24 : Un scandale dans l'Empire britannique (acte 2)

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PDV Rose :

Je n'ai quasiment pas dormi de la nuit. Penser à tous mes soucis m'accablaient et me ronge encore... Je sors difficilement de mon lit. Pour une fois, je n'ai pas envie de me changer et de rester en pyjama. Quand je repense à l'homme qui m'a sauvé hier... son grain de beauté, ça ne peut être qu'elle...mais en même temps, comment pourrais-je le confirmer ? En demandant à Irène elle-même ? Bien sûr ! Quelle belle ironie...

Je descends jusqu'au salon. William est confortablement assis sur son fauteuil, en peignoir. Il tient dans sa main une tasse de thé, comme à ses habitudes. Pour une fois, Louis était assis à côté de son frère. Je traverse la pièce et je m'installe en face d'eux sans dire un mot, le visage vide.

- Bonjour Rose, j'espère que tu as bien dormi ? m'interpelle William, d'un ton bienveillant.

Trop anxieuse de n'avoir en tête que ma sœur peut mourir du jour au lendemain, je ne réponds rien.

- Tu veux du thé, Rose ? me propose Louis, pour tenter de briser mon silence.

- Non merci, dis-je froidement sans même le regarder.

Je me sens coupable de rendre l'ambiance morose. Louis chuchote à l'oreille de son frère, sans que je puisse l'entendre. 

Albert débarque dans le salon, de bonne humeur. Il portait un ensemble bleu marine, élégant et propre, telle est sa nature. Il tenait un bouquin dans sa main. J'ignorais de quel livre il s'agissait. 

- Albert-niisan ! déclare William, presque soulagé.

- Je l'ai enfin récupéré. Ton livre est en tête de beaucoup de librairies Rose, m'annonce le brun, joyeux.

Je redresse soudainement la tête. Comment je peux oser paraître de mauvaise humeur après tout ce qu'ils font pour moi ?

- Comment ça ? le questionnais-je, d'une faible voix, désemparée.

- C'était délicat de me promener dans les rues avec toutes les jeunes femmes qui me suivaient partout, mais j'étais étonné de découvrir que ton roman plaît, en observant certaines vitrines. Comme je m'en suis procuré un, j'en ai même conseillé à certaines femmes qui me parlaient.

Quel frimeur celui-là !

- Je vais pouvoir le présenter à mes étudiants à Durham, j'ai hâte d'en parler aussi aux professeurs, me dit William plein d'enthousiasme.

Ce qu'il s'apprêtait à faire pour moi m'embarrassait péniblement que je m'en suis mordue la lèvre inférieure.

- Grâce à cela, notre projet progresse d'un pas. Plus les gens seront au courant, et au mieux cela changera les mentalités de ce pays.

- Je doute qu'un seul livre puisse modifier les mœurs déjà ancrées dans chacun d'entre-eux. De plus, les nobles ne céderont jamais à un système de classe égalitaire... c'est pourquoi vous vous débarrassez des " mauvais nobles ". Mais en existe-t-il de bons ? En tout cas... vous en êtes la preuve vivante...

Tous les trois furent ébahis de ma réflexion.

- Les aristocrates de ce pays sont notre cible principale comme dans ton roman, m'explique Albert de vive voix. Ceux qui seront épris de pitié pour ton personnage seront indignés contre la société en elle-même et ne manqueront pas d'en parler autour d'eux. En échange, nous t'aideront à mener à bien ton projet et à percer dans ce domaine. 

Je serre mes mains contre le tissu de mon pyjama. Je suis à la fois anxieuse et révoltée cause de plusieurs sujets qui me martèlent le cœur, comme pour me rappeler ma douleur.

La Rose et le Prince [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant