25 : Un scandale dans l'Empire britannique (acte 3)

172 20 5
                                    

PDV Rose :

Ce matin, je suis partie à la boutique Eden seule. En théorie, je n'aurais pas dû sortir sans être accompagnée. J'apprécie beaucoup qu'ils veuillent me protéger, mais là... ça en devient presque étouffant. Surtout que j'ai une surprise pour Albert et William. Comme ces idiots se font la guerre, leurs vêtements en ont pris un sale coup là dernière fois.

Pour arranger cela, j'en ai pris des neufs. Je suis contente de pouvoir me promener dans les rues de Londres de si bon matin. L'air est agréable et frais. Mes robes ont souvent plusieurs doublures en terme de tissu. Au moins, je n'ai pas besoin de veste. Le printemps approche à grand pas, et bientôt ce sera l'anniversaire de William, le premier avril. J'ai déjà hâte...

Pour l'instant, je me contente d'appeler un fiacre pour retourner à la résidence. Il s'arrête devant moi, sous les regards haineux de certains habitants.

- Les nobles n'ont plus de jambes, on dirait ! se moque l'un des passants.

- Ils se permettent de nous humilier parce qu'ils sont riches...

- C'est clair, ils nous pompent notre argent mais ils sont pas capable d'aider les plus démunis ! ajoute une demoiselle.

À les entendre, tous les nobles sont les mêmes. Mais cela est faux. Tandis que le fiacre avance, je ne pouvais pas m'empêcher de songer à certains sujets. On désigne toujours coupable les nobles, mais les classes inférieures les jalousent. Est-ce vraiment bien de penser ainsi ? L'état d'esprit qui règne dans ce pays doit être changé. Je n'ai pas écrit mon livre pour rien. Selon moi, il n'existe pas de classe dite " inférieure " ou " supérieure ", puisque dès notre naissance nous ne sommes pas égaux. L'éducation, les valeurs, les principes, nos morale, nôtre famille, nos amis, nos capacités intellectuelles et physiques constituent déjà une forme d'injustice. Partout, nous sommes influencés dans des choix qui soient d'ordres privés ou professionnels. Et parfois on se laisse emporter par cette vague pour conserver notre image au sein même de notre propre famille.
Finalement, ce monde regorge de tristesse...

À force de m'égarer dans mes pensées, je n'ai entendu le cocher m'appeler qu'au bout de la troisième fois. Je m'excuse auprès de lui, et rapidement je sors.

J'entre à l'intérieur du manoir. Louis m'attendait dans le hall. Il guettait sûrement mon retour. Je m'en approche.

- Alors ?

- Ils ne s'en sont pas rendus compte, Rose.

- Tant mieux ! je vais pouvoir leur donner, merci Louis, tu es super sympa !

Rapidement, je dévalle les escaliers.
Dans le salon, j'aperçois Moran piquer un roupillon. Il a dû trop boire avec Albert hier soir. Irrattrapable celui-là !
Et si, je l'embêtait comme il m'a fait avec le rat ? D'ailleurs, celui-là est encore en liberté. J'espère ne pas le retrouver dans ma chambre.

Je m'approche de Moran, le sourire aux lèvres. Il dort sur le dos, couvert d'un drap. Je le soulève et lui crie " debout ". Le dormeur se réveille brusquement en se redressant.

- Qu...qu'est-ce qui se passe ? demande-t-il, perturbé, je peux savoir pourquoi tu me réveilles alors que je n'ai pas de mission, Rose ?

- Je te rends simplement la pareille pour le rat.

- T'es sérieuse là ?! râle ce dernier en dévoilant son torse nu, où le drap a glissé.

- Ne fais pas ton rabat-joie, tu as bu comme un trou hier soir...

- Hein ?! mais je n'ai pas bu plus qu'Albert, et puis en quoi ça te regarde, la nana ?!

- En rien... et puis, cesse de dormir à moitié à poil, je te prie !

La Rose et le Prince [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant