Pdv Rose :
Il y a des années en arrière, avant de quitter les Etats-Unis, je vivais dans une famille modeste. Ma vraie famille, mes vrais parents. J'avais une sœur. Elle a toujours été un modèle pour moi. Je me suis sentie mal lorsque j'ai menti à William en lui faisant croire qu'une noble m'avait appris à lire et à écrire. En réalité, c'est ma sœur qui m'a tout appris. Elle était belle, gentille, intelligente, rusée et surtout assoiffée de justice. Nous étions très complices, avant que je quitte le cocon familial. C'est la seule personne à qui je me suis le plus attachée et qui me manque encore à présent. Dès son plus jeune, elle adorait la littérature et le théâtre. Son plus grand rêve : devenir une prima donna. J'ignore si aujourd'hui elle a réalisé ce rêve. Je n'ai plus aucune nouvelle d'elle depuis les dernières décennies. Le peu de temps qu'on a passé ensemble était précieux. Je ne l'oublierai jamais. On s'entendait toujours très bien, on riait ensemble, on s'amusait ensemble aux poupées. Il n'y avait rien d'extraordinaire dans nos vies, mais au moins, on y prenait plaisir. À l'époque, je ne suis allée à l'école primaire qu'un an. Ma sœur était une élève modèle contrairement à moi. Je ne comprenais rien et on me suspectait d'être une enfant retardée mentalement. Personne ne savait pourquoi, et on me rejetait, on se moquait de moi, on me frappait. Personne n'intervenait. J'étais le rejeton de la famille. Il n'y avait qu'elle qui me protégeait, mais dès qu'elle tournait le dos, on en profitait pour me faire du mal.
Au final, mes parents m'ont désinscrit de l'école en me considérant comme une honte. Malgré les humiliations, j'étais persuadée qu'il existait encore quelque chose de bon dans ce monde, si jeune. Ma sœur m'apportait des cours, mais ça n'a duré que quelques mois.
Ma sœur chantait avec moi quand mes parents étaient absents. On fredonnait ensemble des airs de musique d'opéra, et on s'était fait la promesse de ne jamais se lâcher. Jusqu'au jour où notre père a été assassiné parce qu'il était un auteur reconnu dans le monde entier. Il était envié et jalousé. Mais je n'ai compris cela que plus tard malheureusement.
Maman, moi et ma sœur nous avions quitté les Etats-Unis à cause des lettres de menace qu'elle recevait.Je me souviens de l'énorme quantité de personnes qui figuraient dans le bateau. Au fond, il ressemblait un peu au Noathic. Nous étions pratiquement entassés les uns sur les autres, dans des conditions horribles, y compris pour dormir. Nous avions eu droit à des chambres communes. C'était vraiment l'enfer. Le trajet a duré environ une semaine. La nuit, je pleurais, terrorisée des inconnus. Ma sœur me tenait dans ses bras pour que j'évite de pleurer.
Notre mère nous demandaient de rester discrètes, mais cela me paraissait difficile, surtout avec mes phobies.Nous ne mangions pratiquement pas sur le bateau. Maman nous donnait toujours ses parts qu'elle a fini par nous quitter le dernier jour du trajet. Ma sœur comme pour moi, l'avions très mal vécu.
Lors de notre arrivée au port, elle me tenait la main pour ne pas que je me perde. Nous avons traîné plus d'une demie journée jusqu'à ce que des nobles nous accompagnent au commissariat. Ma sœur avait évoqué la situation sans avoir peur, alors que j'étais terrorisée. Nous avons dormi sur place et les jours qui ont suivi, nous avons été séparées. Je ne l'ai plus jamais revue. J'ai été adoptée après avoir été mis à la rue par des nobles vicieux un an plus tard. Des sages personnes m'ont trouvé seule, démunie, sale, et sans espoir à l'âge de 7 ans, avec un bout de carton pour dormir la nuit, dans les ruelles sombres de Londres.
Je m'étais forgée une carapace, si jeune, en me promettant de ne plus jamais m'attacher à qui que ce soit. Ces deux personnes m'ont regardé et ont vu ma détresse. Ils m'ont approché, j'ai reculé. Je voulais fuir, mais mes frêles jambes m'ont fait trébuché.
À mon réveil, j'étais tétanisée, perdue et anxieuse. Quel avenir me réservaient-ils ?
Dans leur lit, la femme m'a approché et m'a touché le front avec la paume de sa main. Je me souviens encore de la robe marron clair en coton qu'elle portait ce jour-là.
- Tu es fiévreuse ma jolie, mais ne t'en fais pas, nous ne te ferons aucun mal. Dis-nous, quel est ton nom, jeune enfant ? me demandait-elle, d'un sourire indiscernable.
Mon nom ? À ce moment-là j'avais eu un terrible trou de mémoire. J'étais tellement terrifiée que j'en avais oublié mon prénom.
- Mon nom ? réitérais-je, perturbée, je ne sais plus...
Sans plus attendre, elle m'avait eu la gentillesse de me caresser tendrement la main, comme une mère le ferait avec ses enfants. Un silence pesait, je fixais la fenêtre qui se situait en face de moi, où les rideaux flottaient.
- Je trouve que Mary te conviendrait parfaitement, petite fillette. J'avais une fille, mais elle est morte il y a quelques temps...
Son visage était rayonnant à l'idée que je puisse ressembler à son enfant. Hélas, on ne remplacera jamais quelqu'un.
Cependant, j'ai adhéré à sa proposition. De toute façon, il fallait que j'oublie mon passé, mes parents, ma sœur. Plus personne n'était là pour moi à présent, hormis eux.
Ils m'ont accueillis, logé, nourri, blanchi et m'ont redonné un sens à ma vie. Je les aimerais toujours.
Et pourtant, je ne pourrais jamais oublié celle qui m'a soutenu, ma sœur se nommait Irène Adler et moi, mon prénom était Emy Adler...
Me revoilà, le chapitre est très court, mais au moins il permet d'en savoir un peu plus sur notre héroïne principale. J'espère que ça vous aura plu :-)
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La Rose et le Prince [Terminée]
FanfictionÀ la fin du dix-neuvième siècle, le système social en Angleterre est divisé en plusieurs classes dont une seule domine les autres. Les nobles qui ne comptent que 3 % de la population écrasent toutes les autres classes et abusent de leur pouvoir pou...