fouine pas partout. Et le mien est de m'occuper sur le seul enfant qu'il me reste. Alors ne fous pas tout en l'air. Prends ça, cela te sera très utile.
La porte se claquait. Plus rien. Je laissais mon cerveau se mettre en mode off.
- Il y a tant de choses que j'aurai voulu ne pas découvrir. Des choses dont je ne m'en remettrais peut-être jamais. J'aurai dû te laisser partir. Mais j'avais promis de ne pas te quitter, de ne jamais m'éloigner de toi. Et cette promesse, creusa ma tombe. -
                         ***
Désolée pour le décalage des publications entre les chapitres. J'espère que vous apprécierez et laisserez des avis et des commentaires. Je vous souhaite pleins de bonnes choses❤

Rose (En réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant